Le Matin : Le Maroc a mis en place depuis plusieurs années une stratégie nationale de sécurité routière pour lutter contre
À deux ans de son lancement, quelle évaluation faites-vous de cette stratégie ?
En adoptant la stratégie nationale de sécurité routière 2017-2026, nous nous sommes fixé pour la première fois des objectifs chiffrés sur la base d’un diagnostic bien étudié. C’est un acte ardu, délicat mais aussi engageant et décisif qui va nous permettre de mesurer l’écart entre les résultats et les objectifs. Nous estimons que c’est un processus stratégique et mobilisateur de l’ensemble des acteurs qui va nous permettre de redoubler nos efforts et réaliser de belles performances en matière de sécurité routière. Dans ce sens, une tendance baissière a été enregistrée durant les deux premières années de la mise en œuvre de la stratégie. En 2017, les accidents mortels ont diminué de 2.47% et le nombre de tués a baissé de 2.62%, soit 94 vies humaines épargnées.Cette tendance baissière a été confirmée par le bilan de l’année 2018 qui a enregistré 3.066 accidents mortels, avec une diminution de 0,62% par rapport à l’année précédente. Le nombre de morts sur les routes était de 3.485 tués, avec une baisse de -0,40% par rapport à la même période une année auparavant. Les statistiques indiquent également que le taux de blessés graves a diminué de -4,90%, atteignant environ 8.725 blessés.Ainsi, la coordination qui se fait actuellement entre les différents acteurs a abouti à des résultats encourageants. Bien que le bilan des accidents de la circulation des six premiers mois de cette année tire la sonnette d’alarme, il faut persévérer dans des actions de sensibilisation et de contrôle qui demeurent la base dans tout effort national mené dans le but d’influencer positivement le comportement des usagers de la route.Mieux encadrer le comportement des usagers de la route exige un travail de longue haleine afin d’atteindre les résultats escomptés en termes de réduction de la sinistralité routière et amélioration des indicateurs de la sécurité routière. Dans cette optique, nous restons entièrement conscients de la nécessité de développer davantage nos actions en vue de contribuer à la lutte contre l’insécurité routière dans notre pays. Comme évoqué auparavant, une évaluation des réalisations effectuées courant les deux premières années et la mise en œuvre de la stratégie nationale de sécurité routière seront lancées avec l’avènement de l’Agence nationale de la sécurité routière et de nouvelles actions seront établies pour donner un nouvel élan à ce dossier.Où se place le Maroc en matière de lutte contre les accidents de la circulation aux niveaux régional, continental et mondial ?
La comparaison entre pays en matière de sécurité routière obéit à certaines règles et normes scientifiques bien précises. En effet, les pays n’ont ni les mêmes superficies, ni la même longueur du réseau routier, ni la même taille du parc automobile, ni le même trafic routier, ni la même population, etc. De ce fait, toute comparaison basée uniquement sur le nombre d’accidents, le nombre de tués ou le nombre de blessés en chiffres absolus n’est pas significative et s’avère dénuée de tout sens. Ainsi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les organisations internationales concernées s’appuient sur un certain nombre d’indicateurs standardisés qui se présentent par ordre d’importance comme suit :• Le nombre d’accidents ou le nombre de tués rapporté au trafic routier ;• Le nombre d’accidents ou le nombre de tués rapporté au parc automobile en circulation ;• Le nombre d’accidents ou le nombre de tués rapporté à la population (100.000 habitants). Cependant, le calcul de ces indicateurs n’est pas toujours possible pour tous les pays, et ce, pour différentes raisons, notamment la disponibilité et la fiabilité des données nécessaires à ces calculs. Ainsi, seul le dernier indicateur est généralement utilisé pour effectuer cette comparaison au niveau international. En se basant sur cet indicateur, et contrairement aux spéculations sur ce sujet, le Royaume du Maroc présente un bon niveau de sécurité routière dans l’ensemble comme on peut le constater dans le graphe ci-dessous. Nous estimons que chaque accident est un accident de trop, mais la vérité scientifique montre que notre pays présente un niveau de maîtrise de la sinistralité routière meilleur à plusieurs pas dans le monde et il est leader sur le continent africain comme il est au top 10 des pays arabes. Ces statistiques qui sont nécessaires pour se comparer à l’international ne nous empêchent pas de dire que la marge de progrès pour notre pays est encore énorme et que nous avons toutes les potentialités pour y parvenir.Propos recueillis par Hafsa Sakhi
