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Saïd Amzazi : La bureaucratie et le faible engagement du secteur privé handicapent la recherche scientifique

Les chercheurs marocains génèrent plus de 7.000 publications scientifiques indexées SCOPUS par an, avec une hausse atteignant plus de 50% entre 2015 et 2017. Mais, le secteur reste handicapé par les lourdeurs administratives, le peu d’implication du secteur privé et l’absence d’un statut reconnaissant et valorisant le chercheur.

Saïd Amzazi : La bureaucratie et le faible engagement du secteur privé handicapent  la recherche scientifique
La rencontre organisée mercredi dernier à Rabat, en présence de Saïd Amzazi, célébrait la Journée nationale de l’excellence de la recherche scientifique. Ph. Kartouch

Dans le cadre de la promotion, du développement et de la valorisation de la recherche scientifique au Maroc, le Centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRST) et l’éditeur ClarivateAnalytics (Web of Science Group) ont organisé, mercredi dernier à Rabat, une rencontre pour célébrer la Journée nationale de l’excellence de la recherche scientifique. Placée sous le thème «Research Excellence Day», cet événement, organisé sous l’égide du ministère de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, était également une occasion pour reconnaître, encourager et célébrer des chercheurs marocains qui se sont distingués par la qualité et le volume de leur production scientifique, répertoriée par ClarivateAnalytics, durant les 5 dernières années (2014-2018), ainsi que des universités à fort potentiel, en termes de volume, de qualité et de dynamisme.
Dans un mot prononcé à cette occasion, Saïd Amzazi, ministre de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, a dressé un tableau général de la situation de la recherche scientifique au Maroc rappelant à cette occasion que plus de 34.392 doctorants font actuellement de la recherche au Maroc, ce qui représente une augmentation de 20% entre 2016 et 2018. Selon le même responsable, cette hausse concerne également le nombre de thèses soutenues qui a augmenté de 35% au cours de la même période. «Au final, ce sont plus de 2.000 doctorats qui sont soutenus par an dans 63 centres d’études doctorales et 1.400 structures de recherche», annonce-t-il.
Par ailleurs s’agissant de la production scientifique, le ministre indique que les chercheurs génèrent plus de 7.000 publications scientifiques indexées Scopus par an, avec une hausse atteignant plus de 50% entre 2015 et 2017. Ce qui représente globalement une moyenne nationale de 0,5 publication par chercheur par an pour la totalité des enseignants chercheurs. Toujours dans le domaine de la production scientifique, le ministre rappelle que les chercheurs déposent chaque année environ 100 brevets. Sur le volet de la coopération scientifique, le ministre fait état de l’existence de nombreux accords de collaboration avec plus de 20 pays, avec toutefois une large prédominance de la France, vu que 19% de la production scientifique nationale enregistrée entre 2014 et 2018 était effectuée en collaboration avec des équipes françaises.
Pour ce qui est du classement des universités marocaines au niveau international, le ministre s’est félicité des avancées enregistrées dans ce domaine, rappelant que des universités marocaines ont réalisé une véritable percée dans les classements internationaux en passant d’une seule université classée en 2016 à 5 universités classées en 2019 parmi les mille meilleures universités du monde dans les prestigieux rankings de THE et Shanghai. «Un classement qui vaut au Maroc d’occuper actuellement le quatrième rang au niveau africain.

Un score très honorable quand on sait à quel point les universités non anglophones sont pénalisées par les rankings internationaux», souligne le ministre, qui tient toutefois à rappeler les contraintes qui entravent encore le développement de la recherche, citant à titre d’exemple la gestion administrative et financière des projets de recherche scientifique, qui est totalement incompatible avec la nature et les spécificités des activités de recherche scientifique et d’innovation. «Nos universités ne cessent de payer le prix de cette inadéquation totale entre, d’une part, les procédures administratives d’engagement des financements alloués à la recherche et, d’autre part, les réalités de la recherche scientifique acculée à une réactivité et une compétitivité extrêmes, ce qui entraîne des répercussions lourdes de conséquences sur notre production scientifique, et cet état de fait que nous ne cessons de dénoncer perdurera tant que nos universités resteront des établissements publics à caractère administratif», déplore le ministre.
L’autre contrainte entravant le développement de la recherche cité par le ministre est le désengagement du secteur privé du financement de la recherche. Selon le haut responsable, les fonds issus du secteur privé ne financent que 22% des activités de recherche-innovation, alors que ce taux dépasse les 80% dans les meilleurs systèmes de recherche-innovation dans le monde. Une situation qui fait que le reste est majoritairement financé par l’État, à hauteur de 73%, sachant que le Maroc consacre environ 0,8% de son PIB à ce secteur.
Enfin la dernière contrainte, qui est une contrainte majeure aux yeux de M. Amzazi, concerne directement le doctorant, qui, jusqu’à l’heure actuelle, ne dispose d’aucun statut qui le reconnaisse et le valorise. Une situation qui contraint nombre d’étudiants marocains à abandonner tout simplement leurs thèses et seul un sur 10 au final soutient sa thèse dans un délai de plus de 3 ans. 

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