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«Notre objectif est de rendre la formation professionnelle plus attractive pour notre jeunesse en créant des passerelles entre les différentes composantes de notre système éducatif»

Le secrétaire d’État chargé de la Formation professionnelle, Mohammed Rherras, expose dans cet entretien accordé au «Matin» les mesures entreprises depuis le mois d’avril pour la mise en place du contenu de la feuille de route relative à la formation professionnelle. Il y explique notamment que la mise en place des Cités des métiers et des compétences occupe une place centrale dans ce chantier. M. Rherras évoque également la réflexion lancée pour la création de Villages ruraux d’apprentissage ainsi que les actions menées pour rendre plus attractive la formation professionnelle.

«Notre objectif est de rendre la formation professionnelle plus attractive pour notre jeunesse en créant des passerelles entre les différentes composantes de notre système éducatif»
Mohammed Rherras.

Le Matin : La rentrée a lieu dans le contexte de l’adoption de la feuille de route relative à la formation professionnelle, l’entrée en vigueur de la loi-cadre sur l’enseignement et suite aussi au dernier Discours Royal du 20 août qui met en avant le rôle de la formation professionnelle. Comment s’annonce donc la rentrée pour le secteur de la formation professionnelle ?
Mohammed Rherras
: Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Que Dieu Le glorifie, a accordé lors des deux derniers discours prononcés le 29 juillet 2019 à l’occasion de la Fête du Trône et le 20 août 2019 à l’occasion du 66e anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, un rôle important à la formation, en général, et à la formation professionnelle, en particulier. Cette dernière constitue, à mon sens, un axe principal du nouveau modèle économique de développement de notre pays, un levier pour la réduction des disparités sociales, notamment dans les milieux péri-urbain et rural et également un outil pour la qualification des jeunes. Ces Hautes Orientations Royales nous incitent, tous, à redoubler d’efforts pour relever ces défis et pour la mise en œuvre des chantiers structurants que le ministère a déjà engagés dans le cadre de la feuille de route pour la mise à niveau du dispositif de la Formation professionnelle présentée devant Sa Majesté le Roi, que Dieu L’assiste, et approuvée par Sa Majesté le 4 avril 2019. Dans ce contexte, une réunion de coordination a été tenue le 26 août 2019 sous la présidence de Monsieur le Ministre de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique et moi-même, à laquelle ont participé la directrice de l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) ainsi que l’ensemble des responsables centraux et territoriaux du département ministériel chargé de la Formation professionnelle et de l’OFPPT. Cette réunion a été consacrée à la mise en œuvre des Hautes Orientations Royales contenues dans les deux derniers discours, à l’examen de l’état des chantiers structurants engagés par le ministère et à la préparation de la rentrée 2019-2020.

Est-ce que tout a été fait pour répondre à ces nouvelles exigences ?
Il convient de rappeler que lors de la réunion citée auparavant, Monsieur le Ministre a donné ses instructions pour une mobilisation de tous les acteurs du système. Et ce afin de relever ces nouveaux défis, en veillant à la concrétisation des chantiers ouverts et ceux à engager dans le cadre de la feuille de route de développement de la formation professionnelle et des dispositions apportées par la loi-cadre sur l’éducation, la formation et la recherche scientifique récemment votée par le Parlement et qui vient d’être publiée.

Qu’est-ce qui a été fait depuis le mois d’avril pour l’opérationnalisation de cette feuille de route ?
Depuis la présentation de la feuille de route devant S.M. le Roi, que Dieu Le glorifie, plusieurs rencontres ont été tenues entre toutes les parties prenantes pour la préparation de la mise en place des Cités des métiers et des compétences (CMC). 
À ce propos, les terrains des quatre Cités relevant de quatre régions, à savoir Rabat-Salé-Kénitra, Settat-Casablanca, Béni Mellal-Khénifra et Souss-Massa, ont été identifiés et le marché de consultation architecturale de la CMC de Souss-Massa a été déjà lancé. Les études architecturales pour les autres sont en cours. Une large concertation a été également engagée dans le cadre des commissions sectorielles avec les différentes branches professionnelles pour la mise à niveau de l’offre de formation afin qu’elle réponde aux exigences du marché du travail.
La note de cadrage dans le projet de la loi des Finances met dans ses priorités l’opérationnalisation de la feuille de route. Quelles sont les prévisions budgétaires qui seront proposées dans ce sens dans la prochaine loi des Finances ?
Le financement des Cités des métiers et des compétences est supporté essentiellement par le Fonds Hassan II, le budget de l’OFPPT et les budgets des Conseils régionaux.

Les Cités des métiers et des compétences sont au cœur des orientations de cette feuille de route. Pouvez-vous nous expliquer comment elles seront mises sur pied ?
Ces nouvelles Cités seront conçues pour assurer des formations qui répondent aux spécificités et aux potentialités de chaque région, à la fois dans les métiers liés aux domaines d’activité porteurs de l’écosystème dans lequel elles s’implanteront, mais aussi dans les métiers du futur, tels que le digital et l’offshoring. Elles seront construites sur la base d’une prospection des terrains adaptés à ces chantiers, de lancement d’appel d’offres de construction et d’acquisition d’équipement, de recrutement du personnel… Ces actions, comme je l’ai précisé auparavant, ont été entamées et le premier appel d’offres pour une consultation architecturale est déjà lancé pour la CMC de la région de Souss-Massa.

Est-ce que d’autres acteurs sont impliqués dans ce sens et de quelle façon ?
Ces CMC seront gérées par des sociétés anonymes créées, à cet effet, en tant que filiales de l’OFPPT, dont le conseil d’administration ou de surveillance sera géré d’une manière tripartite : État, professionnels et régions. Leur gestion sera donc assurée par les professionnels.

Que va apporter la mise en application de la loi-cadre sur l’enseignement au secteur de la formation professionnelle ?
La mise en application de la loi 51-17 relative au système de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique permettra une meilleure cohérence entre les différentes composantes du système de l’éducation et de la formation et leur intégration dans un système éducatif intégré à travers la diversification des parcours et l’instauration des passerelles entre les différentes composantes du système. Elle permettra également de renforcer les passerelles entre la formation professionnelle et le tissu économique, de renouveler et de diversifier les contenus des formations d’une manière permanente et de les adapter avec les besoins en main-d’œuvre. 
Cette loi servira, par ailleurs, à valoriser la dimension régionale dans l’ingénierie de formation. Pour le secteur de la formation professionnelle, la publication de la loi 51-17 permettra de débloquer un certain nombre de textes réglementaires et législatifs qui attendaient la publication de cette loi. Il s’agit notamment du projet de loi portant sur l’orientation et l’organisation générale de la formation professionnelle publique et privée, le projet de décret portant organisation des modes de formation et fixant les conditions d’accès au niveau de formation, le projet de décret fixant les conditions de paiement des frais d’inscription aux établissements de formation professionnelle et d’autres projets de décret et d’arrêté concernant l’encadrement pédagogique et administratif et le secteur privé de la formation professionnelle.
La problématique de la langue d’enseignement fait encore débat entre les partisans de l’arabe et ceux des langues étrangères. Est-ce que le secteur de la formation professionnelle est tout aussi concerné par cette polémique et quelle langue sera prépondérante dans la formation professionnelle ?
Depuis toujours, la langue de formation au niveau du secteur de la formation professionnelle est le français. Cependant et pour favoriser l’insertion des lauréats de la formation et leur mobilité professionnelle, il reste nécessaire de développer encore les compétences clés dans les cursus de formation, notamment la maîtrise des langues vivantes, qui constitue un élément essentiel de l’adéquation formation-emploi et de l’attractivité du Maroc pour les investisseurs.

Avant l’adoption de la feuille de route relative à la formation professionnelle, des visites de prospection ont été organisées dans différents pays. Quelles sont les expériences qui sont les plus inspirantes pour le cas marocain ?
Un benchmark au niveau de plusieurs pays est constamment mené par le département de la Formation professionnelle, notamment avec l’Allemagne, la Finlande la Corée du Sud et l’Inde. Ces benchmarks nous ont permis d’alimenter la réflexion engagée pour l’amélioration du système de la formation professionnelle et la mise en œuvre de la feuille de route, en particulier sur le plan des nouveaux métiers que le ministère compte développer pour l’ouverture de nouvelles perspectives au profit de nos jeunes. Je peux citer l’exemple de l’Inde dont la politique consiste à promouvoir les initiatives privées en matière de formation professionnelle par des mesures incitatives. Ainsi, la formation dans certains domaines en Inde est dispensée selon un système dual «alternance» au regard de plusieurs raisons, notamment la qualité des formations dispensées, le coût financier et sa rentabilité économique. Par ailleurs et partant de l’expérience de la Corée du Sud, le Maroc agit pour le développement au sein des établissements de formation d’espaces dédiés à l’incubation de startups portées par les lauréats ou les stagiaires. Ce qui constitue une opportunité pour faire de ces startups un moteur de croissance économique et une voie appropriée pour cultiver l’esprit d’entrepreneuriat chez les jeunes et stimuler leurs initiatives dans ce sens.

Est-ce qu’un nouveau dispositif est prévu pour établir des passerelles entre les lauréats de la formation professionnelle et les entreprises ?
La consécration de l’entreprise en tant qu’espace privilégié de la formation constitue un axe prioritaire dans notre stratégie de développement du système de la formation professionnelle. Ainsi, plusieurs actions seront menées pour le développement de la formation en milieu professionnel, la formation par apprentissage et la formation alternée. Le développement du dispositif de la formation professionnelle est basé sur l’implication de l’entreprise depuis l’identification des besoins en formation jusqu’à l’évaluation, en passant par la mise en œuvre de la formation. D’un autre côté, nous voulons aussi développer la formation en milieu de travail à travers la formation par apprentissage et celle alternée. Ce type de formation de proximité est très important pour l’encadrement des jeunes. Pour cette raison, nous organisons un grand séminaire le 8 et 9 octobre 2019 à Marrakech qui portera sur la restructuration et l’adaptation du cadre juridique et organisationnel des deux formations précitées. Suite aux Orientations Royales contenues dans le discours de Sa Majesté le 20 août dernier, le ministère se penche en ce moment sur une réflexion pour la création de Villages ruraux d’apprentissage, en charge de l’accompagnement pour une insertion sociale et professionnelle réussie, notamment de la femme rurale, dans le cadre d’un développement durable du territoire. Ces structures donneront en outre la possibilité aux jeunes élèves ayant quitté l’enseignement primaire de bénéficier d’un niveau d’apprentissage adéquat pour un métier donné, couronné par l’obtention d’un Certificat d’aptitude professionnelle (CAP), à même de leur ouvrir des opportunités d’emploi dans le monde rural.

Est-ce que l’on peut donc parler aujourd’hui d’attractivité de la formation professionnelle ?
Effectivement, l’attractivité de la formation professionnelle est un challenge très important, car les Marocains la perçoivent comme une filière dégradante ou le choix de ceux qui n’ont pas réussi leur cursus scolaire. Ce qui est complètement faux. Les lauréats de la formation professionnelle s’insèrent facilement dans la vie active, soit en trouvant rapidement un emploi, soit par la création de leur propre entreprise. Parmi les objectifs de la feuille de route, il y a celui de rendre la formation professionnelle plus attractive pour notre jeunesse et cela en créant des passerelles entre les différentes composantes de notre système éducatif. Cela passe aussi par l’octroi de bourses aux stagiaires de la formation professionnelle (11.000 bourses l’année dernière), dans les mêmes conditions que celles de l’enseignement supérieur. L’objectif est d’arriver à 60.000 bourses. Cela passe aussi par la modernisation des méthodes pédagogiques, la restructuration des filières et le renforcement de l’adéquation formation-emploi.

Vous êtes membre du Mouvement populaire. Comment se déroulent les tractations en vue du remaniement ministériel en vue ?
Nous avons tenu une réunion mardi dans le cadre du bureau politique. L’axe majeur a porté sur le contexte politique actuel et la rentrée politique. Rappelons-le, S.M. le Roi a demandé dans son discours au Chef du gouvernement de faire des propositions, que ce soit en matière de changement de la composition du gouvernement ou des postes de responsabilité publique. Nous avons convenu, au sein du parti, de constituer une commission présidée par le secrétaire général, Mohand Laenser, et comprenant le président du Conseil national, les présidents des groupes parlementaires et deux membres du bureau politique, à savoir Mohamed Hassad et Halima Aassali. Cette commission est chargée de recevoir les demandes des intéressés, de les étudier et de les soumettre au secrétaire général pour une éventuelle présentation et proposition. C’est une nouveauté puisque c’est la première fois que nous constituons une commission pour étudier les demandes. Il y a aussi une chose très importante : S.M. le Roi a été très clair en demandant des compétences, des gens qui seraient capables de relever les défis. Donc, il faut que certains critères soient pris en comptes comme la compétence, l’expérience qui est importante et la réputation de la personne. Ce sont des critères sur lesquelles cette commission va se baser pour travailler. Bien entendu, si on n’arrive pas à trouver certains profils pour certains postes, on restera ouvert pour recevoir des compétences qui viendraient de l’extérieur. Mais, avant de commencer à parler de noms, il faudrait faire l’évaluation de l’architecture du gouvernement actuel. Il serait judicieux de la revisiter et ce n’est qu’après qu’on verra qui pourrait faire quoi.

Est-ce qu’il y a des délais à respecter dans ce sens ?
Nous, en tant que parti, on s’est donné une dizaine de jours. Mais jusqu’à aujourd’hui, le Chef du gouvernement n’a pas encore convoqué les secrétaires généraux des partis pour en parler. n

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