Le Matin : Quelle lecture faites-vous de la dynamique des relations d’affaires entre le Maroc et l’Espagne ?
Comment voyez-vous l’avenir et quels sont les leviers de croissance des partenariats win-win entre les opérateurs économique espagnols et marocains ?
Le secteur des énergies renouvelables ouvre un nouveau terrain d’interactions commerciales entre les deux pays et cela ne se limite pas au secteur énergétique seulement. En effet, il existe des effets multiplicateurs. Ainsi le secteur de l’énergie renouvelable interfère et agit sur d’autres, comme ceux de l’agriculture, l’agroalimentaire et des matières premières. Vous avez par exemple la relation entre l’énergie renouvelable et l’eau potable, que l’on peut observer sur les chantiers de grands projets de dessalement, tels que ceux d’Agadir ou de Dakhla. Ainsi le développement des énergies renouvelables ne se limitera pas à réduire la dépendance des importations de ressources énergétiques du pays, mais contribuera également à créer de nouvelles opportunités d’exportation, comme celles de produits agricoles et alimentaires. De même, ces exportations sont rendues possibles grâce à des projets de dessalement d’eau et d’autres, grâce à une croissance de la valeur des exportations dans le domaine des fertilisants bénéficiant d’une production d’hydrogène – obtenue en convertissant l’énergie renouvelable – à faible coût énergétique. Dans tous les cas, les ressources énergétiques renouvelables sont très abondantes au Maroc, ainsi, quand il est possible d’atteindre des économies d’échelle, grâce à des projets de grandes dimensions – tel que la centrale solaire Noor à Ouarzazate ou le plus grand parc éolien d’Afrique de 300 MW à Tarfaya –, les coûts de génération d’électricité peuvent être réduits de façon surprenante.Dans tous ces domaines, la présence espagnole, en tant que fournisseur de technologie, est importante et permettra des opportunités dont pourront bénéficier les deux pays. Finalement, un facteur important pour réussir un partenariat win-win est la capacité des opérateurs économiques des deux pays à créer un cadre favorable permettant une intégration industrielle, mais aussi pour permettre aux produits localisés d’atteindre plus facilement les marchés mondiaux. La localisation de la production au Maroc est généralement plus envisageable s’il existe d’emblée une perspective de pouvoir exporter des produits plutôt que de servir le marché local exclusivement. Pour conclure, si aujourd’hui le nombre de projets d’énergies renouvelables est encore relativement limité, étant donné les contraintes de la demande interne et les réseaux de transmission défiants, on peut toutefois prévoir un essor important des interactions commerciales entre le Maroc et l’Espagne dans les années à venir.