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L’Unicef déplore l’insuffisance de programmes destinés au jeune public

Selon l’étude «Enfant, jeunes et médias au Maroc», réalisée par l’Unicef Maroc et le Comité Parité et Diversité 2M, les programmes médiatiques proposés aux enfants sont insuffisants et comportent de faibles objectifs éducatifs.

L’Unicef déplore l’insuffisance de programmes destinés au jeune public
Giovanna Barberis, représentante de l'Unicef au Maroc, lors de la présentation de l'étude «Enfant, jeunes et médias au Maroc». Ph. Saouri

Quelle est la place accordée aux enfants et aux jeunes dans le paysage médiatique marocain ? Et quel usage font-ils des médias ? Ce sont les deux principales questions auxquelles a tenté de répondre l’Unicef Maroc dans sa dernière étude, présentée hier à Casablanca. Intitulée «Enfant, jeunes et médias au Maroc», cette étude, qui a été réalisée en partenariat avec le Comité Parité et Diversité 2M, présente un tableau complet sur la présence médiatique de la thématique de l’enfance dans les médias du Royaume et l’usage qu’en font les enfants et les jeunes.
«Le paysage médiatique au Maroc a connu une profonde mutation depuis le début des années 2000. Il subit depuis quelque temps une profonde mutation marquée par la montée en puissance du numérique. Cette transformation numérique change les médias et leurs rapports à la société. Les enfants, étant une priorité dans cette société, doivent avoir une place importante au sein du paysage médiatique. D’où l’importance de cette étude qui nous permet de dresser un tableau général sur la situation de l’enfance dans les médias au Maroc et l’usage qu’en font les plus jeunes», a souligné Giovanna Barberis, représentante de l'Unicef au Maroc.
Parmi les principales conclusions de cette étude figure l’insuffisance des contenus médiatiques proposés au jeune public. «À partir des entretiens réalisés avec des représentants d’organismes de formation dans le journalisme, le syndicat des éditeurs, le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), le Conseil local des oulémas à Casablanca et deux associations travaillant sur les questions sociétales, nous constatons que les programmes médiatiques proposés aux enfants sont insuffisants et ont de faibles objectifs éducatifs. Il n’y a malheureusement pas de programmes avec une portée de sensibilisation aux valeurs de solidarité et de citoyenneté et à la culture des droits de l’Homme, ni de programmes qui prennent en compte la diversité géographique et linguistique du pays. Les contenus proposés excluent aussi les catégories d’enfants à besoins spécifiques, sans oublier que l’arrivée du digital a accentué l’absence de programmes médiatiques destinés aux enfants», a indiqué Marouane Harmach, directeur général du cabinet Consultor chargé de la réalisation de l’étude. L’étude relève également une domination d’un contenu lié aux événements, aux agendas institutionnels et actualités «chaudes» au détriment d’informations visant la sensibilisation des enfants et des parents. Une faible implication des enfants spécialement dans la presse écrite est aussi notée.

S'agissant de l'usage des médias, l'étude montre que la durée moyenne quotidienne de consommation de la télévision au Maroc chez les enfants âgés de 5 à 14 ans est de 3 heures et 13 minutes. «Cette durée importante montre le poids encore prédominant de la télévision dans la consommation médiatique au Maroc. 58% de ces enfants regardent du contenu télévisuel international. Au niveau national, on remarque une prédominance de la chaîne 2M sur les parts d’audience de la télévision au Maroc avec 29% des parts d’audience, suivie d’Al Aoula (8,5%), puis Al Maghribia (2,5%). Chez les jeunes Marocains âgés de 15 à 34 ans, les pratiques préférées sont la télévision (83%) et la presse digitale (82%). Notre analyse montre que le millennial type au Maroc (homme ou femme) consacre 30 minutes par jour pour regarder la télévision, surtout en soirée, après 19 h, à son domicile. Notre millennial préfère de loin les productions médiatiques étrangères, occidentales ou arabes (51%), par rapport aux productions audiovisuelles nationales (24%). Un choix justifié notamment par la qualité des contenus artistique et technique», explique Marouane Harmach.
«L'étude montre également que 66% des jeunes se connectent pour une durée de plus d’une heure par jour. Le moment d’accès est majoritairement dans la soirée, après 19 h. Le premier usage d’Internet chez les jeunes est la connexion sur les réseaux sociaux (29%). Le chat et la messagerie totalisent 47% de ce genre de pratique. Les activités telles que la recherche d’infos, aller sur des sites et publier sur un blog arrivent en deuxième position avec 34% des réponses. Les jeunes utilisent de manière importante les réseaux sociaux. 28% utilisent ces outils pour une durée prolongée, entre 1 et 2 heures par jour. Sans surprise, Facebook et WhatsApp arrivent en tête des réseaux sociaux les plus utilisés. Instagram et Snapchat continuent de progresser fortement chez ces jeunes. Le millennial lit la presse digitale. 72% des jeunes déclarent lire régulièrement ce média. 54% de cette population consacre moins d’une heure par jour à cette pratique médiatique», ajoute-t-il.
De son côté, la presse écrite continue de résister à la transition vers le numérique, puisque 58% des jeunes ont déclaré la lire et 36% lui consacrent moins d’une heure par jour. La radio n’attire que 46% des jeunes qui affirment l'écouter. Cette étude a finalement formulé différentes recommandations pour promouvoir la présence qualitative des enfants dans les médias. Des recommandations qui s’adressent aussi bien aux médias et journalistes qu’aux pouvoirs publics et aux organisations en charge de la promotion des droits de l’enfant. Il s’agit d’une plus grande vulgarisation des principes directeurs et éthiques de reportage sur les enfants, le renforcement des capacités des différents acteurs, la professionnalisation du traitement médiatique des sujets en relation avec les enfants et le renforcement du partenariat entre les différentes parties prenantes. Il est à noter que la rencontre de présentation de l’étude «Enfant, jeunes et médias au Maroc» a été l’occasion d’inviter l’ensemble des médias à signer la pétition mondiale des droits de l'enfant lancée en novembre dernier par l’Unicef Maroc et l’Observatoire national des droits de l’enfant (ONDE). «Les signatures récoltées seront présentées aux dirigeants du monde le 20 novembre 2019, date du 30e anniversaire de la Convention des droits de l’enfant, afin de les appeler à s’engager à respecter les droits de l’enfant, dans l’intérêt de tous les enfants de la génération actuelle et des générations à venir», a indiqué Giovanna Barberis. 


Conformité aux lois
L’analyse documentaire du contexte normatif marocain réalisée par l'Unicef renseigne sur la conformité de la législation marocaine aux conventions internationales que le pays a ratifiées. Le secteur audiovisuel a été plus prolifique en matière de production de normes précises, sous la houlette de la Haute Autorité de la communication audiovisuelle (HACA). «Le secteur de la presse écrite ne dispose pas encore de normes précises en matière de protection de l’enfance. La profession compte sur le Code déontologique de la profession et la Charte de Munich ainsi que le futur Conseil supérieur de la presse pour autoréguler ses pratiques médiatiques. L’encouragement d’expériences d’observation des pratiques médiatiques liées à l’enfance est à même de renforcer le respect des droits de l’enfant dans les médias. Ces exercices renforcent la reddition des comptes des médias vis-à-vis de la société et permettent de créer des moments d’interaction entre les médias et les différentes parties de la société sur ces questions, tout en proposant des ajustements et des améliorations des médias. En revanche, le secteur du digital échappe à toute forme de régulation, spécialement sur les réseaux où le pays est tributaire des décisions des grands acteurs internationaux du secteur digital en termes de protection de l’enfance».                            

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