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L’art Gnaoua inscrit à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité

L’art Gnaoua inscrit à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité

Réunie à Bogota, en Colombie, du 9 au 14 décembre 2019, la quatorzième session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco a officiellement accepté la requête du Maroc d’intégrer les Gnaoua à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.  Depuis près de deux décennies, cette liste comprend les traditions, les arts du spectacle, les rituels, les événements, les savoir-faire et expressions vivantes qui se transmettent d’une génération à l’autre et qui représentent, selon l’Unesco, «un facteur important de maintien de la diversité culturelle face à la mondialisation croissante et du dialogue interculturel».
Cette inscription, historique pour le Maroc, est le fruit d’efforts soutenus et d’un partenariat exemplaire entre les pouvoirs publics, les acteurs de la société civile et la communauté des Gnaoua dans toutes les régions du pays. «Cette reconnaissance par la Communauté des Nations de l’universalité du Maroc et de l’exceptionnelle richesse de sa diversité, incarnées par le leadership de S. M. Le Roi Mohammed VI et portées avec fierté et détermination par Essaouira, rend justice à l’engagement pionnier et visionnaire de la Cité des Alizés qui a fondé sa renaissance sur la profondeur de notre patrimoine. Un patrimoine qui a le talent de faire converger la modernité et l’exemplaire singularité de nos mémoires mêlées», souligne le conseiller de Sa Majesté le Roi, André Azoulay, dans un communiqué de presse.
À l’occasion de ce grand événement, une délégation de Gnaoua a fait le déplacement à la capitale colombienne. Elle est menée par Maâlem Abdessalam Alikane, président de l’association Yerma Gnaoua et directeur artistique du Festival Gnaoua et Musiques du monde d’Essaouira. 
L’art Gnaoua se rajoute ainsi à six autres éléments du patrimoine marocain déjà inscrits sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, à savoir «L’espace culturel de la place Jemaa el-Fna», «Le Moussem de Tan-Tan», «La diète méditerranéenne», «La fauconnerie», «Le festival des cerises de Sefrou», «Les pratiques et savoir-faire liés à l’arganier» et la «La danse Taskiwin». 


Entretien avec Neila Tazi, productrice du Festival Gnaoua et Musiques du monde, présidente déléguée de l’Association Yerma Gnaoua

«La reconnaissance de l’art Gnaoua aujourd’hui par l’Unesco est une victoire collective pour tous les Marocains»

Le 12 décembre 2019 est une date qui marquera l’histoire de la culture des Gnaoua. La quatorzième session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco a officiellement accepté la requête du Maroc d’intégrer les Gnaoua à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. C’est l’aboutissement d’un long combat pour la reconnaissance, la valorisation et la préservation de la culture des Gnaoua au Maroc et dans le monde. Neila Tazi, productrice du Festival Gnaoua et Musiques du monde et présidente déléguée de l’Association Yerma Gnaoua, se confie à propos de cette consécration.

Le Matin : L’art Gnaoua est enfin déclaré patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Qu’est-ce que cela représente pour vous après des années de travail et de persévérance ?
Neila Tazi
: C’est une très belle victoire à la fois pour les Gnaoua, le Maroc et les Marocains. C’est une fierté et la consécration d’une belle histoire authentiquement marocaine. La démonstration aussi que par la force de la volonté, du travail et de l’engagement collectif, on peut réaliser de très belles choses et même des petits miracles.

Quelle sera la prochaine étape après cette inscription ?
Nous sommes tous face à une responsabilité partagée, celle de transmettre et de perpétuer ce grand héritage inscrit au patrimoine culturel et immatériel de l’humanité. Le Maroc a fait le choix de préserver cette tradition culturelle orale marocaine, aux profondes racines subsahariennes, reflet de la diversité cultuelle de notre pays, et nous devons travailler pour aller encore plus loin. Un immense travail reste à faire sur les plans culturel et musical, bien sûr, mais aussi sur les plans historique, sociologique et anthropologique pour s’inscrire dans la continuité de celles et ceux qui ont entamé un travail remarquable dans les années 1970-80. Les maâlems gnaoua en sont conscients et nous tiendrons des réunions régulièrement pour débattre, avancer, proposer et capitaliser sur une phase comme celle-ci ou la concertation et la communication joueront un rôle important.

Qu’apportera cette inscription pour les maâlems gnaoua ?
La demande d’inscription d’une tradition orale dans le patrimoine immatériel ne peut se faire qu’avec la volonté de la population concernée. Les maâlem gnaoua sont animés d’une volonté qui nous a permis d’arriver jusque-là et ils continueront de porter les sujets et à s’impliquer dans toutes les démarches qui suivront. L’association Yerma Gnaoua œuvre sur plusieurs volets pour la préservation et la promotion de ce patrimoine. L’étape suivante sera de se réunir avec l’ensemble des acteurs concernés pour débattre des perspectives qui s’ouvrent devant nous aujourd’hui.

La prochaine édition du Festival sera certainement spéciale...
Nous allons faire au mieux avec les maâlems gnaoua, les partenaires et tous les acteurs concernés au sein du gouvernement, de la ville d’Essaouira et de la région pour discuter de la meilleure façon de donner encore plus de souffle à l’art Gnaoua à travers le festival.

Quelles sont les personnes que vous voudriez remercier après cette belle aventure ?
Je tiens d’abord à remercier S.M. le Roi Mohammed VI de nous avoir accordé son Haut Patronage et sa confiance. Je le remercie d’avoir ouvert la voie à tous les possibles. La reconnaissance de l’art Gnaoua aujourd’hui par l’Unesco est une victoire collective pour tous les Marocains. C’est une belle illustration de ce qu’on a pu réaliser au cours de ces 20 ans au Maroc sur les plans humain, socioéconomique et culturel, dans ce Maroc qui bouge. Tout le monde a travaillé, artistes, médias, sponsors, élus, responsables gouvernementaux, experts, diplomates, fonctionnaires, bénévoles, et j’e ne voudrais oublier personne... la population d’Essaouira et le public fidèle, bien sûr ! Je remercie les maâlem gnaoua pour leur confiance depuis 23 ans. Ces grands artistes ont su avancer sur la voie du succès en nous donnant une belle leçon d’humilité. Je remercie tous les partenaires et sponsors qui nous ont accompagnés pendant 23 ans. Je tiens à remercier les équipes qui travaillent au sein du festival depuis 23 ans avec passion et celles qui œuvrent bénévolement au sein de l’association Yerma Gnaoua. Mes remerciements vont à M. André Azoulay qui a cru dans ce projet dès le premier jour, un homme passionné par sa ville et avec lequel nous avons beaucoup partagé. Merci au ministère de la Culture et  à la direction du Patrimoine, aux pouvoirs publics et aux responsables de la ville d’Essaouira, bravo à toutes celles et tous ceux qui ont œuvré pour que nous puissions arriver à un tel résultat. 

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