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Le Matin : Cette rentrée est caractérisée par plusieurs réformes, qu’en pensez-vous ?
Mourad El Mahjoubi : Une réforme ambitieuse est en cours dans l’éducation marocaine depuis 2015. Elle s’étend sur tous les niveaux de scolarisation et concerne le secteur privé aussi bien que le secteur public. Certaines des mesures de cette réforme ont commencé à porter leurs fruits dès cette année : meilleur encadrement du secteur privé, une hausse du taux de scolarisation dès la maternelle jusqu’au lycée, meilleures conditions de travail des élèves avec des effectifs de classe mieux contrôlés et une meilleure formation des enseignants. D’autres réformes, notamment celles qui concernent l’éducation supérieure, sont en train de se mettre en place. On espère un effet réel sur le niveau des jeunes bacheliers d’ici deux à cinq ans. L’effet sur l’employabilité des diplômés de l’éducation supérieure sera visible d’ici cinq à dix ans.
Selon vous, quel impact de la digitalisation de l’enseignement sur les parcours de formation ?
Notre société est en pleine révolution digitale. Tous les secteurs d’activité sont touchés par cette transformation : les entreprises, les organisations doivent accompagner leur changement pour répondre aux nouvelles attentes du marché. De nouveaux usages, de nouveaux modes de communication nous amènent à nous réinventer. C’est aussi le cas pour les parcours de formation. Dans un monde où l’information est accessible de tous à tout moment, le monde de l’enseignement doit s’adapter et proposer de nouveaux formats de la transmission de la connaissance. L’avènement des plateformes, le big data, l’intelligence artificielle amènent de nouvelles approches autour de l’expérience apprenant à travers de nouvelles méthodes d’apprentissage.
Concrètement, dans l’éducation supérieure un parcours de formation standard BAC+3/4 ou BAC+5 peut être éclaté en formations certifiantes plus courtes, souvent en ligne et même en mode MOOC (Massive Open Online Course). L’apprenant pourra ensuite faire valoir ces certifications et valider un certain nombre de semestres au profit d’une formation qui confère le grade de Licence/Bachelor ou Master. Ceci commence à se faire par les grandes universités américaines et européennes.
Au-delà des formations diplômantes, la formation tout au long de la vie est largement facilitée par la digitalisation. Une certaine partie des formations en entreprise ou des formations re-qualifiantes se passent aujourd’hui dans un mode complètement en ligne ou mixte (blended). La part de ces formations format e-learning ne fera qu’augmenter dans les années à venir. La digitalisation amène donc des parcours de formation plus personnalisés, avec des outils pédagogiques plus interactifs et adaptables aux besoins des apprenants. Cela entrainera aussi une baisse du coût pour certaines formations de base, même si le coût de formation tout au long de la vie lui ne cessera d’augmenter en raison des besoins constants de mise à niveau des compétences ou de re-qualification.
Quelle place occupe le digital dans l’enseignement au sein d’emlyon business school ?
Le digital fait partie intégrante de la stratégie emlyon Business School. Nous avons intégré le digital dans l’ensemble de notre organisation grâce à un partenariat fort avec IBM depuis 2015. Nos étudiants/apprenants ont accès à un écosystème d’apprentissage par le biais de plateformes pour suivre, échanger, consulter et être reliés à leur école en continu. Le digital nous a également permis de développer des capacités pédagogiques en action learning et e-learning. La transformation opérée il y a maintenant presque 5 ans, nous a permis d’enrichir les expériences apprenants à travers de nouvelles méthodes interactives, mais également d’accélérer notre développement à l’international avec une connexion et coordination inter-campus.
Que ce soit à Lyon, Saint-Étienne, Paris, Shanghai, Casablanca et très prochainement à Bhubaneswar en Inde, nos campus sont dotés d’outils et de technologies numériques qui accompagnent nos apprenants dans leur démarche de développement. À travers concrètement nos espaces Makers’ lab, Creativity&Learning Hubs, et incubateurs nous mettons à disposition de nos apprenants un environnement complet doté de ressources numériques qui contribue à l’instauration d’une culture d’innovation.
Passer de la créativité au prototypage numérique, avoir un accès à des centaines de milliers d’ouvrages en ligne, ou encore structurer sa démarche de création de valeur dans les différentes phases d’initialisation/conception/expérimentation, d’amorçage et de premier développement est la traduction de notre signature EarlyMakers.
Concrètement, comment cela se décline-t-il au niveau des cursus que vous proposez ?
En commençant par le BBA (Bachelor in Business Administration, BAC+4), nous avons intégré dès la première année du cursus un module «Digital Skills». Ce module est composé de trois séminaires (Cloud, Intelligence artificielle et Data Science) et mène à une certification par notre partenaire IBM. Les étudiants sont également formés à l’utilisation de la bureautique, au traitement des données et à la communication en ligne. Bien évidemment, les outils
d’e-learning sont déployés tout au long du BBA.
Pour les professionnels expérimentés nous proposons le Master spécialisé Transformation Digitale, Marketing et Stratégies (BAC+6). La formation dure douze mois et adresse directement la problématique de la digitalisation telle qu’elle se pose dans le monde de l’entreprise : c’est-à-dire à l’intersection de la stratégie générale, des opérations et de la démarche marketing. Il s’agit de fournir aux apprenants tous les outils permettant de développer une stratégie de digitalisation et de transformer l’investissement digital en chiffre d’affaires, en efficience opérationnelle et en rentabilité.
Nous proposons également des formations certifiantes et des formations sur mesure qui toutes intègrent un volet digital conséquent. Finalement, nous sommes parmi les premières écoles au Maroc à proposer des MOOC (Massive Open Online Course) avec un contenu fortement ancré dans les problématiques économiques et managériales locales.
Quel rôle joue cette transformation des méthodes d’apprentissage dans le renforcement de l’employabilité des étudiants ?
Le rôle d’une école n’est plus simplement d’accompagner l’étudiant au diplôme, mais du diplôme à l’employabilité. Nous sommes convaincus que les méthodes d’apprentissages doivent relier le monde académique et le monde de l’entreprise et ceci en passant de la formation à la transformation des individus et des pratiques avec une démarche qui passe de la salle de cours à l’apprentissage expérimenté.
Nous avons un corps professoral qui combine agilement des professionnels experts reconnus dans leurs domaines et des enseignants-chercheurs qui sont à la pointe des sujets d’actualité dans le monde de l’économie et des affaires. De plus, nos méthodes pédagogiques sont conformes à notre signature «EarlyMakers», qui implique un apprentissage actif, souvent in vivo (12 mois de stage sur les 4 années du BBA, projets sur le terrain, learning trips, etc.), une exposition aux pays et cultures différents (France, Chine, Inde).
Grâce à une démarche académique basée sur l’identification des compétences requises par le marché, nous avons imaginé des formations diplômantes multidisciplinaires. Nous avons ainsi créé des formations avec des écoles partenaires dans les domaines de l’ingénierie et de la santé. C’est ce que nous appelons l’hybridation. Notre objectif est d’accélérer cette hybridation pour devenir une véritable School For Business. Les méthodes et outils d’e-learning facilitent grandement cette démarche.
Propos recueillis par Mohamed Sellam
