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«Je me sens directement touchée par toutes les injustices qu’une femme peut subir»

Depuis plus de 20 ans, Amal Ayouch rayonne au cinéma comme sur les planches. Elle dénonce dans des rôles poignants les maux de notre société. Et dans d’autres, comme elle aime si bien le dire, elle s’amuse pour notre plus grand plaisir. En plus d’être une actrice accomplie et une militante sensible à la cause féminine, elle a la casquette de pharmacienne d’officine. Amal Ayouch s’est confiée au micro de «Studio Zèbres». Elle a partagé ses opinions, ses préférences artistiques et ses projets.

Être actrice, c’est être libre ? 

Pour Amal Ayouch, être actrice, c’est en partie être libre et en partie non. «Oui, parce qu’on est actrice quand même aux dépens de certaines choses au niveau social, puisque certains n’ont pas voulu qu'on le soit. Mes parents ont voulu que je sois autre chose. La société ne vous regarde pas toujours d’un bon œil. C’est une forme de prise de liberté, disons, d’aller vers ce que l’on veut vraiment. Et en partie, non. Puisqu’on peut devenir prisonnier d’une image. Car les autres ne veulent vous voir que dans certains personnages. Ils veulent vous voir dans le côté positif de ce que vous pouvez représenter». Pour elle, les acteurs sont soumis à des tas de conditionnements sociaux, à une éducation, à une image, au qu’en-dira-t-on, à ce qu’on pense d'eux. Selon l’actrice, le métier d’acteur permet l’acceptation de l’être humain tel qu’il est. «Mais ensuite, il faut toute la démarche pour se sentir libre, pour s’accepter soi-même tel que l’on est réellement, sans être soumis à tout ce qui nous traverse». 

 

Que va être la jeunesse d’aujourd’hui dans 20 ans ?

L’invitée de Studio Zèbres estime que si on arrive à réguler toutes les inégalités sociales, que ceux qui ont de l’argent arrivent à le réinjecter en dynamisant, en créant de l’emploi, en créant des associations qui aident, qui peuvent soutenir, le tissu social sera amélioré. «On a vu des sociétés qui étaient en déclin aller très rapidement de l’avant lorsqu’elles s’unissaient avec un objectif commun où le collectif est privilégié sur l’individu», a-t-elle déclaré. L’actrice engagée, marraine de l’association Solidarité féminine, croit en l’humain, en ses potentialités et en son intelligence. «Je crois que le Marocain est un être intelligent qui s’adapte». 

 

«L’affaire Weinstein a révélé ce qui se disait tout bas»

«On n’a pas pu faire taire ces femmes en disant “tu as provoqué” ou “c’est ta faute”, comme on peut le dire malheureusement souvent dans notre société à nous», a confié Amal Ayouch à Ghizlane Tazi, présentatrice de Studio Zèbres. Pour elle, ce qui est important, c’est que l’effet Weinstein a duré. «Le nombre de femmes qui ont commencé à s’exprimer est devenu très important. C’est aussi des femmes qui avaient un certain poids parce que, malheureusement, c’est comme ça, plus vous êtes connue, plus on vous écoute». L’actrice a rappelé que «pas mal d’hommes ont dû payer leurs comportements». Elle se réjouit du fait qu’au Maroc aussi des choses ont été posées sur la table, au niveau du ministère de la Famille. Pour elle, c’est une avancée qu’il y ait une loi qui permet de protéger une femme et lui permettre de porter plainte. 

 

Ses projets

En 2019, Amal Ayouch présentera deux pièces de théâtre créées en 2018. Une tournée est prévue dans les Instituts français du Maroc, mais également en France pour présenter la création artistique «L’Armoire». Ce spectacle multidisciplinaire est mis en scène par le Marocain Karim Troussi. Amal vient de passer deux mois au Canada pour le présenter avec un jeune circassien de Salé, deux comédiennes canadiennes et un comédien français. Il sera peut-être à nouveau présenté au Canada, selon la talentueuse comédienne. Elle présentera aussi cette année «Ma ville m’a tuer», de Abdellah Zrika et d’Asmaa Houri. «C’est une pièce de la compagnie Anfas qui a été créée cette année pour un théâtre à Bruxelles. Elle va être en tournée au Maroc dans différents théâtres», a-t-elle déclaré. L’actrice a également annoncé la création d’une nouvelle pièce en français, en darija et en arabe classique : «C’est “Roméo et Juliette” de William Shakespeare, avec une grande metteur en scène, Anne-Laure Liégeois. C’est un projet qui va démarrer au mois de mai et qui va être en tournée tout de suite à Marrakech, en France et plus tard au Maroc». Parmi les projets d'Amal Ayouch en 2019, une série africaine tournée dans plusieurs villes du continent au mois de mars, et un long métrage prévu à partir de juin-juillet. Au cinéma, Amal a affirmé que les projets se concrétisent assez tardivement, juste avant le tournage. Elle a par ailleurs rappelé son activité au sein de la Fondation des Arts vivants qui organise à la fin du mois de mars le Festival international de théâtre de Casablanca. «C’est l’occasion d’inviter des pièces d’ailleurs, essentiellement françaises, mais également de mettre en avant des troupes marocaines.

 

Cinéma ou théâtre ?

«J’aime les deux. J’ai commencé dans le théâtre. Et j’ai toujours beaucoup de bonheur à retrouver les planches. C’est vrai que le théâtre, ça permet au comédien d’être plus créatif. Il a plus de choix dans l’expansion de son personnage. Au cinéma, on est plus limité par l’image quand on fait de gros plans. Vous êtes limité par un cadre, par une direction, vous avez peu de temps. Ce que j’aime dans le théâtre, c’est qu’on peut amplifier un sentiment sans que ce soit extravagant au niveau de l’image. On peut aller explorer beaucoup plus. On peut mettre plus d’amplitude dans le jeu. Et puis on a cette possibilité de réessayer chaque soir, représentation après représentation. On peut aller plus loin, on peut nuancer, enrichir un personnage. Et puis, quand on joue des personnages pas très réalistes, on peut aller dans des choses un peu fantasmagoriques. On peut s’amuser plus. Il y a des personnages où on peut aller de la comédie aux pleurs, sans que ça paraisse peu naturel. Il y a un personnage où je m’étais beaucoup amusée, c’est dans le film de Jérôme Cohen-Olivar, “L’Orchestre de minuit”. C’était un personnage extravagant, avec une perruque blonde, qui parlait avec un accent russe. Il y avait cette possibilité de fabriquer, d’une manière assez artificielle, mais comme un personnage peut l’être, extravagant. Je trouvais que c’était très drôle de pouvoir explorer un personnage de cette manière». 

 

Filmographie

2017 : «Operation Red Sea» de Dante Lam

2016 : «Eye in Juliet» de Kim Nguyen

2015 : «Les larmes de satan» de Hicham 

           Jebbari

           «L'orchestre de minuit» de Jérôme 

           Cohen-Olivar

            «The Red Tent» de Roger E.Young

2012 : «Derrières les portes fermées» 

             de Mohammed Ahed Bensouda

2010 : « Femmes en miroirs » de Saad Chraïbi

2007 : «Nouara» de Jamal Souissi

2006 : «Le jeu de l’amour» de Driss Chouika

2000 : «Ali Zaoua» de Nabil Ayouch  

             «Les lèvres du silence» de Hassan 

             Benjelloun.

1999 : «Histoire d’une rose» de Majid Rchich

1998 : «Destin de femme» de Hakim Noury

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