Sécurité routière : Deux jeunes créent un système révolutionnaire d’assistance à la conduite

Deux jeunes ingénieurs de l’École nationale des sciences appliquées de Kénitra viennent de créer un système d’aide à la conduite. Selon Hamza El Hanbali et Oussama Aït Salah, leur invention pourrait être d’une grande utilité dans un pays où le nombre de morts sur les routes nationales a atteint, en 2017, le chiffre de 3.499, contre 3.693 en France la même année, sachant qu’avec un parc de 5,6 millions de véhicules (chiffres de 2015), le Maroc dispose de 7 fois moins de véhicules que l’Hexagone.

«La problématique nous intriguait. Nous voulions en savoir plus sur les causes de ces chiffres dramatiques. Nous nous sommes appuyés, tout d’abord, sur les statistiques publiées en 2018 par la NHTSA, l’Administration nationale de la sécurité routière des États-Unis. Les principaux résultats nous révèlent que 94% des accidents sont provoqués par les conducteurs», explique Hamza El Hanbali. Et d’ajouter : «Dans la même étude, nous constatons que les principales causes d’origine humaine sont la somnolence, la fatigue, la distraction, la vitesse excessive, le non-respect des panneaux de signalisation et la mauvaise évaluation de la vitesse ou de la distance par rapport à un autre véhicule».

En prenant conscience de cette triste réalité, et étant des ingénieurs en mécatronique automobile, les deux jeunes étudiants ont décidé de travailler sur cette problématique dans l’espoir de contribuer à la diminution des accidents routiers. Et comme ils le disent, ils gardent en mémoire de mauvais souvenirs d’amis ou de proches ayant perdu la vie sur les routes. Après plusieurs mois de travail acharné, ils ont réussi à réaliser 3 projets innovateurs pour assister le conducteur dans sa tâche, en réduisant son intervalle d’erreur. Selon Hamza El Hanbali, ces projets s’attaquent aux 3 causes principales des accidents, à savoir la mauvaise performance, la distraction et les mauvaises décisions des conducteurs.

Chacun des projets vise à réduire, ou si possible éliminer l’impact de l’une de ces causes. Et par conséquent, rendre l’expérience de la conduite plus agréable, surtout plus sécurisée en utilisant des algorithmes d’apprentissage automatique, d’apprentissage approfondi, la vision par ordinateur et le traitement automatique du langage naturel.

Concernant la mauvaise performance du conducteur, les deux jeunes chercheurs ont créé un système d’alerte, constitué d’une caméra pointée sur lui. Elle surveille en permanence le visage du conducteur. Lorsque ce dernier ferme ses yeux pour une petite durée inhabituelle (un peu supérieur à la durée d’un clignement des yeux), une alarme se déclenche pour le réveiller en cas de fatigue ou de somnolence. Ils ont, par ailleurs, ajouté un système qui avertit le conducteur lors du franchissement de la bande blanche en calculant le centre des lignes et le décalage de la voiture par rapport au centre. Il s’agit, disent-ils, d’un système fonctionnel, facile à intégrer sur tous les véhicules récents avec un coût abordable. À noter, à cet égard, que d’après la Société marocaine du sommeil et de la vigilance (SMSV), la somnolence et la fatigue au volant constituent la première cause d’accidents au Maroc.

Pour ce qui est de la distraction du conducteur, les deux jeunes inventeurs ont créé une assistante vocale qu’ils ont appelée «Arina». Le conducteur est en mesure d’utiliser les commandes vocales, tout en gardant les yeux sur la route. Cette application, précise-t-on, réduira considérablement la distraction du conducteur.

En ce qui concerne ce qu’ils appellent «les mauvaises décisions du conducteur», les deux jeunes chercheurs ont établi un système de détection d’individus ou d’objets (piétons, animaux, véhicules, plaques signalétiques, feux de circulation…). Constituée d’une caméra et d’une unité de traitement avec une grande puissance de calcul, cette technologie donne au conducteur du véhicule une description précise du monde qui l’entoure pour susciter une action appropriée. Ils estiment que cette invention réduira de manière sensible l’impact des mauvaises décisions des conducteurs. Ils citent, comme exemples : lorsque le conducteur ne remarque pas un panneau «Stop», le véhicule s’en charge de l’alerter et en cas de danger, d’actionner les freins, pareil si le conducteur ne remarque pas un piéton, le véhicule prendra les mesures appropriées.

Les jeunes Marocains sont de plus en plus nombreux à exceller en matière d’innovation et de recherche. Ils sont issus, pour la plupart, des universités et des grandes écoles nationales. Certains étudiants espèrent présenter leurs inventions dans les salons nationaux et internationaux dédiés à l’industrie 4.0 et obtenir des brevets d’invention.