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R. Redford : «Tout ce que je peux conseiller à un jeune acteur est de faire attention à ce qui l’entoure»

La 18e édition du Festival international du film de Marrakech a été ponctuée par la deuxième édition de la section «Conversation with» qui a attiré, pour chaque invité, un public nombreux. Douze grands noms du cinéma mondial y étaient conviés, notamment Marion Cotillard, Harvey Keitel, Goshifteh Farahani, Hend Sabry, Bertrand Tavernier, Sergei Loznitsa, Elia Suleiman, Luca Guadagnino, Priyanka Chopra Jonas, Roschdy Zem, Jeremy Thomas et la star américaine Robert Redford.

R. Redford : «Tout ce que je peux conseiller à un jeune acteur est de faire attention à ce qui l’entoure»
Robert Redford.

Robert Redford, qui a reçu un vibrant hommage lors du FIFM, a pu drainer plus de 500 personnes, entre professionnels, étudiants, journalistes et passionnés de cinéma, qui ont été séduits par sa spontanéité, sa simplicité et la sincérité de ses propos. Pendant 1 h 30, Robert Redford a pu répondre à toutes les questions le plus naturellement possible. Il est remonté loin dans son enfance, qu’il considère, actuellement, comme une période de rêve et de bonheur. «En étant enfant, j’avais hâte de devenir adulte. Alors qu’adulte, je suis désolé que l’enfance soit passée. Ce qui me manque, ce sont ces rêves et ces joies d’aller voir Walt Disney au cinéma le weekend. Ce qui me manque aussi, avec cette nouvelle technologie, ce sont ces moments où on rentrait au cinéma. 
C’était une véritable magie qui n’existe plus», se remémore ce grand artiste, devenu acteur par conviction et non par pur hasard. Selon lui, le choix de ce métier était en relation avec sa recherche de la liberté et de personnages divers qu’il a trouvés dans le cinéma, influencé en cela par beaucoup d’auteurs, mais tout en gardant un esprit critique. «C’est difficile de ne pas être critique envers l’Amérique», souligne-t-il.

En évoquant ses souvenirs de la guerre mondiale, Robert Redford se remémore les actions de solidarité contre le fascisme et le nazisme. «Actuellement, nous vivons dans une période sombre. Un vent noir souffle sur tous les pays, poussé par ce besoin avide de pouvoir. Dans ce cas, il faut être très attentif à ce qui vous entoure dans les plus petits détails. C’est ce que je peux dire, parce que je ne suis pas le mieux placé pour donner des conseils. Étant donné qu’on ne connaît pas la vérité, on va avec notre instinct». En tant que socialiste, Robert Redford trouve qu’il est sain de remettre en question les pouvoirs. «Pour échapper au système, il faut essayer de trouver la vérité». En lui demandant de définir ce qu’est la liberté, le célèbre acteur et réalisateur atteste que c’est difficile d’y répondre. «Ce n’est pas toujours facile d’être libre. On doit parfois abandonner de bonnes choses pour l’être». 

Mais, en se comparant avec les jeunes d’aujourd’hui, Robert Redford trouve qu’ils ne sont plus engagés, comme à son époque. «Les jeunes ne s’impliquent plus. Ils sont contre tout. Ils ont une vision étroite. Alors que la vie est plus complexe, elle n’est pas unidimensionnelle. Donc, ils doivent ouvrir leur esprit et avoir d’autres idées. Les jeunes de notre génération étaient plus mobilisés. Pour ma part, j’étais obsédé par ma carrière. Mais quand j’ai commencé à faire de la réalisation, c’est devenu un débat pour moi de partir à la guerre ou non». D’où sa critique de la société qu’il trouve légitime, en tant qu’artiste. «C’est le rôle de l’art, qui rend les artistes plus honnêtes et plus directs, pour créer un équilibre, sinon toutes les choses s’effondrent». C’est ce qu’il essaye de dire dans les films qu’il réalise. «Car quand je suis acteur dans un film, je suis sous la guidance d’un autre, tout en restant un peu moi-même, du fait que je suis un artiste avant d’être un acteur», précise Robert Redford, qui dit que relever les défis est très intéressant pour un acteur qui doit être immergé dans son rôle, devenir le personnage et le porter comme un manteau. «C’est ça le défi, mais sans se perdre dans le personnage. C’est pour cela que je ne me considère pas comme un acteur d’Hollywood. Car je voulais être un acteur sérieux. Et j’ai été à New York». D’ailleurs, en créant le festival Sundance, mon objectif était de donner la parole à ceux qui ne l’ont pas. «L’idée d’indépendance m’intéressait. Je voulais donner la chance à ceux qui la méritent», renchérit cet artiste hors pair, dont le bonheur pour lui est très relatif. «Je peux être heureux rien qu’en voyant mes enfants et mon épouse heureux». 

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