Une inoubliable nuit de gharnati avec maitre Ahmed Pirou

Une nuit ramadanesque inoubliable ayant drainé un grand nombre de mélomanes de cet art ancestral qui continue de séduire les plus fins connaisseurs. Ce soir-là, Haj Ahmed Pirou les a fait vibrer et entrainer avec sa voix mélodieuse en compagnie de la gracieuse Bahaa Ronda qui lui doit bien la perfection à laquelle elle est arrivée ces dernières années. Pour une veillée du mois sacré, elle a été magnifique, redorant le blason de ce chant qui découle de la musique arabo-andalouse. Ahmed Pirou lui a redonné de l’éclat et de la prestance avec sa voix et sa manière d’interprétation très particulière.
Ce maitre incontesté de la musique gharnatie et figure de proue de ce patrimoine est l’un des piliers de l’École gharnatie de Rabat. Il est, ainsi, devenu un habitué de ces soirées annuelles, aux côtés des plus fins connaisseurs de cet héritage ancestral, qui continue à être perpétué grâce à des artistes comme Haj Ahmed Pirou et ses prédécesseurs. Ces derniers, notamment Si Ahmed Bennani, Si Mohamed Sebbata, Ba Houcine Belmekki, virtuose du violon, Bensalem Kabbaj et bien d’autres, ont pu transmettre le Gharnati et le samâa à tous ceux qui désiraient suivre leur chemin. Aujourd’hui, c’est au tour de Haj Ahmed Pirou de former une relève digne de cet art, afin d’assurer la pérennité et la sauvegarde de cet art. Sachant que ce patrimoine musical andalou constitue l’une des plus prestigieuses traditions artistiques marocaines qui évoque une époque mythique lors de laquelle la civilisation arabo-musulmane était à son apogée dans tous les domaines, dont les arts. Haj Ahmed Pirou s’est totalement dévoué à sa préservation et à sa transmission à travers sa voix majestueuse et son grand savoir de la musique traditionnelle marocaine. C’est dans cette optique et avec le même souci de préserver ce précieux patrimoine du Royaume que la Villa des arts de Rabat fait appel à lui. Sachant qu’il s’est fait une belle carrière en se produisant aussi bien au Maroc qu’à travers le monde. Il ne cesse de récolter les honneurs là où il met les pieds en compagnie de son orchestre dirigé par Amine Debbi et accompagné, ces dernières années, de la gracieuse chanteuse Bahaa Ronda, en tant que soliste réputée par sa belle voix et son timbre spécial pour ce style de chant.
Conscient de la portée de son action, Haj Pirou continue à former et valoriser les artistes animés par la passion, comme les membres de l’orchestre Amine Debbi qui sont tous des élèves de l’École Pirou. Ce travail de grande haleine a motivé l’Association Ribat Al Fath à lui consacrer un bel ouvrage, édité en 2013, qui se distingue par la compilation des poèmes selon la classification modale et rythmique en usage dans l’École de Rabat. Sachant que ce Rbati d’origine morisque a bénéficié de l’enseignement de la cantillation coranique depuis son jeune âge, avant de s’initier à la musique chez Moustafa Maaroufi et Omar Al Oufir. Et ce, tout en se perfectionnant auprès du maître Hussayn Belmeki Hajjam et en écoutant sur Radio Alger les concerts des plus grandes voix gharnaties de l’époque, comme Dahman Benachour, Cheikh Mnawar et Mohammed Sadiq Bjawi. Un brillant parcours qui a valu à maitre Ahmed Pirou d’être gratifié, en 1989, du Wissam Arida, décerné par feu S.M. le Roi Hassan II aux personnalités les plus marquantes de la vie culturelle et politique du Maroc. Puis, en 2015, dans le cadre du Festival international des arts et de la culture «Été des Oudayas», il s’est vu attribuer le Prix «Al Farabi» remis par le Comité national de la musique et parrainé par le conseil international de la musique (partenaire officiel de l’Unesco), sous l’égide du ministère de la Culture.