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Quelle matrice de transition vers une économie du savoir

Les opportunités offertes par l’économie du savoir, nouveau moteur de croissance à l’échelle internationale, doivent être saisies par le Maroc afin de mieux bâtir son nouveau modèle de développement.

Quelle matrice de transition vers une économie du savoir
Reportage photos : Mohssine Kartouch, Hicham Seddik et Hassan Sradni

Dans cette quête, le Maroc ne doit, toutefois, pas négliger l’économie matérielle. Prenant part au troisième panel de cette 4e édition du MTF, des experts marocains et internationaux ont assuré qu’au Maroc comme partout en Afrique, la question de la transition vers une économie du savoir est de plus en plus posée. Les intervenants, lors de ce panel qui s’est déroulé sur le thème «quelle matrice de transition vers une économie du savoir et quelles opportunités pour le Maroc», ont insisté sur l’importance, aujourd’hui, d’un équilibre entre économie du savoir et économie matérielle afin de réaliser le développement auquel aspire tout le continent. Dans ce sens, les panélistes ont insisté sur l’importance du développement de certains secteurs tels que l’éducation ou la recherche. Un développement qui doit inclure la promotion de «l’esprit critique» pour réaliser les objectifs fixés.  Modéré par le journaliste, Szymon Jagiello, ce panel a connu la participation de la Directrice du bureau de la Commission économique pour l’Afrique en Afrique du Nord (CEA), Lilia Hachem Naas, et du Président Managing Director chez African Academy of International Law practice, Jean Baptiste Harelimana. Y ont également pris part le Managing partner, Co-founder, PS Nutraceuticals International Ltd, Nigeria, Olisaeloka PJ Okocha, l’écrivain et directeur de recherche à Economia-HEM, Driss Ksikes, ainsi que le directeur associé au bureau de Boston Consulting Group (BCG), Hamid Maher. 


Lilia Hachem Naas, 

directrice du bureau de la Commission économique pour l’Afrique en Afrique du Nord (CEA)

«Pour réussir la transition vers l’économie du savoir et pouvoir saisir l’opportunité qu’elle offre au niveau du continent africain, l’un des préalables est d’assurer les infrastructures nécessaires pour que la population puisse connaitre ce savoir, en gagner et l’appliquer. Le deuxième préalable est d’assurer un accès plus équitable aux technologies de l’information. Aujourd’hui, on sait que des disparités dans ce domaine existent entre les différents pays du continent, et entre les régions dans un même pays, et il faut faire en sorte que les infrastructures soient accessibles et inclusives pour toute la population. Le troisième élément à mon avis est toute l’approche relative à l’éducation et la formation qui doit être plus interactive et interpeller celui qui la reçoit pour qu’il se l’approprie et l’enrichisse par sa propre expérience. Sans oublier la nécessité d’assurer l’apprentissage tout le long de la vie, car les technologies avancent tellement vite que cela requiert qu’on puisse être tout le temps à la page, être informés, se former pour pouvoir exploiter ce savoir et contribuer au développement économique du pays.»

Driss Ksikes, 
écrivain, directeur de recherche à Economia-HEM

«Nous avons d’abord besoin de connaissances, de recherches sur l’existant, sur les nouvelles compétences, sur les nouveaux métiers, sur les nouvelles tendances... Il faut trouver une voie alternative 
à l’usage qu’on fait du savoir de manière à les élargir et créer des communautés de savoir. Outre 
les connaissances, nous avons besoin d’humaniser le numérique. Je pense qu’il ne faut pas appréhender 
le numérique dans le sens littéral, mais plutôt en saisir 
la philosophie : les cultures de délibération, de transversalité, les cultures éthiques et écologiques. 
Cette humanisation nous amènera à autre chose qu’uniquement dupliquer les solutions techniques à partir du numérique. Le troisième élément qui me semble fondamental est la question du développement qui est considéré d’un prisme trop économiste. Il faut l’élargir pour inclure le sociétal et le culturel et les prendre comme des leviers de production de valeurs et pas uniquement comme des adjuvants externes.» 

Hamid Maher, 
directeur associé au bureau de Boston Consulting Group (BCG)

«Dans le monde d’aujourd’hui, la quantité de savoir à traiter, à maîtriser est telle que l’un des facteurs davantage compétitif est la capacité à naviguer, à utiliser et à séparer le bon grain de l’ivraie. Pour cela, un des éléments-clés est l’esprit critique qui se développe, tout d’abord, à l’école primaire. Si l’on veut développer cette économie du savoir, il faut qu’on ait des professions qui créent du savoir, qui développent l’esprit critique, que ce soit des chercheurs, des journalistes ou des personnes capables de faire de l’investigation sur un sujet scientifique, politique ou autre, qui viendront alimenter cette capacité qu’ont les populations à naviguer dans le savoir. Les autres éléments qui me semblent aussi importants sont la nécessité de développer l’accessibilité et de soutenir la diffusion de cette économie à travers la régulation, mais aussi de s’ouvrir à l’international.»

Olisaeloka PJ Okocha, 
Managing partner, Co-founder, PS Nutraceuticals International Ltd

«Pour le 21e siècle, je pense que les pays africains doivent s’inscrire dans l’économie du savoir au lieu de l’exploitation conventionnelle des ressources naturelles. L’enjeu aujourd’hui est de développer le potentiel du capital humain. Cette transition démarre à partir de l’école en assurant un environnement propice à l’intégration de l’économie du savoir. Les systèmes éducatifs actuels en Afrique sont davantage basés sur le théorique que l’aspect pratique. Aussi, il est nécessaire que les différents acteurs s’impliquent dans le monde de l’éducation et encouragent les individus en leur donnant la possibilité d’acquérir de l’expérience. Nous ne pouvons pas rester derrière, notre continent a besoin de se développer avec l’économie du savoir».

Jean Baptiste Harelimana,
président/Managing Director chez African Academy of International Law practice

«L’économie du savoir ne va pas chanter la mort de l’économie matérielle. Il est plutôt question d’un paradigme de rupture dans la continuité. Il y a bien des métiers à forte dimension répétitive qui sont facilement numérisables, mais on ne peut pas tout numériser. C’est pour cela qu’il y aura toujours une cohabitation non seulement pacifique, mais surtout nécessaire entre l’économie matérielle et l’économie immatérielle. Par ailleurs, dans l’économie du savoir, l’éducation et l’innovation sont des éléments essentiels. La question centrale aujourd’hui est celle de la formation : il y a un manque de symbiose entre l’école et le monde du travail, notamment dans le secteur industriel, qui ne permet pas l’épanouissement de l’innovation. Et c’est cette innovation qui fait la différence, en tout cas dans ce monde du numérique.»

Mounia Senhaji

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