Venus de toute l’Europe et soutenus par de jeunes manifestants pour le climat, plusieurs milliers de militants anti-charbon se sont élancés vendredi pour tenter d’occuper une mine dans l’ouest de l’Allemagne. «Nous sommes inarrêtables. Un autre monde est possible», chantaient les marcheurs. Après deux jours d’initiation à la «désobéissance civile», hors la loi, mais non violente, ils prévoient de déferler en plusieurs vagues samedi dans les immenses travées de cette mine de lignite, un charbon brun bon marché et très polluant exploité sur de vastes surfaces par le groupe RWE. «Pourquoi étudier, puisque nous n’avons pas d’avenir !», ou «Si la terre était une banque, vous l’auriez sauvée depuis longtemps», clamaient les pancartes des premiers manifestants, qui prévoient de rejoindre Garzweiler samedi pour un «soutien» direct aux occupants. Assidus dans la rue depuis des mois, et confortés par le succès des formations écologistes aux Européennes, ces jeunes souvent mineurs «sont les acteurs politiques du moment», commentait vendredi matin l’hebdomadaire «Der Spiegel». Si la moyenne d’âge ne dépasse pas trente ans, certains vétérans ont été de toutes les manifestations écologistes et occupations illégales depuis des décennies, notamment celles de sites nucléaires avant que l’Allemagne ne décide en 2011 de sortir de l’atome avant 2022. La chancelière Angela Merkel «maintient une politique qui prive littéralement les jeunes de leur avenir, mais ces jeunes sont en train de prendre le pouvoir. Ils ont des forces que je n’ai plus», dit d’une voix nouée d’émotion Günter Wimmer, 76 ans, venu de Munich en combinaison, appuyé sur sa canne. Mais le renoncement au nucléaire a prolongé la dépendance du pays au charbon, source d’une énergie plus prévisible, meilleur marché et plus facile à acheminer que l’éolien ou le solaire, et qui représente encore près de 40% de sa production d’électricité. Le gouvernement allemand vient seulement de décider son abandon d’ici 2038, échéance jugée trop lointaine par les activistes, et dépourvue pour l’heure d’un calendrier précis pour fermer mines et centrales.
Des milliers de militants climatiques déferlent sur une mine de charbon
Après deux jours d’initiation à la «désobéissance civile», non violente, les manifestants prévoient de déferler d’ici samedi dans une mine de lignite. Ph. AFP
LE MATIN
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21 Juin 2019
À 18:30
