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Le point avec la présidente de l’Association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques

Le Dr Khadija Moussayer, Spécialiste en médecine interne et en gériatrie en libéral et présidente d’Ammais, explique que la maladie de Gougerot-Sjögren fait partie des pathologies auto-immunes dont la cause provient d’un dysfonctionnement du système immunitaire.

Le point avec la présidente de l’Association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques
La maladie de Gougerot-Sjögren se manifeste, entre autres, par la sécheresse des yeux.

Membre de l’association internationale de Gougerot-Sjogren «International Sjögren’s Network (ISN)», l’Association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (Ammais) se joint à la communauté internationale qui a mené durant tout le mois d’avril une campagne de sensibilisation à cette maladie qui touche environ 0,2% de la population, dont 90% sont des femmes. Selon le Dr Khadija Moussayer, spécialiste en médecine interne et en gériatrie en libéral, et présidente d’Ammais, cette affection fait partie des maladies auto-immunes dont la cause provient d’un dysfonctionnement du système immunitaire. «Les cellules spécialisées de ce système comme les lymphocytes, et des substances (les anticorps) sont en effet censées normalement protéger nos organes, tissus et cellules des agressions extérieures provenant de différents virus, bactéries, champignons... Pour des raisons encore non élucidées complètement, ces éléments se trompent d’ennemi lors d’une maladie auto-immune et se mettent à attaquer nos propres organes et cellules. Ces anticorps devenus nos ennemis s’appellent alors “auto-anticorps”», explique-t-elle.

Des manifestations aux conséquences potentiellement graves
Le Gougerot-Sjögren résulte d’une inflammation des glandes lacrymales et salivaires ainsi que d’autres glandes de la peau, de l’estomac ou du pancréas. «Elle est susceptible d’affecter d’autres organes comme les articulations, le foie, les poumons, les reins et le système nerveux. Elle provoque des atteintes cancéreuses, les lymphomes, dans 8% des cas, ainsi qu’une possibilité d’altération du cœur du foetus en cas de grossesse», précise le Dr Khadija Moussayer. La sécheresse des yeux se manifeste par une rougeur et un inconfort avec parfois difficulté d’ouverture spontanée des yeux au réveil le matin et possibilité de gonflement des glandes lacrymales et d’ulcérations de la cornée. L’insuffisance de la salive donne des troubles de la mastication et de la déglutition avec des douleurs buccales, surtout la nuit, et le développement de mycoses et de caries dentaires. Ces phénomènes de sécheresse peuvent aussi toucher les autres muqueuses et la peau avec un prurit et une éruption cutanée ; en cas de sécheresse de la gorge et des bronches, on aura une toux, une difficulté à avaler traduit une sécheresse du pharynx et des démangeaisons à cause de la sécheresse vaginale chez les femmes affectées par la maladie.
«Une fatigue intense est fréquente. On peut observer en outre un changement de couleur des doigts (blanchissement) appelé “syndrome de Raynaud”, des douleurs et inflammations des articulations et des muscles…», ajoute-t-elle
La sécheresse de la bouche et des yeux n’est pas exclusive à la maladie de Gougerot-Sjogren, et il faut des examens cliniques et biologiques pour la confirmer. Ces sécheresses peuvent, en effet, découler aussi de la prise de certains médicaments, de l’avancement en âge, de radiothérapie faite au niveau de la région de la tète et du cou, ou à la suite d’infections virales par l’hépatite C ou le virus du SIDA.

Des traitements pour contrôler l’évolution de la maladie
Le Dr Khadija Moussayer souligne qu’il n’existe pas de traitement radical de la maladie, «mais la sécheresse des yeux peut être contrôlée à l’aide de substituts de larmes, tout en évitant les expositions au vent, à la vapeur et à la climatisation». Et d‘expliquer : «On peut aussi réduire la sécheresse de la bouche grâce à l’emploi de salives artificielles et au maintien d’une bonne hygiène buccale, car les bactéries se multiplient davantage dans une bouche sèche». À noter toutefois que les dentifrices blanchissants sont à éviter, car ils aggravent la sécheresse de la bouche. L’inflammation de certains organes nécessite le recours à la cortisone et/ou à des immunosuppresseurs (qui réduisent l’hyperactivité pathologique du système immunitaire). Dans les cas les plus graves, on utilise les biothérapies. «Ce sont un ensemble de thérapeutiques produites à l’aide de méthodes biotechnologiques et reposant sur l’emploi d’organismes vivants (tissus, cellules, certains microbes). Elles s’opposent ainsi aux médicaments traditionnels obtenus par synthèse chimique. En ciblant spécifiquement une molécule ou une cellule clé intervenant dans le processus de la maladie, les thérapies immunologiques ont révolutionné le traitement des maladies auto-immunes. Leur champ d’application est d’ores et déjà large et, dans un avenir proche, leur utilisation thérapeutique sera prédominante.  Le seul problème -et il est de taille- est que ces nouvelles molécules sont 
d’un coût élevé : 60.000 DH au minimum pour un traitement», déplore Dr Khadija Moussayer. 

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