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Marion Cotillard raconte sa relation avec ses personnages

L’actrice française Marion Cotillard a ouvert le 30 novembre le cycle de «Conversation with» de la 18e édition du Festival international du film de Marrakech. Elle a dévoilé les secrets de sa quête au plus profond des personnages qu’elle incarne puis son processus de détachement.

Marion Cotillard raconte sa relation avec ses personnages
PHS. SAOURI.

L’actrice française Marion Cotillard nous a rencontrés avant de rencontrer son public. Dans le riad d’un prestigieux hôtel de Marrakech, elle a fait une entrée aussi douce que sa voix. Rayonnante dans une tenue en noir et blanc, Marion Cotillard a surtout parlé de sa relation avec les personnages qu’elle incarne. «Je n’ai pas de méthode fixe pour incarner un rôle. Il y a des similitudes, mais chaque projet est différent. Je me laisse embarquer par un film. Il y a des metteurs en scène qui veulent répéter, d’autres pas. Cela dépend du projet, du personnage et des difficultés techniques».
L’actrice a confié qu’avant de tourner «Annette» du réalisateur Leos Carax où elle est chanteuse d’opéra, le film «Macbeth», programmé le 30 novembre sur la place Jemaa El Fna, était le plus «stressant» pour elle, d’un point de vue technique. Marion Cotillard plonge dans ses personnages. C’était le cas de «La Môme». L’actrice, attirée par la complexité, a créé un lien avec Édith Piaf. «Je me suis plongée dans sa vie pour comprendre ce qui la touchait. C’était un vrai travail d’investigation. J’étais fascinée par ce qu’elle a vécu», a-t-elle déclaré dans la séance de «Conversation with».
Marion Cotillard s’engage toujours dans une recherche profonde de ses personnages, même ceux «qui ne lui donnent pas tout» : «Partir à la rencontre d’un personnage c’est comme découvrir quelqu’un qu’on aime». «Comme j’ai fait plusieurs fois ce travail, il y a des endroits de la vie des gens que je vais directement observer ou imaginer». Marion va jusqu’à faire des recherches dans la petite enfance de ses personnages, notamment ceux qui ont déjà existé. Quand il s’agit de personnages fictifs, l’actrice va au-delà du scénario pour imaginer et construire «un personnage vivant et qui fait qu’il y a quelque chose qui va traverser l’écran pour toucher les gens». C’est le cas dans le film des frères Dardenne «Deux jours, une nuit» où Marion a imaginé l’avant-dépression de son personnage et a imaginé son monde. Cette méthode permet à Marion Cotillard de partager de fortes émotions avec son public. Elle donne tout à ses personnages et crée «des déclencheurs». L’actrice avoue qu’il lui faut du temps pour sortir de cette relation amoureuse avec ses personnages. «Il y a des gens qui savent couper très vite et qui restent presque près des fils de la marionnette. Du coup, ils savent comment les couper. Moi, j’ai tout un processus de sortie du personnage. C’est un besoin de nettoyage, car je ne voudrais pas rester avec ces gens perturbés (rires), et c’est aussi passionnant que quand on rentre à l’intérieur du personnage, car ce n’est jamais le même processus de sortie.»
L’actrice dit faire parfois appel à des magnétiseurs «très puissants» qui sentent si elle est «habitée» par son personnage. «Cela peut paraître mystique, mais c’est très simple», dit-elle dans une table ronde organisée avec une poignée de médias. «Un acteur entre à l’intérieur du personnage. Donc je n’ai pas le moyen de rompre en deux secondes, alors qu’il y a des mois que je suis à l’intérieur d’une personne et que je laisse cette personne rentrer à l’intérieur de moi, qu’on ne fait plus qu’un. Je prends ses mots, ses gestes, sa manière de respirer. Je dois trouver le moyen de couper et de sortir du personnage et c’est tant mieux parce que j’aime ce processus. C’est la surprise, je ne sais jamais comment ça va sortir».
Marion Cotillard nous confie que cette quête profonde autour de ses personnages lui apprend beaucoup sur l’humain et, de fait, sur elle-même. «Je fais ce métier parce que je suis fascinée par l’animal qu’on est, les capacités qu’on exploite ou qu’on n’exploite pas, le rapport entre les gens et les cultures qui composent cette humanité. J’ai la chance de pouvoir incarner des personnes qui ne sont pas de ma culture, que ce soit des Polonaises, des Italiennes ou des Américaines, et c’est très intéressant». Son besoin de découvrir l’humain a amené Marion Cotillard à explorer d’autres cultures et l’a conduite vers une carrière internationale : «Je pense qu’on attire ce dont on a besoin. Même si je n’avais jamais imaginé que je ferais des films aux États-Unis ou dans d’autres pays, maintenant il est clair pour moi que j’avais un désir ardent d’explorer au-delà de ma culture». Comme elle donne tout à ses personnages, Marion Cotillard se met aussi au service des réalisateurs pour que la magie opère. 

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