Le Matin : Le Maroc célèbre cette année le 20e anniversaire de l’intronisation de S.M. le Roi Mohammed VI. Que vous inspire cet événement ?
Dès les premières années de son règne, S.M. le Roi a choisi de mener une politique africaine solidaire et mutuellement bénéfique. Quelle analyse vous inspire ce choix ?
La Constitution de 2011 rappelle la richesse de l’affluent africain de notre identité nationale. Et la caractéristique essentielle de cet affluent est la solidarité. Au-delà de l’illustration et la défense de notre unité territoriale, cette défense ne peut se concevoir que dans la solidarité avec tous les pays africains, certains politologues diraient avec toutes les Afriques. Les intellectuels marocains devraient s’arrimer à la nouvelle pensée africaine que font émerger en Afrique, dans la solidarité, les nouveaux penseurs africains, dont l’objectif essentiel est de dépasser les conflits pour plus de compréhension et d’acceptation des différences. L’Afrique est la puissance de demain et le Maroc œuvre pour faire de cet avenir un avenir de solidarité.Le Roi, Commandeur des croyants, et le Pape François ont signé en mars dernier l’Appel d’Al-Qods. Quelle est la symbolique de cet appel ? Quel rôle joue le Roi dans la mise en place du dialogue interreligieux et de la tolérance ?
J’ai ressenti et lu «l’Appel d’Al-Qods» comme un Rappel. Celui de continuer à rappeler sans cesse à la conscience internationale la dimension sacrale de cette cité et l’impérieuse nécessité d’y respecter toutes les croyances. La rencontre à Rabat de Sa Majesté le Roi, que Dieu L’assiste, avec Sa Sainteté le Pape est aussi un appel à vivre une foi sereine dans un monde qui ne l’est pas. Le dialogue interreligieux est d’abord la connaissance de la croyance de l’autre. Et nous connaissons peu les croyances des autres. Cette visite est une invitation à initier des échanges intellectuellement exigeants dans la compréhension des textes fondateurs de l’islam et de la chrétienté dont l’histoire est riche de plus de dialogue que d’incompréhension.Dans un environnement régional agité, le Maroc se présente comme une exception. Qu’est-ce qui explique cela, selon vous ?
Tous les pays, toutes les cultures, toutes les sociétés peuvent trouver en leurs particularités et leurs originalités ce qui en ferait une exception par rapport à d’autres. «L’exception» marocaine réside dans la remarquable stabilité du pays dans l’environnement régional auquel il appartient, dérangé et agité. Certes, les impatiences politiques, sociales, culturelles s’expriment parfois, souvent, d’une manière un peu fougueuse, mais le Maroc recèle un génie ancestral, qui manque aux autres et qui remonte à son histoire propre, pour freiner l’anarchie, refuser les affrontements, privilégier l’unité sociale et la pacification des esprits.