Le Matin : Le Maroc ne cesse de relever les défis et les challenges dans différents domaines. Quel regard portez-vous sur cette dynamique de développement du Royaume ?
La Vision Royale pour la diplomatie marocaine ne cesse de consolider le capital de confiance dont jouit le Royaume dans le concert des Nations et confirme de plus en plus sa position dans l’échiquier international. Quelle lecture faites-vous de ce positionnement ?
Sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc s’est transformé sans doute en véritable pôle de stabilité politique, en référence de modernisation, en champion de croissance économique et sociale dans la région, des succès sans aucun doute favorisés par les avancées démocratiques contenues dans sa Constitution de 2011. Ces réussites, reconnues sur le plan international, sont à la base du capital de confiance dont jouit le Royaume, du prestige accumulé dans beaucoup de domaines de développement et de sa politique extérieure particulièrement dynamique.C’est pour cette raison que, tout en tenant à sa relation prioritaire avec l’UE relancée lors du Conseil d’association du 27 juin dernier, le Maroc a pu et a su diversifier les axes de sa politique extérieure, en premier lieu vers l’Afrique, de façon très intense, mais aussi avec des acteurs globaux comme la Russie ou la Chine, et plus récemment en intensifiant sa coopération, entre autres, avec les pays de l’Amérique latine.Il faut souligner que l’importance stratégique du Royaume est de premier ordre au sein d’un continent africain avec qui il mène une politique étrangère responsable combinant générosité et efficacité face au défi migratoire. Les efforts du Royaume ont également été remarquables au niveau de la promotion de la contribution des entreprises marocaines au développement de nombreux pays d’Afrique dans des domaines tels que les finances, les assurances, le BTP et les infrastructures, les énergies renouvelables ou les télécommunications.Ce renforcement de la position internationale du Maroc dans le monde, et en particulier en Afrique, ne peut s’expliquer que par l’engagement personnel, persévérant et particulièrement actif de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Le Souverain a fait beaucoup de déplacements couronnés de succès dans plusieurs pays du continent. À la faveur de son aura religieuse et de son autorité spirituelle, il a pu asseoir des relations de confiance et de solidarité. Le Maroc fait beaucoup dans le cadre des Operations de maintien de la paix. Sous l’impulsion du Roi, le Royaume a abrité des événements internationaux comme celui sur le changement climatique avec la COP 22 ou en matière migratoire avec le Global Migration Compact. En somme, le Royaume a su mener pendant ces vingt dernières années une politique extérieure ouverte et multidimensionnelle, qui n’a fait que renforcer le positionnement stratégique du Maroc pour l’Union européenne (UE), pour la Méditerranée et pour le monde arabe, mais aussi comme plateforme privilégiée pour la coopération en Afrique.Le Maroc multiplie les initiatives pour développer ses relations économiques et commerciales, notamment avec l’Espagne. Quels sont les défis et les challenges à relever ?
Tout d´abord, l’Espagne félicite le Maroc pour les avancées de son économie qui lui ont permis de réaliser une croissance bien au-dessus de celle des autres pays de la région, tout en réduisant les déséquilibres internes et en assurant un haut niveau d’assainissement macroéconomique. Le Maroc jouit d’une position géostratégique extraordinaire, et d’une économie ouverte avec des accords de libre-échange avec plus de 55 pays. Grâce à cette ouverture économique et à ses infrastructures de pointe, le Maroc s’érige comme une plateforme commerciale continentale, ainsi que comme porte d’entrée de l’Afrique en Europe et point nodal pour les liaisons aériennes et le trafic international de fret.La forte volonté politique et l’engagement du Royaume à moderniser son économie ont été accompagnés par la mise en œuvre de programmes sectoriels ambitieux ayant stimulé, entre autres, l’industrie (où le pays est devenu premier constructeur automobile du continent), l’agriculture, le tourisme et les énergies renouvelables.Le Maroc et l’Espagne partagent beaucoup de défis, mais aussi des opportunités. C’est pour cette raison que pendant ces dernières années nos deux pays ont su répondre à cette réalité en intensifiant leurs relations économiques pour créer de la richesse et de l’emploi, au profit de leurs citoyens respectifs. Ce faisant, nos deux pays se sont transformés en peu de temps en véritables partenaires économiques incontournables. Ils ont réussi en matière économique à passer de l’asymétrie et la concurrence, à l’équilibre et la complémentarité.Cette complémentarité fait que l’Espagne est depuis 2012, d’après Eurostat, le premier fournisseur et premier client du Maroc et qu’à son tour, le Maroc est le deuxième client de l´Espagne en dehors de l’UE. Mais le Royaume est aussi le deuxième pays du monde où se dirigent le plus d’entreprises exportatrices espagnoles, autour de 21.000. Cette forte complémentarité se reflète de façon évidente dans le fait que 41,1% des exportations du Maroc vers l’UE ont comme destination finale l’Espagne et que l’Espagne représente 35,3% des exportations totales de l’UE vers le Royaume.Les échanges commerciaux entre l’Espagne et le Maroc ont doublé au cours des six dernières années, que ce soit en matière d’exportations ou d’importations. Cette croissance a été étroitement liée à l’intégration dans les chaînes globales de valeur des opérateurs des deux côtés du Détroit. En matière d’investissements, l’Espagne reste le troisième investisseur au Maroc avec un stock d’investissements de près de 4.600 millions d’euros. Et pourtant, il reste encore une marge de manœuvre pour continuer à renforcer nos liens, en accompagnant le dynamisme des échanges commerciaux d’une augmentation de l’investissement bilatéral.Les entreprises espagnoles veulent participer au développement et la modernisation de l’économie marocaine, comme le démontrent les investissements, ces dernières années, de nombreuses entreprises espagnoles comme Siemens Gamesa ou Gestamp. C’est aussi pour cette raison que l’Espagne a organisé, pendant la première moitié de cette année, deux importants forums économiques, le premier à l’occasion de la Visite d’État de S.M. le Roi Felipe VI en février dernier, qui a permis la mise en marche du Comité économique Maroc-Espagne (CEMAES), et le deuxième, pendant les deux premiers jours du mois de juillet à Casablanca en présence de plus de 150 entreprises espagnoles et 240 marocaines, pour travailler ensemble sur des projets d’investissement et pour étudier les possibilités de développer des projets communs sur le continent africain.L’excellence des relations entre le Maroc et l’Espagne ne cesse de se confirmer. Quels sont les piliers de ce partenariat impulsé par S.M. le Roi Mohammed VI et le Roi Felipe VI ?
Sans doute, les relations entre nos deux Royaumes sont excellentes et, comme nous avons pu le constater de façon évidente pendant la Visite d’État de LL.MM. le Roi et la Reine d’Espagne au Maroc en février dernier, cette excellence est due avant tout à l’impulsion permanente donnée par l’amitié fraternelle qui unit nos deux Souverains, S.M. le Roi Mohamed VI et S.M. le Roi Felipe VI. En voici donc un pilier essentiel.À cette occasion, nos deux pays ont signé un mémorandum d’entente qui définit nos relations comme un «Partenariat stratégique global» entre égaux, fondé sur le respect, l’entente réciproque et la confiance mutuelle. Non seulement le dialogue politique entre nos gouvernements est aussi excellent, fluide et constant à tous les niveaux, mais nous avons su étendre et approfondir les relations entre toutes nos institutions dans presque tous les domaines, jusqu’à atteindre des modèles de coopération exemplaires au niveau régional, comme en matière de lutte contre la criminalité organisée ou contre les mafias de la migration clandestine. En même temps, l’Espagne a bien pu démontrer tout au long des années qu’elle est un des soutiens les plus actifs du Maroc au sein des institutions de l’Union européenne. Les douze derniers mois sont un magnifique exemple de cette montée en puissance de nos relations institutionnelles, car non seulement nous avons eu la Visite officielle au Maroc de LL.MM. le Roi et la Reine d’Espagne – avec la signature record de 11 accords bilatéraux –, mais nous avons aussi reçu deux visites de notre Président du gouvernement, M. Pedro Sánchez, huit ministres espagnols qui sont venus au Royaume (certains d’entre eux, comme le ministre des Affaires étrangères, M. Borrell, cinq fois, ou les quatre visites du ministre de l´Intérieur, M. Grande-Marlaska), sans oublier les visites cette année des deux présidents des régions espagnoles voisines du Maroc, les Iles Canaries et l’Andalousie.Néanmoins, nous devons être plus ambitieux, car il reste beaucoup à faire pour placer et maintenir nos relations bilatérales au niveau qu’elles méritent et pour mieux affronter les défis et mettre à profit les opportunités que nous partageons globalement. Mis à part l´important rôle que jouent les opérateurs économiques, parmi les champs à développer, je pense qu’il reste beaucoup à faire dans la meilleure connaissance mutuelle de nos sociétés, en profitant, non seulement de l’augmentation des flux touristiques dans les deux sens et de l’apport de l’importante communauté marocaine au développement de l’Espagne, mais aussi par le biais de la culture, de l’éducation, de la formation et des médias. Comme l’a affirmé S.M. le Roi Felipe VI à Rabat en février dernier, «… nous sommes des voisins qui ont des préoccupations partagées et qui font face à des défis et menaces communs que nous pouvons transformer ensemble, avec volonté et détermination, en opportunités d’une coopération étroite...»