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«Nouveau modèle de développement, quel rôle pour l’Économie du Savoir ?»

Démocratiser le savoir, assurer l’égalité des chances face à l’accès à l’information, donner aux jeunes l’envie d’apprendre, valoriser l’information et en créer de la valeur ajoutée, redonner à l’enseignement la place qu’il mérite, créer des écosystèmes de recherche & développement… Les défis pour le passage du Maroc d’une économie traditionnelle à une économie du savoir sont de taille. Six intervenants de renom en ont dressé la liste lors de la 4e édition du Morocco Today Forum, organisé vendredi par Groupe Le Matin.

«Nouveau modèle de développement, quel rôle pour l’Économie du Savoir ?»
Reportage photos : Mohssine Kartouch, Hicham Seddik et Hassan Sradni

Quels sont les principaux défis que le Maroc doit relever pour réussir le pari de l’économie du savoir dans le cadre de son nouveau modèle de développement ? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre les six intervenants du 2e panel de l’édition 2019 du Morocco Today Forum, organisée vendredi par Groupe Le Matin sur le thème «Économie du savoir et modèle de développement, l’opportunité de l’intangible» et auquel ont assisté plus de 500 personnes.
Pour Ismail Douiri, DG du groupe Attijariwafa bank, le défi est d’ordre culturel. «Il faut oser passer d’une économie peu risquée vers une Économie du Savoir. Il faut d’abord mettre le savoir (commun, ndlr) à la disposition de tous. Ensuite, il faut protéger la propriété intellectuelle», a-t-il indiqué lors de ce panel intitulé «Nouveau modèle de développement, quel rôle pour l’Économie du Savoir ?». 
Pour Hassan Debbagh, DGA en charge de la Banque des particuliers et des professionnels à la Banque centrale populaire (BCP), le défi est plutôt lié à l’information. Celle-ci doit «être valorisée et de la valeur ajoutée doit en être créée. Il faut également faire confiance à la jeunesse et lui donner les moyens d’utiliser l’information et innover», a-t-il détaillé.
À condition d’inculquer à ces jeunes, au tout début, «l’envie de savoir, l’envie de chercher l’information qui est plus disponible et accessible aujourd’hui que par le passé», a souligné, pour sa part, Said Mouline, DG de l’Agence marocaine de l’efficacité énergétique (AMEE).
De son côté, Max Liu Hao, management director chez GJ LED Display Technology, préconise l’incorporation de l’information. «La data incorporée, les acteurs incorporés et les processus incorporés sont la clé», a-t-il estimé.
«Redonner à l’enseignement la place qu’il mérite dans la société et investir dans des écosystèmes de recherche et développement» est le principal défi aux yeux de Otmane 
El Ferdaous, Secrétaire d’État chargé de l’investissement.
Enfin, Driss Guerraoui, président du Conseil de la concurrence, a relevé deux défis. Le premier est celui de réunir les conditions pour changer radicalement la mission de l’école. Il s’agira pour elle de former à produire de l’intelligence. «Le 2e défi est celui de l’égalité des chances face à l’accès à l’information à travers la démocratisation du Savoir». Said Mouline n’a pas manqué d’évoquer, à ce propos, la place importante des femmes dans l’Économie du savoir. «Il faut combattre l’inégalité des chances. Il n’y a de richesse que d’homme avec un grand F», 
a-t-il lancé.

Côté recrutement, a noté Hassan Debbagh, il existe une quasi-parité. «Les meilleures notes au recrutement vont toujours aux femmes», a-t-il précisé. «Dans l’état actuel de l’économie et dans la majorité des entreprises développées dans les nouvelles technologies, les femmes sont presque toujours majoritaires», a renchéri Ismail Douiri. Un avis que ne semble pas partager Najat Vallaud- Belkacem : «88% des algorithmes de la planète sont écrits par des hommes. Les femmes sont malheureusement sous-représentées dans ce créneau», a-t-elle déploré. 
Certes, la politique d’investissement du pays doit permettre à des géants des nouvelles technologies d’investir au Maroc. Une manière de transférer leur savoir-faire au pays. Mais il faut préparer dès maintenant les générations futures aux exigences d’un tel mouvement. «La généralisation du préscolaire est l’un des premiers défis à relever par tout pays qui se lance dans cette voie. Le dirham le plus utile au pays est celui dépensé entre 0 et 6 ans», a estimé Otmane El Ferdaous.
Comment passer alors de l’économie traditionnelle à l’économie technologique ? «Par les expériences internationales et les expériences des Marocains acquises à l’étranger. Récupérer ces connaissances et les mixer pour ensuite les adapter aux réalités du marché est fort recommandé», a souligné Liu Hao.
Quoi qu’il en soit, pour le patron de l’AMEE, le nouveau modèle de développement ne peut être que durable. Il en veut pour exemple le programme de formation aux pompes solaires en remplacement des pompes diesel. Cependant, a-t-il nuancé, le savoir ne peut pas être que technologique.
Autre défi de taille évoqué par les intervenants, l’inclusion financière. «Nous sommes conscients de l’importance de l’inclusion financière. Nous avons lancé une profonde transformation digitale de la banque», a rappelé le responsable de la BCP. C’est un changement dans les habitudes des utilisateurs et une chance pour beaucoup d’entre eux d’accéder à de nouveaux services financiers. Autre exemple de l’inclusion financière rendue possible par l’accumulation des connaissances : «La technologie nous a aidés à mettre en place un système de scoring qui nous permet d’accorder des crédits aux TPE sans garantie à hauteur de 150.000 DH», a précisé Ismail Douiri. Une avancée qui ouvre le chemin vers le crédit basé sur l’historique, lui-même basé sur la connaissance approfondie des clients. 

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