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Ce que recommande la Cour des comptes à la CDG

La Caisse de dépôt et de gestion a fait l’objet d’une mission réalisée par la Cour des comptes, dont le rapport a été publié hier. Cette juridiction financière recommande à la CDG de se recentrer sur son métier de base, notamment la conservation et la gestion des fonds d’épargne. Ce qui implique la sortie d'activités concurrentielles comme le logement social. Dans sa réponse à la Cour, le groupe rappelle que sa nouvelle stratégie dévoilée en 2017 privilégie les modes d'intervention «expert», «co-financeur» et «investisseur» au lieu du mode «opérateur» adopté pendant de longues années.

Ce que recommande la Cour des comptes à la CDG
La CDG devra, selon la Cour des comptes, assortir ses choix stratégiques de plans opérationnels réalisables suivant un échéancier précis et de mécanismes d’évaluation et de suivi.Ph. Saouri

La Caisse de dépôt et de gestion (CDG) est appelée à revoir son modèle économique pour une contribution améliorée et durable au développement économique et social du pays. La révision du positionnement de cette institution publique créée en 1959, et qui est à la fois un organisme de la sécurisation de l’épargne nationale et un investisseur institutionnel, émane de la Cour des comptes. Cette juridiction financière recommande, en effet, à la CDG de se recentrer sur son métier de base notamment la conservation et la gestion des fonds d’épargne.

Ce recentrage devra ainsi permettre à la CDG de revenir aux fondamentaux de son métier initial. En fait, rappelle la Cour des comptes, jusqu’aux années 1990, la CDG, qui, «depuis sa création, a connu des mutations profondes», était focalisée essentiellement sur la collecte de l’épargne et l’investissement, notamment dans les bons du Trésor et le foncier. Depuis le début des années 2000, elle a diversifié son activité à des domaines relevant du développement économique et social. De ce fait, elle a porté le nombre de ses entités consolidées de 80 en 2007 à 143 en 2017.
La Cour des comptes recommande également à la CDG d’étudier l’opportunité de sortir de l’activité «bois», des sociétés de services aux entreprises et des sociétés de développement local. Et pour cause, la filière bois est structurellement déficitaire et détruit de la valeur, selon les conclusions du rapport. De même, l’examen des performances de l’activité «sociétés de développement local» fait ressortir que celle-ci détruit de la valeur puisque la contribution au résultat consolidé de CDG-Développement est structurellement déficitaire. Concernant l’activité services, certaines sociétés opérant dans ce secteur connaissent des difficultés d’exploitation. L’autre grande recommandation de la Cour des comptes pour la CDG consiste à réorganiser le secteur touristique et étudier l’opportunité de sortir de l’exploitation directe des unités hôtelières. Une recommandation qui repose notamment sur les mauvais résultats de cette activité. En effet, de 2008 à 2017, l’activité touristique enregistre des résultats négatifs et une participation structurellement négative au résultat du groupe CDG, relève le rapport. Celui-ci indique notamment que «l’engagement important du groupe CDG dans le secteur touristique n’est pas suffisamment encadré par des règles relatives à la rentabilité minimale, le niveau de risque maximal, l’horizon d’investissement, la stratégie de sortie, les limites d’exposition en ce qui concerne l’investissement maximal et le risque de se substituer au secteur privé sachant que CDG intervient sur toute la chaîne de valeur y compris l’exploitation hôtelière». La Cour recommande également à la CDG de sortir du segment d’activité «logement économique et social» où elle opère à travers sa filiale CGI. En fait, la contribution de la filiale de la CGI, Diyar Al Mansour, aux résultats du groupe est devenue négative en 2016 et s’est accentuée en 2017 avec -209%.

En matière de gouvernance, les services de Driss Jettou incitent les pouvoirs publics à procéder à la refonte du cadre juridique et institutionnel régissant la CDG, de manière à ce qu’elle se conforme aux meilleures pratiques de gouvernance d’entreprise, renforce le dispositif de contrôle interne et se dote d'un dispositif de gestion des risques à l’échelle du groupe. Concernant la stratégie et le pilotage, la CDG devra, selon la Cour des comptes, assortir ses choix stratégiques de plans opérationnels réalisables selon un échéancier précis et de mécanismes d’évaluation et de suivi et renforcer les mécanismes de pilotage afin d’assurer un suivi rapproché des filiales et participations. S’agissant de la gestion des participations directes, la juridiction financière appelle la CDG à formaliser les règles encadrant la gestion de ce portefeuille en ce qui concerne la concentration des investissements, l’exposition par secteur et par contrepartie. Elle l’appelle aussi à renforcer la fonction pilotage des filiales et participations afin de s’orienter vers une organisation cible permettant la redistribution des rôles entre les différents intervenants en vue d'exercer un suivi efficace permettant d’éviter les chevauchements et la dilution des responsabilités. Il s'agit aussi de mettre en place une politique clarifiant les règles de remontée des dividendes par les filiales et participations et revoir celles qui ne le font pas.
En ce qui concerne le pilotage financier des investissements, la Cour recommande à la CDG de suivre, de manière régulière, l’adéquation entre le montant des fonds propres et les risques encourus et de prendre les mesures pour rééquilibrer la part des différentes catégories d’actifs (actions, obligations, foncier et monétaire) pour une allocation optimisant le rapport risque/rendement. Enfin, la CDG est appelée à déployer plus d'efforts pour réduire son exposition au risque de taux et de liquidité à travers un pilotage adéquat de l’équilibre ressources/emplois. 


La réponse de la CDG

Réagissant au rapport de la Cour des comptes, le groupe CDG a répondu point par point aux remarques soulevées. De manière générale, il note que le déploiement de la nouvelle stratégie (annoncée en juin 2017) sera l'occasion d'un recentrage de la CDG sur ses métiers de base. Elle privilégiera, explique-t-il dans sa réponse qui figure dans le même rapport, les modes d'intervention «expert», «co-financeur» et «investisseur» par rapport au mode «opérateur» adopté pendant longtemps par le groupe. «Ces nouveaux modes permettent de gagner en capacité d'intervention tout en gérant au mieux les risques du groupe», note le bras financier de l'État. Il fait également remarquer qu’un travail de restructuration du portefeuille lié à la filière bois a été initié, ainsi que la cessation d'activité de SF-CDG et Cellulose du Maroc, dont la cession de l'outil de production a été initiée via un appel à manifestation d'intérêt. Concernant une activité connexe à la filière bois, CDG a procédé, courant 2017, à la cession de la totalité de sa participation au niveau de la société de fabrication du papier Med Paper.
S’agissant de l'activité touristique, le groupe indique que sa réorganisation a été initiée et se poursuit à travers le regroupement des actifs au sein de Madaef qui assurera la fonction «propriétaire», la sortie progressive du périmètre des actifs non stratégiques et le recentrage sur les actifs à fort potentiel. Les futurs investissements dans des projets hôteliers seront, quant à eux, réalisés «dans une logique minoritaire et purement financière». Pour ce qui est du développement des stations touristiques, les efforts de la CDG seront concentrés sur les deux stations de Saidia et Taghazout, note le groupe. En ce qui concerne le logement économique et social, la restructuration Diyar Al Mansour a été amorcée «pour en faire un promoteur immobilier performant».

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