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Saaïd Amzazi : La formation professionnelle au cœur du nouveau modèle de développement pour le Maroc

La formation professionnelle est plus que jamais placée au cœur du nouveau modèle de développement pour le Maroc. Selon le ministre de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Saaïd Amzazi, le discours que Sa Majesté le Roi Mohammed VI a adressé à la nation à l’occasion du 66e anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple a confirmé cette tendance.

Saaïd Amzazi : La formation professionnelle au cœur du nouveau modèle de développement pour le Maroc

Le Discours Royal «a plus que jamais placé la formation professionnelle au cœur du nouveau modèle de développement pour le Maroc en soulignant les enjeux qui lui sont liés et en mettant en exergue la vulnérabilité des populations rurales et périurbaines qui doivent bénéficier d’une offre scolaire et de formation renforcée, à même de leur faire acquérir des compétences professionnelles garantissant leur insertion dans la vie active», a relevé M. Amzazi dans un entretien accordé mercredi à la MAP. Il a fait observer, dans ce sens, que la formation professionnelle constitue en effet un «secteur déterminant pour l’avenir de notre pays, dans la mesure où elle impacte directement notre croissance économique. Car ce n’est qu’en formant une main-d’œuvre qualifiée, capable de répondre aux exigences des différents secteurs productifs de notre pays et de faire le poids face à la mondialisation du marché du travail, que nous pourrons doter notre économie d’une meilleure compétitivité».
Le ministre a, de même, estimé que la formation professionnelle, qui se veut un «facteur conséquent d’enrichissement de notre capital humain», doit constituer en outre le levier prioritaire et majoritaire de l’insertion des jeunes dans la vie active, relevant par ailleurs que ce secteur est l’une des voies majeures à prendre en compte pour réduire les disparités territoriales, de nouveau évoquées lors du dernier Discours Royal, notamment en focalisant sur le monde rural.

Dans ce cadre, et conformément aux Hautes Instructions Royales, le ministère de l’Education nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, de concert avec les autres départements ministériels, va programmer pour le monde rural, dans la feuille de route relative au secteur de la formation professionnelle, une multiplication des formations liées au domaine agricole. Cette feuille de route prévoit également la mise en place de filières de valorisation des autres opportunités et potentialités que recèle le monde rural, telles que le tourisme rural, l’artisanat ou encore l’industrie du terroir, a tenu à préciser M. Amzazi dans cet entretien qui intervient au lendemain du discours que S.M. le Roi a adressé mardi soir à la Nation à l’occasion du 66e anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple.
Selon le responsable, il s’agit d’une approche pour laquelle le ministère préconise la mise en place de Villages ruraux d’apprentissage, en charge de l’accompagnement vers une insertion sociale et professionnelle réussie, notamment de la femme rurale, dans le cadre d’un développement durable du territoire. Ces structures donneront en outre la possibilité aux jeunes élèves ayant quitté l’enseignement primaire de bénéficier d’un niveau d’apprentissage adéquat pour un métier donné, couronné par l’obtention d’un Certificat d’aptitude professionnelle (CAP) à même de leur ouvrir des opportunités d’emploi dans le monde rural.
Par ailleurs, toujours dans le cadre de la feuille de route relative à la formation professionnelle, le ministère, avec ses partenaires et les différents opérateurs concernés, va s’atteler à opérer une véritable mise en adéquation objective et prédictive de la carte de formation avec les besoins du marché de l’emploi national. «Celui-ci a connu ces dernières années de grandes mutations et exige de nouvelles compétences depuis l’instauration du plan d’accélération industrielle et la croissance des investissements directs étrangers au Maroc», a indiqué M. Amzazi. Le responsable a ajouté que l’offre de formation sera également déployée en fonction des spécificités et des potentialités de chaque région en matière de secteurs d’activités, tels que l’industrie, l’industrie navale, l’agriculture et l’agro-industrie, la pêche, le tourisme-hôtellerie ou encore l’artisanat.
De plus, la dimension de l’évolution des métiers sera également prise en compte en multipliant les formations dans les métiers du futur, tels que ceux de l’intelligence artificielle, du digital-offshoring ou encore des industries propres, a-t-il insisté, annonçant que ces filières seront déployées au sein des Cités des métiers et des compétences, structures multisectorielles et multifonctionnelles dont chaque région du Maroc sera dotée à partir de 2021.

Et le ministre de poursuivre que cette même feuille de route préconise une modernisation des approches pédagogiques, notamment en privilégiant la formation en milieu professionnel par alternance et en apprentissage, des actions qui seront particulièrement facilitées par la présence de ces Cités des métiers et des compétences au cœur d’écosystèmes identifiés au niveau régional.
Il s’agit là d’un programme ambitieux et prometteur, impulsé par la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui permettra sans aucun doute une amélioration de l’employabilité des jeunes, une réduction des disparités territoriales et une meilleure compétitivité des entreprises nationales, a relevé M. Amzazi. Dans ce sens, le responsable a fait observer que sa mise en œuvre se verra en outre sécurisée et institutionnalisée par la loi-cadre de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique récemment adoptée, qui constitue désormais un cadre imposable pour tous les acteurs du développement socio-économique marocain.
Pour le responsable marocain, ce secteur incarne le levier d’employabilité par excellence. «Dans un monde globalisé où de nouveaux métiers ne cessent d’émerger tandis que d’autres disparaissent, et où les compétences deviennent très vite obsolètes au regard des exigences de l’entreprise, la formation professionnelle incarne le levier d’employabilité par excellence, puisqu’elle se focalise sur l’acquisition de compétences directement en lien avec les réalités économiques», a-t-il souligné dans cet entretien. Il s’agit, selon le ministre, d’un outil efficace pour permettre aux jeunes d’accéder rapidement à un emploi décent, de pratiquer une activité génératrice de revenus, ou de créer leur propre entreprise.

M. Amzazi a toutefois fait observer que le défi pour le Maroc est double : il s’agit d’une part d’inclure dans le développement économique et social une population jeune de plus en plus nombreuse, fortement impactée par le chômage et qui compte tout de même près de 2 millions de NEET (Not in Education, Employment or Training, ni étudiant, ni employé, ni stagiaire), et en même temps de former une main-d’œuvre suffisamment qualifiée pour permettre au tissu économique de s’intégrer avec succès à la concurrence mondiale. Le ministre a relevé que pour cela, «la feuille de route nationale de mise à niveau de la formation professionnelle et de valorisation des métiers prévoit de se pencher notamment sur la catégorie des jeunes en situation de vulnérabilité, à savoir les NEET et les jeunes œuvrant dans l’informel, en leur proposant des programmes de requalification et des formations de courte durée».

Dans cet entretien, M. Amzazi a néanmoins fait remarquer que face à l’ambition louable de cette feuille de route et aux nombreux enjeux qui en découlent pour l’avenir du Maroc, «persistent de nombreux préjugés inhérents à la voie de la formation professionnelle, qui peuvent lourdement impacter notre stratégie, si aucune action n’est envisagée dans ce sens». Il a indiqué à cet égard que le changement des mentalités pour revaloriser la formation professionnelle et ses débouchés aux yeux des Marocains sera l’une des ambitions du nouveau système d’orientation scolaire, professionnelle et universitaire qui sera mis en place.
En effet, comme le souligne S.M. le Roi dans Son Discours, l’obtention du baccalauréat et l’accès à l’université ne sauraient constituer un aboutissement en soi, et les jeunes Marocains doivent se soucier également d’acquérir une formation et un savoir-faire à même de leur ouvrir des perspectives d’insertion professionnelle concrètes, a estimé le ministre. Il a ajouté dans ce sens que l’un des défis du nouveau système d’orientation sera d’œuvrer à inverser la tendance actuelle d’orientation des bacheliers, qui se fait à 75% vers la voie de l’enseignement supérieur contre seulement 25% vers la formation professionnelle.
Dans ce cadre, et conformément aux Hautes Instructions Royales, le ministère prendra de nouvelles mesures pour inverser cette tendance, en plus de celles déjà prises à la rentrée 2018-2019. Il s’agit de renforcer l’offre du Baccalauréat professionnel et d’augmenter considérablement le nombre de bourses attribuées aux stagiaires de la formation professionnelle, a-t-il précisé. «Avec la mise en œuvre de ce nouveau processus, le travail d’orientation débutera de manière précoce en mettant en exergue la découverte des métiers et du monde professionnel, et en prenant en compte les aptitudes et les aspirations des élèves, ceci afin de les inciter à opter pour la voie professionnelle en connaissance de cause, au lieu de subir un choix imposé», a souligné le ministre. 

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