Le nouveau modèle économique de la Caisse de dépôt et de gestion porte ses fruits. Il a insufflé au groupe une nouvelle dynamique, se concrétisant par de premières retombées, et peut même inspirer les meneurs du projet du nouveau modèle de développement du pays. C’est ce qui ressort d’une rencontre animée par Abdellatif Zaghnoun, directeur général du groupe CDG, jeudi dernier à la Chambre française de commerce et d’industrie du Maroc (CFCIM) à Casablanca, sur le nouveau modèle économique de cette institution. Le patron du groupe a avancé des exemples de concrétisations de ce modèle économique qui a permis à la CDG d’adopter de nouveaux modes d’intervention en tant acteur «expert», «co-financeur» et «investisseur stratégique» au lieu du mode «opérateur» adopté pendant longtemps. Il s’agit de la mise en place en cours d’une offre intégrée «Expertise – Financement – Investissement» à destination des régions et la mise en place de deux fonds. Le premier, baptisé «Fonds Émergence» et destiné à l’investissement dans les Métiers mondiaux du Maroc, est doté d’une capacité d’investissement de 1,7 milliard DH. Le second est le «Fonds PME», avec une taille cible de 1 milliard DH. Autre réalisation citée, le lancement du programme «212 Founders» pour l’accompagnement et l’investissement dans les startups innovantes (www.lematin.ma). Ce dernier a connu un énorme succès, avec 970 candidats en trois semaines seulement, s’est réjoui Abdellatif Zaghnoun.
Par ailleurs, cette réorientation du modèle économique de la CDG qui «fait évoluer ses modes et secteurs d’intervention à la lumière des enjeux de développement du pays» est venue après une «forte dynamique d’investissement» du groupe sur la période 2008-2018, avec 76 milliards de DH d’investissements, souligne le patron de la CDG.
Cette réorientation repose sur trois enjeux, à savoir le renforcement de la productivité des facteurs et de la création d’emploi, le déploiement effectif de la régionalisation avancée et la transition énergétique et le développement d’une économie durable.
Pour le premier enjeu, le DG de la CDG note que le Maroc a besoin d’une évolution de son modèle de croissance pour accélérer le processus d’émergence économique. En effet, relève-t-il, le Maroc réalise un taux d’investissement élevé, mais son rendement est faible en termes de productivité et d’emploi.
L’intervention de la CDG consiste, ainsi, à se positionner en tant qu’investisseur stratégique pour contribuer à la croissance de secteurs essentiels à l’émergence de l’économie nationale en répondant à leurs enjeux propres. À cet effet, la Caisse est dotée d’une capacité d’investissement de 3 milliards DH sur les 5 prochaines années, indique-t-il. Ils seront destinés à améliorer la compétitivité dans le secteur agroalimentaire, développer des écosystèmes industriels, financer les grands projets en Partenariats Public-Privé (PPP) et maximiser leur impact sur le plan de l’efficacité énergétique et appuyer la croissance de l’écosystème innovation/Tech/digital. Concernant la régionalisation, et c’est le 2e défi, la CDG se propose de contribuer au financement des collectivités territoriales (CT), en se positionnant en tant qu’expert et investisseur minoritaire aux PPP territoriaux. Pour ce qui est du 3e enjeu, la CDG se propose en tant qu’investisseur financier dans des énergies renouvelables et les PPP verts, mobilisateur de financements verts et expert au service de l’État et des CT. À ce sujet, Abdellatif Zaghnoun a révélé que la CDG est en train de créer une Société de services énergétiques (ESCO) pour la rationalisation de la consommation énergétique dans le domaine de l’éclairage public et dans les bâtiments publics. L’intervention de Zaghnoun a fait réagir Mohamed Berrada, président de la Commission économique et financière à la CFCIM, qui a appelé à transposer le nouveau modèle économique de ce groupe à l’échelle nationale !
