Toujours appréciées par les mélomanes, dont la jeune génération, les Qssaid du Melhoun font l’éloge d’une civilisation très ancrée dans nos traditions ancestrales. Adnane Sefiani a souhaité les faire revivre d’une manière plus moderne dans son album «Le Melhoun d’aujourd’hui : Des Qssaids que nous avons aimées», et ce, en choisissant des titres très connus comme
«Al Oum», «Aari Alik ya Mohammed», «Ghita», «Fatma» et «Al Barraqiya».«L’idée de cet album ne date pas d’aujourd’hui, parce que cela fait déjà quelque temps que j’ai entrepris des recherches dans ce répertoire à travers des rencontres avec Al Mouchidine les plus connus et des spécialistes dans le domaine.
J’ai voulu prendre tout mon temps pour présenter un travail avec une certaine touche de créativité dans le jeu et le chant, afin que la majorité du public puisse le déguster et en comprendre l’essence.
Surtout ceux qui n’ont aucune connaissance de ce genre musical qui présente, à travers ses Qssaid, des images de la société et des messages très forts concernant plusieurs sujets encore d’actualité», souligne Adnane Sefiani.
Sachant que ce style musical a pu subsister grâce à sa notoriété et son enracinement dans la tradition marocaine, Adnane Sefiani a veillé à conserver cette authenticité en gardant au Melhoun sa propre rythmique et un jeu simple, tout en restant fidèle à son âme et son esprit, même avec le rajout d’autres instruments comme le Banjo et le synthétiseur.
«Pour plus de diffusion de ce style, je m’apprête très prochainement à présenter cet album sur les réseaux sociaux avec images et sous-titrages. Il y a, aussi, un projet avec le professeur et critique d’art Younes Kindil qui est en train de faire la traduction en français des Qssaid du Melhoun. C’est une expérience que je vais entamer avec lui, moi en chantant en arabe et lui en faisant la traduction, pour élargir la sphère du public.
Le but étant que cette musique puisse s’ouvrir à d’autres pays étrangers, pour qu’ils puissent la savourer et l’apprécier à sa juste valeur», ajoute le chanteur Adnane Sefiani.
Un vrai exploit du fait que sa reprise du Melhoun n’a, en aucun moment, touché l’âme et le fonds des morceaux séculaires de cet art, dont la poésie est née au Maroc, et plus précisément à Tafilalet, au XIIe siècle à l’époque de la dynastie Almohade. Puis, le Melhoun a commencé à se répandre à d’autres villes, notamment Marrakech, Fès, Meknès, Salé, Errachidia et Taroudant.
Mais, il faut dire que cet art populaire, de tradition orale, n’a fait son entrée à l’Académie du Royaume du Maroc qu’au XXe siècle grâce à l’académicien et ancien ministre Mohamed El Fassi qui édite l’ouvrage «Maalmat Al Melhoun» ou «Encyclopédie du Melhoun» en 1997.
Parcours
Natif de Salé en 1966, Adnane Sefiani s’est imprégné de tout ce qui est patrimonial, depuis son jeune âge où il accompagnait son grand-père dans les Zaouïas, lieux par excellence du Dikr, Samaa et Madih. Son talent a commencé à être perçu par beaucoup de Chioukh. Ce qui l’a motivé à intégrer le Conservatoire Moulay Rachid de la musique andalouse pour avoir une formation académique, suite à celle prodiguée par son frère Abdesslam Sefiani qui lui a appris toutes les premières règles de l’art andalou. Puis, il s’est lancé dans l’univers de la chanson andalouse avec, à chaque fois, une nouvelle expérience, notamment celle de «La Musique andalouse de nos jours», puis ce récent projet avec le Melhoun auquel s’ensuivront d’autres très
prochainement.