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Quand les chants de l’ensemble «Hadra Chefchaounia» se mêlent aux notes de l’Orchestre Mohamed Larbi Temsamani, le résultat est juste magnifique. Le 5 juillet, les Zaïlachis et les invités du 41e Moussem culturel international d’Assilah avaient rendez-vous avec ce mix doux et invitant au voyage sur les nuages du soufisme. Dirigée par Rhoum El Bakkali, la Hadra Chefchaounia a séduit le public, venu nombreux, à la bibliothèque Prince Bandar Bin Sultan. Ses chants merveilleux ont résonné pendant toute la soirée à travers le superbe édifice. Fidèle à ses concerts exceptionnels, la chorale féminine a présenté toute la magie de la tradition musicale et poétique de Chefchaouen. Elle était, le temps d’une soirée, l’ambassadrice de la hadra. Ce rituel se pratique dans le contexte spirituel des assemblées des confréries religieuses rattachées au soufisme. L’ensemble a chanté des invocations, des louanges et des prières.
Les paroles des chants sont des poèmes en arabe provenant soit de la tradition familiale des Bakkali, soit du répertoire soufi des chants de «samaa» composés par des maîtres de la tradition classique arabo-andalouse, tels que Ali Al-Halabi, Abu Mohammed Al-Harraq ou Al-Shushatri. Grâce à sa détermination, Rhoum El Bakkali a pu préserver cet ancien héritage du soufisme et des traditions populaires, remontant au XVIe siècle. Mieux encore, elle y a rajouté une part de créativité et d’originalité. Rhoum a fondé son ensemble féminin en mars 2004. Il était nommé auparavant «Akhawate El Fane Assil». Après avoir obtenu son premier prix de solfège et le prix d’honneur de la musique andalouse, l’artiste a décidé de préserver la Hadra Chefchaouni. Cet art est l’apanage de la prestigieuse lignée de l’ordre soufi des Bekkaliya. Sous la direction spirituelle du maître Sidi Ali Hadj Bekkali, de son fils Sidi Mohamed El Hadj, puis de Sidi Ali Berreyssoul et Sidi Yahia Al-Hindi, cette confrérie a légué un héritage important d’enseignements et de poèmes religieux, d’invocations et de chants populaires. Une des personnalités marquantes de cette lignée de maîtres spirituels est la sainte Cherifa Lalla Hiba Bekkaliya, rattachée à la zaouïa (lieu de réunion d’une confrérie) Bekkaliya du village de Douar Haraïk, située sur le territoire de la tribu des Ghzaoua. C’est elle qui passe pour être à l’origine de la hadra des femmes de Chefchaouen à la fin du 19e siècle, dont la pratique s’est maintenue sans interruption jusqu’à présent.
L’orchestre Temsamani en bref
L’orchestre Mohamed Larbi Temsamani du Conservatoire national de musique de Tétouan a été fondé en 1956 par le professeur et le grand maître Mohamed Larbi Temsamani qui avait alors été nommé directeur du conservatoire. Ce dernier a travaillé sur l’unification de la «sanna» et les phrases de la musique andalouse, ainsi que l’introduction des voix féminines et des jeunes talents. En 1968, le petit Mohamed Amin El Akrami a été découvert par maître Temsamani lors d’une soirée de la télévision marocaine, qui lui ouvre les portes du conservatoire de Tétouan. En 1974, il faisait partie de l’orchestre aux côtés des grands maîtres comme Abdessadak Chkara, Ahmed Chentouf, Mokhtar Mfarej et d’autres.
Cet orchestre qui représentait l’École tétouanaise de musique andalouse a participé à des festivités et à des événements culturels au Maroc, en France, en Angleterre, en Espagne, en Russie, et dans plusieurs pays arabes. En 1995, l’élève Mohamed Amin El Akrami obtient le certificat d’excellence de musique andalouse de son maître qui lui a permis d’être le premier responsable de l’orchestre. En 2001, Maître El Akrami est devenu directeur officiel de l’orchestre après le décès de son professeur Mohamed Larbi Temsamani. Depuis cette date, l’orchestre prend le nom du défunt maître. El Akrami poursuit le même chemin de son maître en introduisant des éléments jeunes dans l’Orchestre ainsi la création d’un choral et des voix féminines qui ont donné un charme unique parmi les autres orchestres.
