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«Des investissements accrus doivent être effectués, en particulier dans la jeunesse du pays»

Occupant le poste de représentant du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) au Maroc depuis quelques mois, Luis Mora revient sur son parcours riche en expériences et explique aux lecteurs du «Matin» les principaux défis de la population qui restent à relever dans le Royaume.

«Des investissements accrus doivent être effectués, en particulier dans la jeunesse du pays»
Luis Mora, représentant de l’UNFPA au Maroc.

Le Matin : Vous occupez le poste
 de représentant de l’UNFPA au Maroc depuis quelques mois. Que représente pour vous cette nouvelle mission ?
Luis Mora :
Je me réjouis de cette nouvelle position que j’occupe dans une organisation où j’ai servi pendant plus de 20 années. Je la vois comme une grande opportunité qui me permettrait de contribuer aux priorités du Maroc dans les domaines de la population, la santé, les droits de l’Homme et l’égalité des sexes. Je la considère également comme une occasion de partager les expériences et les apprentissages que j’ai accumulés au sein de différentes agences des Nations unies dans divers contextes géographiques et culturels.

Parlez-nous un peu de votre parcours ?
Avoir servi à différents niveaux où l’UNFPA et les autres agences des Nations unies agissent, à savoir les niveaux national, régional et global, m’a permis d’avoir un parcours professionnel riche et varié. J’ai aussi occupé divers postes de natures managériales, programmatiques et techniques dans plusieurs régions, dont l’Afrique subsaharienne, l’Amérique latine et les Caraïbes ainsi que dans les pays nordiques. J’ai eu également l’opportunité de collaborer avec les autres régions du monde à travers mon parcours au siège. En effet, avant ma position actuelle en tant que représentant de l’UNFPA au Maroc, j’assurais la responsabilité de chef du département «Genre, droits de l’Homme et culture» au siège de l’UNFPA à New York, où j’ai eu l’opportunité de travailler de très près pour le développement de l’Agenda 2030 des Objectifs de développement durable. J’ai aussi travaillé pour le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le Fonds de développement des Nations unies pour la femme (UNIFEM) et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) dans différents pays, dont le Cameroun, Haïti et le Mexique.

Quels sont selon vous les principaux défis de la population au Maroc ?
Il est à reconnaître d’abord que de nombreux progrès ont été réalisés au Maroc depuis l’adoption du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, tenue au Caire en 1994. Ces progrès concernent particulièrement les droits des femmes à la santé sexuelle et reproductive, y compris l’accès à la planification familiale, la prise en charge de la grossesse et de l’accouchement, la réduction de la mortalité maternelle et l’amélioration du statut de la femme. Le Maroc a aussi fait des avancées très importantes en matière d’amélioration des systèmes d’informations statistiques ainsi que de gestion des territoires. Sans oublier les avancées en matière de politique migratoire et de reconnaissance de l’amazigh en tant que langue nationale. Cela dit, beaucoup reste à faire pour répondre aux profonds changements démographiques qui se produisent dans le pays, dont l’évolution de la structure familiale, le poids démographique des jeunes le plus élevé de l’histoire, le vieillissement accéléré de la population, l’urbanisation et la migration, dans le cadre d’un modèle de développement durable qui soit en mesure de réduire les inégalités socio-économiques.
Pour conduire ces changements, la société marocaine est aussi confrontée au défi de trouver un compromis entre le processus accéléré de modernisation et la volonté profonde de conserver ses valeurs propres et ses traditions. Il s’agira par ailleurs de répondre aux défis en matière d’élimination de l’analphabétisme, d’accès à la santé et d’égalité des sexes, y compris la violence basée sur le genre et le mariage d’enfants, dont la situation actuelle pénalise le classement du pays dans les index mondiaux de développement humain. Des investissements accrus doivent être, en particulier, effectués dans la jeunesse du pays qui représente aujourd’hui un poids démographique jamais atteint dans le passé. Le Maroc se voit ouvrir, de ce fait, une opportunité ou une fenêtre démographique qu’il est appelé à saisir en opérant les investissements nécessaires en matière d’éducation, de santé, d’emploi, de protection et de gouvernance.

Rappelez-nous les principales actions de l’UNFPA au Maroc ?
Le Fonds des Nations unies pour la population au Maroc, tout comme dans le monde, est une des principales institutions pour la collecte de données démographiques qui aident les pays à comprendre les tendances et à développer des politiques afin d’assurer un développement durable et inclusif. L’UNFPA est aussi l’agence directrice de l’ONU en charge des questions de santé sexuelle et reproductive, y compris les soins de santé maternelle, et l’un des principaux organismes onusiens chargés de faire progresser l’égalité des sexes et de lutter contre la violence basée sur le genre. L’UNFPA s’associe aussi aux jeunes pour les aider à prendre part aux décisions qui les concernent et renforcer leur capacité à faire progresser les droits fondamentaux et les questions de développement, notamment en ce qui concerne la santé, l’éducation et l’emploi. Le Fonds intervient dans plus de 150 pays et territoires qui abritent la majeure partie de la population mondiale. Actif au Maroc depuis 1975, l’UNFPA appuie le gouvernement en matière de renforcement des systèmes d’information nationaux et régionaux, la réalisation d’enquêtes et les projections démographiques. Il appuie aussi les politiques et les stratégies en vue d’assurer l’accès universel aux services de santé reproductive et aux droits y afférents, ainsi que le plaidoyer et le développement du cadre légal et institutionnel pour la prévention de la violence fondée sur le genre et les pratiques néfastes contre les filles. L’UNFPA soutient également des actions visant l’accès des jeunes à l’éducation, la santé et l’emploi.

Quelles attentes du Sommet mondial qui se tiendra en novembre prochain à Nairobi pour réaffirmer les engagements ?
Vingt-cinq ans après la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), le Sommet de Nairobi sera organisé par les gouvernements du Kenya et du Danemark, en association avec l’UNFPA, du 12 au 14 novembre 2019. La communauté internationale se réunira dans ce Sommet de haut niveau, en vue d’accélérer la promesse de la CIPD et mobiliser la volonté politique et les engagements financiers en faveur de la poursuite de l’agenda inachevé en matière de santé sexuelle et reproductive, de droits reproductifs, d’égalité des sexes et de lutte contre la violence basée sur le genre. Des Chefs d’État, des ministres, des parlementaires, des leaders d’opinion, des experts techniques, des organisations de la société civile, des organisations de jeunesse, des dirigeants d’entreprises, des organisations confessionnelles, des peuples autochtones, des institutions financières internationales, des personnes en situation de handicap, des universitaires et bien d’autres se rejoindront dans le Sommet pour créer un monde où les droits et les choix seront assurés pour tous. 

Propos recueillis par Hajjar El Haiti

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