Le Maroc s’assure une meilleure visibilité, notamment en Afrique, comme acteur de la promotion des pratiques responsables dans l’industrie chimique. La 2e Conférence africaine pour la gestion responsable des produits chimiques, qu’a abritée Casablanca hier a, en effet, permis à la famille des membres du «Responsible Care» (RC) à l’échelle africaine de s’agrandir, en intégrant trois nouveaux adhérents. Il s’agit de la Tunisie, la Côte d’Ivoire et la Guinée, dont les représentants ont signé à cette occasion l’acte d’adhésion de leur industrie chimique au RC. Celle-ci est une initiative mondiale de l’industrie chimique pour l’amélioration continue des performances dans les domaines de la santé, de la sécurité et de l’environnement (HSE). D’autres pays du continent se préparent à l’adhésion à cette charte. Il s’agit du Niger, du Togo et du Burkina Faso dont les représentants ont témoigné lors de cette conférence de leurs expériences dans ce domaine.
Au niveau national, la base des membres du RC s’est renforcée par l’adhésion d’une nouvelle entreprise, en l’occurrence Peintures du Midi. Ce qui porte cette communauté à 37 membres, faisant du Maroc le deuxième en Afrique après l’Afrique du Sud. L’enjeu maintenant est de faire mieux, note Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du commerce, de l’économie verte et numérique. À comparer avec la France où 600 sites industriels sont membres du RC, selon Aurore Fries de France Chimie (Union des industries chimiques françaises).
À noter que cette rencontre annuelle, la deuxième du genre tenue au Maroc, est organisée conjointement par la Fédération de la Chimie et Parachimie (FCP) et The International Council of Chemical Associations (ICCA), sur le thème «L’Afrique pour une chimie durable». Elle a connu la participation d’experts nationaux et internationaux dont les représentants d’organismes comme l’ONU, l’ICCA, la CEFIC (confédération européenne de la Chimie) et France Chimie.
Ces participants ont débattu de plusieurs questions, dont la relation entre la réglementation et l’engagement volontaire des entreprises. Une question qui a donné lieu à des avis divers. Ainsi, pour Abderrahim Taïbi, directeur de l’Institut marocain de normalisation (IMANOR), la priorité est à la réglementation. Il faut d’abord réglementer, puis se pencher sur les meilleurs moyens pour appliquer cette réglementation, juge-t-il, relevant qu’on ne peut pas tout mettre dans la réglementation. Celle-ci renvoie aussi aux normes et aux démarches préventives, explique-t-il, notant qu’en dernier lieu viennent les initiatives professionnelles, tel le RC.
Le même conférencier souligne que l’absence d’entreprises certifiées est un signe négatif, notant que 2.000 normes sur 15.000 que compte le Maroc concernent l’industrie chimique. La représentante du ministère de l’Environnement, Hafida Benhamza, estime, quant à elle, qu’il faut travailler parallèlement sur ces deux aspects.
Par ailleurs, cette rencontre a été une occasion pour communiquer sur les écosystèmes de la Chimie. À cet effet, le ministre a avancé que les objectifs tracés pour 2020 sont réalisés à moitié. À rappeler que les 2 contrats de performance signés en décembre 2015 sont censés permettre d’ici 2020 de créer 12.430 nouveaux emplois directs et 20.570 emplois indirects, générer un chiffre d’affaires additionnel de 14,6 milliards de DH, une valeur ajoutée additionnelle de 3,8 milliards, ainsi qu’un CA à l’export additionnel de 9,8 milliards.