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Les manifestants imaginent les futurs visages de leur pays

Depuis un mois jour pour jour, des milliers de Soudanais bravent chaleur et poussière devant le siège de l’armée à Khartoum pour réclamer un nouveau Soudan. L’absence de confort ne les empêche pas de rêver, certains de démocratie, d’autres de prospérité économique.

Les manifestants imaginent les futurs visages de leur pays
«Le peuple du Soudan veut qu’on satisfasse ses besoins élémentaires, en matière d’éducation et de santé avec plus de justice sociale», témoigne un manifestant qui avait 18 ans lorsque Béchir a pris le pouvoir. t Ph. Reuters

Les espérances des Soudanais sont multiples, mais certains sujets font l’unanimité, ou presque, sur le lieu du sit-in. Tous demandent une amélioration de leurs conditions de vie, mais beaucoup veulent aussi par exemple un Soudan «débarrassé des islamistes». «Ils ont littéralement détruit le pays», affirme un manifestant. En 1989, les islamistes ont soutenu le coup d’État qui a permis l’accession au pouvoir de Omar El Béchir, renversé le 11 avril dernier par l’armée après près de quatre mois d’une contestation populaire inédite, déclenchée par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain en décembre. Ils sont des centaines à déambuler le long du boulevard qui longe le QG de l’armée. 
L’ambiance est bon enfant. «Nous voulons un pays où les gens compétents accéderont à l’emploi sans passe-droits», lance Mohammed Adel Haï, un étudiant de 22 ans qui dit «camper depuis un mois pour que son rêve ne soit pas trahi». «Il y a maintenant un mélange d’euphorie et de prudence sur l’avenir du pays», analyse le centre de réflexion londonien Chatham House dans une récente étude sur les perspectives d’avenir du Soudan.
Prudence, car les tractations entre les leaders de la contestation et le Conseil militaire de transition au pouvoir piétinent. Leur succès dépendra selon les experts de la capacité des uns et des autres à formuler des compromis, acceptables pour l’autre camp, mais aussi pour la majorité des Soudanais qui aspirent, pour la plupart, simplement à une vie meilleure. 
Amputé des trois quarts de ses réserves de pétrole depuis l’indépendance du Soudan du Sud en 2011, le pays est confronté à une crise économique et à une grave pénurie de devises étrangères. «Nous voulons juste manger à notre faim et voir le pays se reconstruire», explique Aïcha, 50 ans. Les témoignages résonnent avec les slogans de la contestation. «Liberté, paix et justice», les trois mots 
chantés dans toutes les manifestations dépassent, eux, les aspirations économiques. 

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