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«Le Maroc est un des rares pays à disposer d’une méthodologie pour le suivi des réalisations du programme gouvernemental»

La semaine dernière, le Chef du gouvernement, Saâd Eddine El Othmani a présenté devant le Parlement le bilan d’étape de l’Exécutif. Ahmed Khalid Benomar, conseiller du Chef du gouvernement, Unité de suivi-évaluation du Programme du gouvernement, nous explique dans cet entretien les points forts de ce bilan et ce qui reste à faire.

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Le Chef du gouvernement a présenté son bilan d’étape. Il a évoqué un certain nombre de projets réalisés ou en cours de finalisation et d’autres en cours de réalisation… Sur quelle base ont été déterminés ces taux de réalisation et comment peut-on les lire ?
Les taux de réalisation sont déterminés de manière précise. Les projets réalisés sont des projets achevés ou au stade ultime de réalisation. Certains sont réalisés en «one shot» et d’autres sont des mesures à caractère continu reconduites d’année en année. Les projets en cours de réalisation concernent les actions ayant démarré mais non encore achevées. Les autres mesures connaissent quelques difficultés ou n’ont pas encore démarré.

Y-a-t-il des secteurs d’activité qui connaissent un état d’avancement plus important que d’autres ?
La plupart des secteurs ont connu des avancées, mais il reste bien entendu des défis importants. D’abord, des mesures importantes ont été mise en place pour les secteurs sociaux, première priorité, notamment l’éducation et la santé ainsi que l’élargissement de la protection sociale. Cet intérêt porté à la dimension sociale a permis l’amélioration de plusieurs indicateurs liés par exemple à la scolarisation ou à l’accès aux soins. Bien sûr, il y a un gap de perception avec l’opinion publique qu’on ne peut nier et parfois aussi un décalage des réalisations par rapport aux attentes, ce qui implique de redoubler les efforts et de mieux communiquer. Il y a aussi la réalisation de plusieurs mesures à même de renforcer la compétitivité de l’économie nationale et d’améliorer la situation des entreprises, ce qui a favorisé l’amélioration du climat des affaires et l’attractivité des investissements avec des réalisations sur le terrain et une évolution sensible des indicateurs. Ensuite, il y a la réactivation et le lancement de grandes réformes structurantes : Régionalisation avancée, charte de déconcentration administrative, réforme des centres régionaux d’investissement, stratégie nationale de lutte contre la corruption. Ce qui a induit, par exemple, à l’amélioration historique de la position du Maroc dans le classement IPC au cours des années 2017 et 2018. Le gouvernement a aussi fait un focus sur la question de l’emploi, spécialement l’emploi des jeunes à travers l’adoption de la stratégie nationale pour l’emploi et l’opérationnalisation de plusieurs mesures en la matière, ce qui a entraîné une légère mais prometteuse diminution du taux de chômage.

On est à mi-mandat. Est-ce qu’il y a suffisamment de temps pour la mise en œuvre de ce qui reste des promesses du programme gouvernemental ? 
La cadence de réalisation est élevée. En une moitié de mandat, il est possible de réaliser de nombreuses réformes et mesures importantes. Il est possible d’adopter des textes, de construire des infrastructures, etc. Ce qui est difficile, c’est la mise en œuvre des mesures ou réformes qui demandent un changement de mentalités, notamment au niveau de l’administration. Il faut ici préciser que le moment du mi-mandat n’est pas un simple moment de bilan, mais comme l’a dit le Chef du gouvernement, un moment de prospective et de définition des priorités futures ainsi que de planification des mesures à réaliser pour répondre aux engagements du gouvernement. Il est aussi à noter que les réalisations actuelles, surtout les grandes réformes, devraient avoir un impact important pour l’accélération des projets à venir.

Le Chef du gouvernement a parlé d’une méthodologie qui a été suivie par le gouvernement pour la mise sur pied de ses projets et actions. Quelle est la philosophie de cette méthodologie et quelle est sa pertinence ?
C’est une méthodologie nouvelle que ce gouvernement a pu déployer depuis son investiture. En quelques mots, il s’agit d’un système de suivi intégré, que l’on peut qualifier de Program Management Office. Il s’agit de suivre de manière régulière et en continu pour les plus importantes, les étapes de réalisation, les impacts et les difficultés des 435 mesures du programme gouvernemental. Ces mesures ont été pour la première fois déclinées en un programme exécutif qui détaille les objectifs, les étapes de réalisations les indicateurs et les parties prenantes. Le suivi se fait au quotidien à travers une unité dédiée auprès du Chef du gouvernement, qui assure également le secrétariat d’une commission interministérielle regroupant l’ensemble des membres du gouvernement qui assure le suivi périodique des réalisations. Le Chef du gouvernement donne une importance particulière à ce chantier ainsi que les membres du gouvernement et l’administration. Le Maroc est un des rares pays à disposer de cette méthodologie pour le suivi de son programme et à la déployer de manière concertée et efficace.

Le gouvernement souligne l’importance de la place à accorder au classement du Maroc par rapport à différents indices notamment en relation avec le climat des affaires et la lutte contre la corruption. Quelles sont les actions entreprises pour que le Maroc soit bien classé tel que préconisé dans les objectifs du gouvernement ? 
Ce ne sont pas des actions isolées. Pour avancer dans les classements internationaux, ce qui compte le plus c’est la dynamique des réformes et leur impact. Cela veut dire que le Maroc doit faire chaque année des progrès notables et multiples mais surtout supérieurs à ceux d’autres pays pour avancer. Il faut donc une mécanique de suivi bien huilée de chaque indicateur et des mécanismes d’accélération des réformes à l’instar de la Commission nationale de l’environnement des affaires ou de la Commission nationale anti-corruption dont les secrétariats jouent un rôle important dans l’impulsion et le suivi des réformes avec les acteurs publics, privés et la société civile.

Le Chef du gouvernement a exprimé l’espoir de réaliser un meilleur bilan dans la deuxième partie de son mandat. Est-ce qu’il y a des indicateurs qui laissent présager ça ? 
Seul Dieu sait de quoi est fait l’avenir. Il semble que certaines prémices sont là. Les indicateurs de scolarisation ont par exemple connu une nette amélioration ces dernières années. Le recul de l’abandon scolaire et de l’arrêt des études à la fin du primaire et du collège en est témoin. Au niveau de l’insertion et la création d’emplois, le chômage a légèrement baissé, alors que les pays de la région connaissent des taux alarmants. Les réformes et stratégies sectorielles portent leurs fruits à l’instar du Plan d’accélération industrielle, avec l’intégration de plus de 400.000 depuis 2014. Ces indicateurs et d’autres laissent une marge d’optimisme et incitent au travail et à la mobilisation de tous pour en récolter davantage de fruits, en faveur d’une économie nationale forte et génératrice d’emplois et de valeur, ainsi que davantage de services sociaux de qualité disponibles, et ce, d’une manière équitable pour tous les citoyens. 

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