Le Président sud-africain Cyril Ramaphosa, dont l’administration est pointée du doigt pour son incapacité à redynamiser la croissance économique au point mort depuis plusieurs années, a lancé, lundi, une nouvelle offensive de charme, avec un diagnostic «réaliste» des obstacles qui entravent le décollage d’un pays souffrant d’inquiétants déficits sociaux. Porté à la tête du pays en février 2018 avant d’obtenir un mandat électoral suite à la victoire du Congrès national africain (ANC) lors des élections générales de mai dernier, Ramaphosa, connu pour ses compétences managériales, a mis le doigt, dans un premier message hebdomadaire à la Nation, baptisé «From the Desk of the President» (du bureau du Président), sur les défaillances d’une Afrique du Sud incapable de renouer avec la croissance des années fastes ayant suivi la fin de l’apartheid en 1994.
Le constat est sans appel. Le patron de l’Union Buildings (quartier général du gouvernement à Pretoria) passe aux actions à entreprendre pour redonner des ailes à cette économie sud-africaine comptant parmi les plus industrialisées du continent africain. Dans la foulée, il a annoncé à ses compatriotes qu’une nouvelle stratégie de croissance serait dévoilée dans les semaines qui viennent. Le Chef de l’État n’a pas divulgué tous les détails de ce nouveau plan de relance, se limitant à dire que la feuille de route devra porter notamment sur la restructuration des entreprises publiques et le renforcement du fonds pour le développement des infrastructures.
Tout en relevant «la franchise» avec laquelle Ramaphosa a abordé les problèmes du pays, les analystes s’interrogent si la sortie de lundi s’inscrit dans le cadre d’un plan d’action réel ou d’«un simple exercice de relations publiques». «Ce qu’il faut maintenant, c’est l’action et non pas de nouveaux plans», indique Wandile Sihlobo. «Ramaphosa a parfaitement raison sur un seul registre : une grande partie de la confiance dont jouissait le pays il y a 20 mois s’est dissipée», lance Sihlobo, qui figure parmi les membres d’un conseil consultatif économique, mis en place la semaine dernière par Ramaphosa dans le but de redynamiser la croissance économique.Au milieu de divisions qui déchirent l’ANC, au sein duquel des poches de résistance de l’ère Zuma sévissent toujours, Ramaphosa est appelé à se montrer plus agressif dans ses efforts visant à sortir le pays de sa léthargie. Ramaphosa doit se défaire du caractère institutionnaliste qui a marqué son action depuis son arrivée au pouvoir, estime Judith February, analyste à l’Institut des études sécuritaires de Pretoria, soulignant que «le pays est las de voir Ramaphosa se contenter de réagir constamment aux événements qui se déroulent dans le pays, comme les manifestations sociales ou les violences xénophobes». Les commentateurs estiment qu’une telle attitude affaiblit la capacité du Président à définir le débat national et encourage ses détracteurs dans leurs tactiques visant à reporter la mise en œuvre de réformes salutaires pour l’avenir du pays.