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Les opticiens voient rouge

Plus de 2.000 opticiens ont participé, mercredi dernier, à un sit-in devant le siège du ministère de la Santé pour exprimer leur colère et leur indignation suite à l’amendement de l’article 6 du projet de loi 45.13.

Les opticiens voient rouge

La nouvelle version du projet de loi 45.13 relatif à l’exercice des professions de rééducation, de réadaptation et de réhabilitation fonctionnelle des opticiens lunettiers, continue de susciter la polémique, entrainant un bras de fer entre les ophtalmologues et les opticiens. Après avoir provoqué la colère des ophtalmologues qui se sont manifestés devant le ministère de la Santé à Rabat, le 3 juin dernier, c’est aujourd’hui au tour des opticiens d’exprimer leur indignation face à la publication de ce texte soumis actuellement à la Chambre des conseillers. Ils étaient plus de 2.000 opticiens à participer au sit-in qui a pris place mercredi 12 juin devant le siège du ministère de la Santé. Venus de toutes les villes du Maroc, les opticiens ont répondu à l’appel du Syndicat professionnel des opticiens du Maroc qui dénonce justement la nouvelle version dudit projet de loi, et plus particulièrement l’article 6 qui les prive du droit d’exercer la mesure de l’acuité visuelle pour la correction réfractive. Selon cet article, l’opticien-lunetier ne délivre aucun dispositif médical d’optique sans prescription médicale dans certains cas. Il s’agit notamment des sujets de moins de 16 ans, l’acuité visuelle inférieure ou égale à 6/10 après correction, les amétropies fortes et presbyties en discordance avec l’âge.

Or, dans la réglementation en vigueur, l’opticien était en mesure de procéder à la réfraction et donner des lunettes aux patients âgés de plus de 16 ans. «Notre chère profession au Maroc a une longue et riche histoire au service des citoyens. C’est la seule profession “paramédicale” ou sanitaire qui était réglementée et depuis 1954 en vertu du Dahir du 4 octobre 1954 réglementant l’exercice de la profession d’opticien-lunetier. L’ancien ministre de la Santé l’avait de bonne foi regroupé par erreur dans un projet de loi 45-13 avec d’autres professions dans un but de leur réglementation. Ce projet de loi a traîné 6 ans entre le secrétariat général du gouvernement et les deux Chambres parlementaires avec un contenu qui convenait relativement aux attentes des opticiens marocains et répondait aussi à l’évolution que connaît cette profession honorable, et ce à l’échelle internationale. En 2019, nous étions surpris par la constitution d’un Syndicat national des ophtalmologistes du secteur privé qui a tracé dès sa naissance tout un programme offensif contre le secteur d’optique en utilisant des arguments injustes sous prétexte de protection de la santé visuelle. Ils refusent même la voie du dialogue et choisissent inconsciemment la voie du bras de fer», indique Mounir Ghissassi, vice-président du Syndicat professionnel des opticiens. Et d’ajouter : «Cela fait 65 ans que les opticiens pratiquent la réfraction qui est un acte incontournable qui rentre dans les tâches primordiales et les spécialités de l’opticien. Le 12 juin, journée de grève nationale du secteur de l’optique, nous sommes venus participer au sit-in pour manifester notre colère et indignation contre la prise en otage de notre profession entre différentes institutions ministérielles politiques et syndicales. Ce sit-in n’est que la première station de tout un programme long de militantisme».

En effet, les opticiens ne comptent pas s’arrêter là. Une série de manifestations et de grèves sont prévues durant les mois de juin et de juillet. Ainsi, une deuxième grève générale sera observée le 19 juin avec cette fois-ci une manifestation devant le siège du ministère de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique et une troisième grève et prévue le 26 juin avec l’organisation d’un sit-in le même jour devant le Parlement. Le 3 juillet prochain, le Syndicat professionnel des opticiens du Maroc organisera, en plus d’une grève générale, une marche du ministère de la Santé au Parlement. 

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