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Présentation de l’ouvrage «Khenifiss de Tarfaya, la légende du petit scarabée» de Karim Anegay

Réalisé dans le cadre d’un partenariat entre l’Agence du Sud, le Centre des études sahariennes et le Centre national des droits de l’Homme, «Khenifiss de Tarfaya, la légende du petit scarabée» de Karim Anegay emmène le lecteur à la découverte de cette région avec les yeux d’un voyageur qui arrive du Nord, pour traverser l’Anti-Atlas et longer les côtes du Maroc saharien jusqu’à Khenifiss.

Présentation de l’ouvrage «Khenifiss de Tarfaya, la légende du petit scarabée» de Karim Anegay

Le beau-livre «Khenifiss de Tarfaya, la légende du petit scarabée» de Karim Anegay a été présenté, la semaine dernière, à Casablanca, quelque temps après sa parution aux éditions La Croisée des Chemins (CDC). Réalisé dans le cadre d’un partenariat entre l’Agence du Sud, le Centre des études sahariennes et le Centre national des droits de l’Homme, l’ouvrage emmène le lecteur à la découverte de cette région avec les yeux d’un voyageur qui arrive du Nord, pour traverser l’Anti-Atlas et longer les côtes du Maroc saharien jusqu’à Khenifiss.
À cinq cents kilomètres au sud d’Agadir et à deux cents kilomètres au nord de Laâyoune, se trouve, en effet, le plus vaste Parc National du Royaume du Maroc, le seul au monde à réunir mer, désert et lagune. M. Anegay a expliqué à la MAP que son objectif était de braquer les projecteurs sur une région au charme envoûtant, mais qui est inconnue de la plupart des gens, soulignant, néanmoins, l’importance de préserver et protéger ses atouts naturels.

Le directeur de la CDC, Abdelkader Retnani, a estimé que ce livre doit bénéficier d’un intérêt spécial et être diffusé parmi les étudiants au niveau national pour mieux connaître une région attirant des chercheurs et des experts pour réaliser des études sur les écosystèmes naturels. Il y a une quinzaine d’années, Karim Anegay a succombé aux sirènes de cette région, alors qu’il travaillait en tant qu’assistant technique à la création du Parc national de Khenifiss (septembre 2004-mai 2006). «J’ai connu, il y a bientôt quinze ans, une région de Khenifiss âpre et sauvage, majestueuse dans son écrin de sable et d’eau. Sa beauté a sans doute été préservée jusqu’alors surtout à travers son éloignement, et attirer des foules de curieux peut remettre en question ses équilibres fragiles», a écrit Karim Anegay.
Son littoral aux déferlantes éternelles est mondialement reconnu pour la pêche à la courbine et abrite les ruines médiévales de la plus ancienne fortification coloniale sur la côte atlantique du Maroc. Son arrière-pays désertique, traversé par des rivières de sable, cache des cours d’eau pérennes inespérés à cette latitude et recèle d’innombrables vestiges du passé : fossiles marins, éclats de silex, gravures néolithiques, dunes coquillères, tumuli pré-islamiques. La lagune immaculée est un site d’hivernage pour des dizaines de milliers d’oiseaux migrateurs, en même temps qu’un point d’ancrage des pérégrinations de nomades venant y chercher l’eau des puits d’aussi loin que le Tirss, aux confins de la frontière maroco-mauritanienne. C’est ici que la faune méditerranéenne passe le relais à la biocénose du désert, à moins que ce ne soit l’inverse, et c’est ici qu’Antoine de Saint-Exupéry a rêvé la magie du Petit Prince. 

Questions à  Karim Anegay, auteur de «Khenifiss de Tarfaya, la légende du petit scarabée»

« Je forme le vœu que mon livre amène le public à aimer cette région et à la protéger»

Vous venez de publier «Khenifiss de Tarfaya», parlez-nous de cet ouvrage ?
Khenifiss signifie en arabe le petit scarabée. Le livre explique pourquoi et comment ce toponyme d’un point très particulier de la lagune de Naila s’est étendu à une région à géométrie variable, à l’image de l’espace investi par les nomades de la région, qui se dilate ou se rétrécit en fonction des pluies. Au-delà de la description des trois biomes marin, lagunaire et désertique avec leur cortège de biodiversité originale et foisonnante, quoique trop souvent en situation précaire, l’ouvrage s’attarde également sur la riche histoire d’une terre de passage, enjeu de civilisations diverses depuis le néolithique, convoitée par plusieurs puissances coloniales pour ses eaux encore généreuses en richesses halieutiques, sa position stratégique sur le tracé des routes caravanières, ou des ressources naturelles insoupçonnées que vous découvrirez en le lisant. J’ai essayé, à travers un style qui se veut à la fois léger, poétique et précis, de décrire certains aspects a priori scientifiquement complexes pour les rendre accessibles à tous.

Votre livre permet au lecteur de découvrir cette région du Royaume. Pourquoi cet intérêt particulier pour cette région ?
Cette région se trouve au centre du Maroc, à 1.200 km de Tanger et 1.100 km de Lagouira. J’y ai vécu deux ans pour la mise en place du Parc national éponyme, et cela m’a permis de me rendre compte que sa position géographique de désert, qui s’appuie sur un tracé côtier à angle droit, abritant une lagune à la diversité inattendue à ces latitudes de climat ingrat, invite à l’exploration de sa complexité, et l’on se retrouve chaque fois plus fasciné à mesure que l’on découvre ses secrets inattendus. Le désert est tout sauf vide !

Vous avez vous-même travaillé en tant qu’assistant technique à la création du Parc national de Khenifiss. C’était il y a une quinzaine d’années. La région a-t-elle gardé tout son charme depuis tout ce temps ?
Je vous remercie de poser cette question, car elle est vraiment posée à bon escient. J’ai vécu il y a 15 ans dans un village, Akhfennir, bordant le Parc national, sans eau ni électricité. Aujourd’hui, il est relié au réseau électrique national, il dispose d’une station de dessalement assurant l’eau potable, d’une dizaine de structures d’accueil et l’aéroport voisin de Tan-Tan est desservi par cinq vols par semaine. La région est donc désormais facilement accessible, ce qui pose le défi de sa gestion durable. Elle a longtemps été protégée par défaut, car peu de gens y arrivaient, mais il est possible de la conserver si on y va avec respect, et non pas dans une logique de consommation prédatrice. Je forme le vœu que mon livre amène le public à l’aimer et donc à la protéger. 

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