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Mardi 19 Mars 2024
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Au Maroc, «Coach Vahid» revient sur les terres de ses premiers succès

Nommé sélectionneur de l’équipe nationale du Maroc, Vahid Halilhodzic est un personnage à part entière du football mondial. À la tête des Lions de l’Atlas, «coach Vahid» revient sur les terres où il a remporté ses premiers succès en tant qu’entraîneur. Portrait d’un «soldat du travail» à travers le regard de journalistes en France, au Japon et en Algérie.

Au Maroc, «Coach Vahid» revient sur les terres  de ses premiers succès

La nomination de Vahid Halilhodzic à la tête du staff technique de l’équipe nationale du Maroc met fin à un suspense qui a duré à peine quelques semaines. Le technicien franco-bosnien a paraphé un contrat de trois ans, dont le principal objectif est la qualification à la Coupe du monde 2022 au Qatar. Vingt ans après avoir quitté le Maroc, auréolé d’un titre de champion d’Afrique et un sacre en championnat du Maroc avec le Raja Casablanca, «Coach Vahid» repose ses valises au pays qui l’a présenté au monde comme un entraîneur à succès. Au sein du Raja, qu’il rejoint sous les conseils de son ami, Feu Henri Michel, Vahid mène les Verts à une saison quasi parfaite avec seulement 3 défaites en 45 matchs. Avant sa parenthèse rajaouie, Vahid avait testé le goût amer de l’échec, lorsqu’il claquait la porte de l’AS Beauvais, que le natif de Jablanica avait réussi à maintenir en D2 française.

La «taupe» à Paris et le mystère à Tokyo
De retour dans l’Hexagone, Halilhodzic s’engage avec un autre club de D2, Lille en l’occurrence, qu’il porte en Ligue des champions, trois ans plus tard, avec deux fidèles rajaouis, Salaheddine Bassir et Abdelilah Fahmi. Mais c’est à Rennes et surtout au PSG que l’image du «dictateur des vestiaires» commence à prendre forme. Aucune place à la «Playstation» et autres distractions pour les joueurs. Seuls le travail et le groupe comptent. «J’avais un abonnement annuel à l’époque, raconte Jonathan Johnson, correspondant de la chaine mondiale ESPN à Paris et spécialiste du PSG. Il a eu une très bonne saison à Paris, qu’il a porté en Ligue des champions. Mais la participation en elle-même a été un échec monumental, avant de quitter le club en pleine saison (après une défaite face à Lens au Parc des Princes, Ndlr). Il a senti que son autorité était affaiblie par des fuites depuis le vestiaire et il s’est mis à chasser la fameuse “taupe”, donnant matière à la presse.»
Ensuite, Vahid tente un retour en Afrique. Il qualifie la Côte d’Ivoire à la Coupe du monde 2010, mais est limogé à la suite de l’élimination en quarts de finale de la CAN en Angola face à l’Algérie, son futur employeur. Avec les «Fennecs», Vahid réalise enfin le rêve de disputer la Coupe du monde. «Dès son arrivée, il écarte des joueurs-cadres comme Karim Ziani, Karim Matmour et Nadir Belhadj», se rappelle Walid Bouaouiche, journaliste à Radio Algérie Internationale. La CAN 2013 est un échec cuisant. Mais il se rattrape de fort belle manière au Brésil, où l’Algérie est éliminée en huitième de finale par l’Allemagne, future championne du monde, au bout de la prolongation. En dépit des nombreuses pétitions sur les réseaux sociaux, Vahid annonce son départ le lendemain, les yeux encore remplis de larmes. Il ne manque pas cependant de tacler une dernière fois certains médias algériens. «Seule fausse note que je tiens à relever, le comportement indélicat d’une certaine presse qui n’a cessé de stigmatiser non seulement mon travail, mais s’en est pris à ma propre personne et à ma famille, ce que je ne pardonnerai jamais», a-t-il regretté. Pour Bouaouiche, «Vahid a toujours été coopératif, mais parfois ses messages n’étaient pas correctement interprétés.» Peut-être que «certains» journalistes n’avaient pas digéré le fait d’écarter des joueurs au penchant offensif.

Un homme de parole, que le destin n’a pas épargné
Mais la relation de Halilhodzic avec les médias a toujours été considérée comme tendue. «Vahid s’est confronté à la Fédération (japonaise) et à la presse dès le début», considère de son côté Dan Orlowitz, journaliste sportif au «Japan Times». «C’était une relation d’amour et de haine à la fois et les sponsors n’appréciaient pas qu’il laisse les joueurs les plus populaires de l’équipe sur le banc de touche. Même après l’une des meilleures performances de la sélection nippone (qualification après une victoire sur l’Australie 2-0, ndlr), il y avait déjà des rumeurs sur un possible changement. Les matchs amicaux du printemps précédant la Coupe du monde ont poussé la JFA à limoger Vahid, se rappelle Orlowitz. Je ne sais si on aurait pu faire mieux que les huitièmes de finale avec Vahid à la barre. Après tout, nous n’avons gagné aucun match face à une équipe de 11 joueurs. C’est certainement l’un des plus grands mystères de la sélection nationale du Japon.» En octobre 2018, il réalise un autre rêve : celui d’entraîner «son» FC Nantes, où il a côtoyé Henri Michel lorsque les deux hommes étaient encore joueurs. Avant la guerre de Yougoslavie qui le forge, mais qui le ruine aussi. Comme souvent dans la vie de Vahid, les surprises du destin ne sont jamais loin. La disparition tragique d’Emiliano Sala plonge Vahid dans une tristesse sans fin. En été, malgré le maintien en Ligue 1, Vahid quitte le FC Nantes, contrarié par les plans peu évidents du président Waldemar Kita. «Bien qu’il soit revenu en tant que légende, explique Jonathan Johnson, Vahid a du faire face à d’autres facteurs, dont la mort de Sala. Qui sait ? Si Kita avait tenu ses promesses cet été, peut-être que Vahid serait resté», conclut-il.
Avec Vahid Halilhodzic, la FRMF engage un adepte du travail et de la discipline. Mais comme le montrent ses différentes aventures, «Coach Vahid» est avant tout un homme de parole et les résultats n’ont jamais été pour lui un gage de continuité. Les joueurs, les dirigeants et surtout la presse n’ont qu’à bien se tenir. 

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