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«Le Maroc recèle un génie ancestral qui manque aux autres»

Le secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume du Maroc estime qu’avec la nouvelle loi-cadre sur le système éducatif et la dernière réforme constitutionnelle, le Maroc nouveau s’est engagé dans une dynamique irréversible, prometteuse de réussites économiques, sociales et culturelles. Pour Abdeljalil Lahjomri, le préambule de la Constitution de 2011, qui définit avec courage et authenticité l’identité nationale, est un texte d’anthologie qu’il faudra enseigner dans toutes nos écoles et apprendre aux jeunes.

«Le Maroc recèle un génie ancestral qui manque aux autres»

Le Matin : Le Maroc célèbre cette année le 20e anniversaire de l’intronisation de S.M. le Roi Mohammed VI. Que vous inspire cet événement ?
Abdeljalil Lahjomri
: La réponse à cette question s’impose d’elle-même. Ces vingt ans de règne sont une avancée audacieuse vers la modernité, dans la modernité, avec toutefois cette particularité que cette avancée puise les leviers qui l’animent dans la sauvegarde de la tradition, des traditions. Cela semblerait un paradoxe, mais il y a des valeurs dans nos traditions qui ne s’opposent pas à ce processus de modernisation, qui par contre l’encouragent et en affirment la nécessité.
Au-delà des projets économiques structurants, il y a deux réalisations institutionnelles qu’il faut signaler parce qu’elles sont les fondements sur lesquels se construit cette modernité. Le premier est la Constitution de 2011. Plus précisément son préambule. Je ne suis pas constitutionnaliste, mais à comparer à d’autres Constitutions dans le monde, ce préambule qui définit avec courage et authenticité l’identité nationale 
apparaît comme un texte d’anthologie qu’il faudra à mon avis enseigner dans toutes nos écoles et apprendre aux jeunes à méditer en particulier cette affirmation décisive : «État souverain, attaché à son unité et à son intégrité territoriale, le Royaume du Maroc entend préserver dans sa plénitude et sa diversité son identité nationale une et indivisible. Son unité, forgée par la convergence de ses composantes arabo-islamique, amazighe et saharo- hassanie, s’est nourrie et enrichie de ses affluents africains, hébraïque, et méditerranéen».
La deuxième réforme dont l’adoption est encore d’actualité est la loi de mise œuvre d’une politique d’ensemble de modernisation du système éducatif. L’architecture linguistique qu’elle propose introduit une sécurité linguistique dans la formation des nouvelles élites, résout les inégalités dans la promotion sociale et apaise les inquiétudes des familles concernant l’avenir de leurs enfants. Avec ces deux réformes institutionnelles, le Maroc nouveau s’est engagé dans une dynamique irréversible, prometteuse de réussites économiques, sociales et culturelles.

Dès les premières années de son règne, S.M. le Roi a choisi de mener une politique africaine solidaire et mutuellement bénéfique. Quelle analyse vous inspire ce choix ?
La Constitution de 2011 rappelle la richesse de l’affluent africain de notre identité nationale. Et la caractéristique essentielle de cet affluent est la solidarité. Au-delà de l’illustration et la défense de notre unité territoriale, cette défense ne peut se concevoir que dans la solidarité avec tous les pays africains, certains politologues diraient avec toutes les Afriques. Les intellectuels marocains devraient s’arrimer à la nouvelle pensée africaine que font émerger en Afrique, dans la solidarité, les nouveaux penseurs africains, dont l’objectif essentiel est de dépasser les conflits pour plus de compréhension et d’acceptation des différences. L’Afrique est la puissance de demain et le Maroc œuvre pour faire de cet avenir un avenir de solidarité.

Le Roi, Commandeur des croyants, et le Pape François ont signé en mars dernier l’Appel d’Al-Qods. Quelle est la symbolique de cet appel ? Quel rôle joue le Roi dans la mise en place du dialogue interreligieux et de la tolérance ?
J’ai ressenti et lu «l’Appel d’Al-Qods» comme un Rappel. Celui de continuer à rappeler sans cesse à la conscience internationale la dimension sacrale de cette cité et l’impérieuse nécessité d’y respecter toutes les croyances. La rencontre à Rabat de Sa Majesté le Roi, que Dieu L’assiste, avec Sa Sainteté le Pape est aussi un appel à vivre une foi sereine dans un monde qui ne l’est pas. Le dialogue interreligieux est d’abord la connaissance de la croyance de l’autre. 
Et nous connaissons peu les croyances des autres. Cette visite est une invitation à initier des échanges intellectuellement exigeants dans la compréhension des textes fondateurs de l’islam et de la chrétienté dont l’histoire est riche de plus de dialogue que d’incompréhension.

Dans un environnement régional agité, le Maroc se présente comme une exception. Qu’est-ce qui explique cela, selon vous ?
Tous les pays, toutes les cultures, toutes les sociétés peuvent trouver en leurs particularités et leurs originalités ce qui en ferait une exception par rapport à d’autres. «L’exception» marocaine réside dans la remarquable stabilité du pays dans l’environnement régional auquel il appartient, dérangé et agité. Certes, les impatiences politiques, sociales, culturelles s’expriment parfois, souvent, d’une manière un peu fougueuse, mais le Maroc recèle un génie ancestral, qui manque aux autres et qui remonte à son histoire propre, pour freiner l’anarchie, refuser les affrontements, privilégier l’unité sociale et la pacification des esprits. 

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