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Les recommandations de McKinsey pour un meilleur partenariat

Le Maroc n’est pas suffisamment opportuniste dans ses relations avec la Chine et du chemin reste à parcourir pour parvenir à des relations économiques et commerciales plus équilibrées. C’est ce qui ressort d’une analyse de McKinsey & Company. Le cabinet énumère les leviers à activer par le Royaume pour attirer davantage d’investissements chinois et exporter plus franchement vers ce pays asiatique.

Les recommandations de McKinsey pour un meilleur partenariat
En 2017, le Maroc a exporté pour 2 milliards de dollars de produits agricoles, mais seulement 0,2% a été réalisée sur le marché chinois.

Le Maroc ne tire pas suffisamment profits de ses relations économiques avec la Chine, selon le Cabinet McKinsey & Company. Entre 2007 et 2017, les investissements directs du pays asiatique au Maroc se situaient derrière ceux d’une vingtaine d’autres pays. Aujourd’hui, la seule dimension à travers laquelle la Chine a des liens économiques forts avec le Maroc est le commerce : la Chine est le troisième partenaire commercial du Royaume. «La relation est cependant déséquilibrée, la Chine exportant 13 fois plus de biens vers le Maroc qu’elle n’en importe depuis ce pays», relèvent François Jurd de Girancourt, directeur associé de McKinsey & Company en Afrique, et Irene Yuan Sun, Associate-Partner du cabinet aux États-Unis. Dans leurs analyses : «Maroc et Chine : où en est-on dans le partenariat ?», les deux experts soulignent que l’engagement économique de la Chine au Maroc reste modeste lorsque mis en balance avec l’engagement de la Chine sur le reste du continent africain. «La Chine est maintenant le plus grand partenaire commercial du continent, le plus grand contributeur en termes d’Investissements directs étrangers (IDE), celui avec la plus forte croissance des IDE, le plus important bailleur de fonds étatique pour les infrastructures et l’un des principaux donateurs en matière d’aides du continent».  Dans ce tableau, le Maroc est présenté comme une simple passerelle commerciale de la Chine vers les pays d’Afrique de l’Ouest, estiment les analystes.  Par ailleurs, les principales banques marocaines ont les réseaux africains pour accompagner les entreprises chinoises sur l’ensemble du continent. Du côté marocain, l’espoir est qu’en attirant les investissements chinois, le Maroc connaisse une croissance industrielle plus rapide, une augmentation des opportunités d’emploi local ainsi que des transferts de technologie. Du côté chinois, «nous voyons trois raisons pour cet intérêt croissant pour le Maroc. Premièrement, le Maroc offre un niveau de stabilité politique attrayant. Deuxièmement, le Maroc constitue une passerelle vers l’Europe pour les entreprises chinoises. Ses coûts de main-d’œuvre sont concurrentiels, ses infrastructures de transport relativement bonnes, et le royaume possède un statut commercial préférentiel avec l’Union européenne et les États-Unis». «Une question difficile reste à résoudre. La relation peut-elle être équilibrée ?», s’interrogent François Jurd de Girancourt et Irene Yuan Sun. Tout d’abord, il est utile, selon les analystes, que les pays africains aient une «Stratégie Chine» intégrant une réflexion sur la manière dont les objectifs nationaux peuvent bénéficier des investissements chinois. Concrètement, «les pays africains ayant le mieux réussi ont délibérément investi dans des administrations capables de dialoguer avec leurs contreparties chinoises». Dans le cas du Maroc, l’objectif étant de faire participer le gouvernement et les investisseurs chinois à l’élaboration d’accords de transfert de technologie et à la création de programmes éducatifs conjoints, comment favoriser des joint-ventures pour permettre de substituer la production locale aux importations chinoises ? Un autre exemple concerne les infrastructures : comment le Maroc peut-il mettre à profit sa participation à la Nouvelle Route de la Soie (BRI) pour faire progresser ses objectifs d’infrastructure nationaux ? 

L’agriculture, un levier pour réduire le déficit commercial 
L’agriculture pourrait être un autre moyen de réduire le déséquilibre commercial entre le Maroc et la Chine, recommandent les auteurs de l’étude. En 2017, le Maroc a exporté pour 2 milliards de dollars de produits agricoles, mais seulement 0,2% a été réalisé sur le marché chinois. «Une analyse pourrait être faite pour déterminer quelles exportations agricoles marocaines seraient adaptées au marché chinois et quelles mesures pratiques (par exemple, foires commerciales dédiées, règles phytosanitaires) pourraient être adoptées pour encourager les exportations agricoles marocaines vers la Chine». Cela pourrait contribuer à donner aux relations sino-marocaines une assise plus équilibrée et pérenne.
En tout cas, bien que les relations sino-marocaines économiques soient encore émergentes, une accélération récente est observée. En mai 2016, un partenariat stratégique entre les deux pays a été convenu lors de la visite de S.M. le Roi Mohammed VI en Chine. Cela a donné naissance à une série d’initiatives, notamment l’adhésion officielle du Maroc à la BRI en 2017, une exemption de visa pour les touristes chinois se rendant au Maroc, plusieurs partenariats industriels (construction de chemins de fer, énergies renouvelables, etc.) et la construction prévue d’une ville industrielle près de Tanger (Tanger Tech) par une entreprise chinoise.Les IDE chinois au Maroc ont fortement augmenté depuis cette Visite Royale. «En 2017, le pays a reçu 90 millions de  dollars américains en IDE en provenance de Chine, soit le double de celui de 2015. Plusieurs entreprises chinoises ont annoncé des investissements au Maroc, qui prévoit 500.000 touristes chinois par an d’ici 2020, contre 120.000 en 2017. Le lancement attendu d’une liaison aérienne directe entre la Chine et le Maroc d’ici la fin de l’année et l’organisation d’événements culturels entre les deux pays laissent présager des relations bilatérales croissantes». 

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