Menu
Search
Mercredi 01 Mai 2024
S'abonner
close
Mercredi 01 Mai 2024
Menu
Search
Accueil next Monde

L’économie mondiale menacée de lente asphyxie

Une lente asphyxie de la croissance mondiale, sous l’effet de la numérisation et du changement climatique, au risque d’attiser les colères sociales : voilà le scénario que redoutent les économistes pour 2020 et au-delà, à moins qu’une franche détente commerciale n’intervienne.

L’économie mondiale menacée de lente asphyxie
Le rythme de croissance mondial de 2020 dépendra en grande partie du bras de fer commercial engagé par le Président américain Donald Trump avec la Chine. Ph. DR

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoit que la croissance mondiale plafonne l’an prochain à 2,9%, son plus bas niveau depuis la récession mondiale de 2009. «Nous sommes dans une période inquiétante», selon la chef économiste de l’OCDE, Laurence Boone. Le Fonds monétaire international (FMI) entrevoit pour l’heure un rebond à 3,4% en 2020, mais cette reprise «reste précaire», a mis en garde sa chef économiste Gita Gopinath. Le rythme de croissance mondial l’an prochain dépendra en grande partie du bras de fer commercial engagé par le président américain Donald Trump avec la Chine. Les deux mastodontes sont convenus en décembre d’une trêve dans leur surenchère de taxes douanières, en attendant la signature d’un accord préliminaire. Ce qui ne règle pas pour l’instant les griefs de fond, portant notamment sur la montée en puissance technologique chinoise. Difficile d’imaginer un retour au consensus diplomatique mondial autour du libre-échange, dynamité par Donald Trump. Les Européens sont confrontés à l’échéance du Brexit, après la victoire de Boris Johnson aux législatives, un test de plus pour le multilatéralisme. La finance mondiale est elle aussi chamboulée après des années de largesses des grandes banques centrales. Ces dernières peinent à sevrer les marchés, dont certains, comme Wall Street, volent de record en record. Steve Eisman est pourtant catégorique : «Nous n’aurons pas de crise systémique» comme celle déclenchée par la faillite de Lehman Brothers en 2008, assure à l’AFP cet investisseur célèbre pour avoir prédit l’effondrement du système financier américain. Ludovic Subran, économiste en chef du géant de l’assurance Allianz, entrevoit un «purgatoire de croissance» mondial. S’il y en a un, «le prochain choc systémique ne naîtra sans doute pas dans la finance, mais sera exogène. Par exemple un gros choc de régulation sur les données personnelles, ou en lien avec le climat». Tensions géopolitiques, partage des revenus, numérisation, climat : ces enjeux domineront l’économie mondiale bien au-delà des États-Unis, et bien après 2020. La montée en puissance de géants technologiques assis sur des montagnes de données remet en cause la distribution des richesses et remodèle l’emploi. «Le grand sujet, c’est la transformation, la numérisation, la mobilité électrique. Nous redoutons (...) la perte de beaucoup d’emplois», s’inquiète-t-il, au moment où la première économie européenne vient de voir reculer sa main-d’œuvre industrielle pour la première fois depuis fin 2010. Dans d’autres pays (Liban, Chili, Colombie, ou encore en France avec les «gilets jaunes»), l’inquiétude sociale et économique s’est déjà traduite par des flambées de colère. 

Lisez nos e-Papers