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«Nous en sommes actuellement à 20 points, mais je pense sincèrement qu’on méritait mieux»

Véritable sensation de la première moitié de la Botola D1, le Youssoufia de Berrechid a déjoué tous les pronostics en occupant la troisième place du classement général après 13 journées. Son coach Saïd Seddiki s’est longuement confié au «Matin», révélant ses plans pour le reste de la saison, ses attentes lors du mercato hivernal, sa relation avec le président Noureddine Baydi et ses déclarations sur l’arbitrage ainsi que ses souvenirs en tant que joueur.

«Nous en sommes actuellement à 20 points, mais je pense sincèrement qu’on méritait mieux»

Le Matin : Beaucoup d’observateurs ne donnaient pas cher de la peau du CAYB pour sa première saison en Botola D1 et ne misaient pas sur la troisième place qu’il occupe actuellement au tableau général. Étiez-vous du même avis ou prévoyez-vous cette entame exemplaire du Youssoufia ?
Saïd Seddiki :
L’accès à la première division était tout sauf une surprise. Il y avait une planification, avec des recrutements adaptés. Nous avions passé une excellente première moitié de saison en D2 l’année dernière, à l’instar de ce que fait le club de Zemamra actuellement. Après, on a réussi la montée et on a gardé l’ossature de l’équipe. Nous n’étions pas sûrs de pouvoir démarrer avec autant de succès, mais nous ambitionnions d’être un outsider qui pouvait surprendre les autres formations. Lors des briefings avec les joueurs, je répétais toujours qu’ils avaient une occasion en or de graver leurs noms en lettres d’or dans l’histoire du club et du Championnat. Après, nous avons vu que le tirage nous proposait un calendrier chaud bouillant et certains n’hésitaient pas à avancer que le CAYB serait relégué à partir de la dixième journée ! Il n’en fut rien, grâce au travail effectué lors de la préparation d’avant-saison et aux renforts pour lesquels nous avons opté (Dembélé, Fati, El Ouakili…). La première rencontre de la saison a été un succès, avec une victoire face au Hassania d’Agadir. Nous avons ensuite confirmé notre niveau face à des équipes comme le Raja, le Wydad, l’AS FAR et la Renaissance de Berkane. Nous en sommes actuellement à 20 points, mais je pense sincèrement qu’on méritait mieux, car les défaites face à l’IRT, au WAC, au Raja et au MAT n’étaient pas vraiment équitables. Je profite de l’occasion pour saluer les efforts de tout le staff et de toute l’équipe qui accompagne le CAYB dans son renouveau. Maintenant, il nous reste 2 rencontres en phase aller et j’espère qu’on s’en servira pour nous immuniser en vue du retour.

Quels sont vos objectifs réels pour la fin de saison, pourrez-vous tenir votre rang jusqu’au terme de la Botola D1 ?
Avec le président du club, Noureddine Baydi, et le bureau dirigeant, on n’a pas été gourmands : on s’est fixé le maintien comme objectif, mais avec une position assez confortable. On espère éviter de cravacher pour sécuriser notre place en première division et on devra donc occuper un rang assez loin de la zone de relégation.

Vous en êtes à 20 points actuellement et vous n’avez besoin que de 12 points pour assurer ce maintien…
Oui, mais je pense que ce qui suivra est loin d’être facile. Il faut pouvoir garder notre niveau tout en évitant les pièges qui nous ont coûté des points au début de la saison. Certains matchs ont été perdus à cause des erreurs des joueurs. Nous avons aussi perdu des rencontres dans les dernières minutes, à cause du manque de concentration. Mes joueurs devront faire leur autocritique après la phase aller et dépasser les lacunes qui nous ont handicapés par le passé. Ils devront démarrer avec un nouveau souffle pour la phase retour. J’aurais aimé pouvoir disputer une place qualificative en compétition africaine et cela aurait été possible si on avait gagné les rencontres face au WAC, au RCA, à l’IRT et au MAT, mais ça n’a pas été le cas. Je suis quand même satisfait du rendement des joueurs et j’espère qu’ils garderont les pieds sur terre.

Le Youssoufia de Berrechid a évolué avec modestie, mais avec beaucoup de confiance aussi. Vous avez tenu tête à de grandes formations tout en produisant un jeu équilibré et plaisant. Pourrez-vous maintenir ce niveau, même avec la pression qui devrait être plus forte en fin de saison ?
Nous avons marqué 13 buts et encaissé 12, la différence est donc de +1. Je pense qu’on doit toujours soigner nos statistiques. Quand vous menez au score ou que vous êtes à égalité avec un club d’un certain rang, il faut absolument bien gérer le temps qu’il vous reste dans le match et cela requiert beaucoup de concentration. C’est comme ça que les joueurs doivent être vigilants, il ne faut pas gâcher des rencontres à cause de moments de relâchement ou de distraction. Je crois qu’ils sont conscients que leur cachet et leur empreinte prendront une autre dimension après cette saison et ils devront donc bien gérer leur présence sur la pelouse. Nous avons plusieurs joueurs prêtés par le Raja, à titre d’exemple, qui ont intérêt à démontrer que leur club a eu tort de les laisser partir. Cela passe par des prestations de qualité et de la concentration.

Nous sommes en plein mercato hivernal et vous avez dit que vous étiez satisfait du rendement de vos joueurs. Cela veut-il dire que vous n’allez pas trop dépenser pendant le marché des transferts ?
Normalement, si on n’avait pas eu des blessures comme celle de Abdelkhalek Ourahbi et Fattah Aït Ahmed, deux milieux de terrains blessés en tout début de saison, on se serait contenté de l’effectif actuel. Toutefois, il faudra libérer des joueurs avant d’en recruter des nouveaux. Nous allons nous entretenir avec le bureau dirigeant et le président dans ce sens. Maintenant, le recrutement le plus urgent à mon sens est celui dans l’axe de la défense. Nous avons perdu notre capitaine Hassane Diabagate pour trois mois et il faudra le remplacer, car son absence commence à peser lourd. Il y a aussi le Franco-Sénégalais Saer Sané qui s’entraîne avec le CAYB, tout comme Mohamed El Fqih, mais ils n’ont toujours pas signé.

Avez-vous reçu des offres de clubs désirant acquérir des joueurs qui font partie de l’ossature du CAYB ?
Pour les offres verbales, on en reçoit pratiquement après chaque rencontre. C’est une bonne chose pour le moral des joueurs et pour l’ensemble de l’équipe. Cependant, je crois que pour l’instant, Noureddine Baydi ne laissera partir aucun joueur. Si l’on ne renforce pas la colonne vertébrale du Youssoufia, on ne peut pas l’affaiblir.

Revenons un peu à votre carrière de joueur, vous aviez déclaré dans un ancien entretien avec «Le Matin», en 2006, que vous aviez découvert, tout jeune, que vous étiez talentueux et que vous pouviez «brûler des étapes». Rappelez-nous les principales étapes de votre carrière de joueur...
Je vais essayer de vous résumer un peu ma carrière. J’ai été encadré en premier lieu par feu Moulay Abdellah du TAS, en compagnie de Lemnaouar et Mustapha Chiba. Après, j’ai sauté 2 étapes et j’ai joué en senior chez l’équipe de Sidi Othmane. Vu les conditions financières assez précaires de l’époque, j’ai évolué à l’ONE en parallèle, pendant 3 ans. Je me suis ensuite entraîné avec le Wydad pendant six mois, mais ils n’ont pas pu finaliser le transfert à cause du montant élevé requis par Sidi Othmane. Un jour, dans le cadre d’un match amical, nous avons affronté le Spartak Moscou au stade Père Jégo. Feu El Maâti Bouaâbid, ancien premier ministre et ministre de la Justice, était présent sur les gradins. Il m’a dit, après le coup de sifflet final, que mon jeu correspondait à celui du Raja et que j’allais signer avec les Verts, bien que je m’entraînais avec le Wydad. Mes débuts étaient timides, car il y avait dans l’équipe des noms comme Dolmi, P’tit Omar, Mokhliss, Fathi Abdelhak, El Arabi, en plus des jeunes Souadi, Mouahid, Ougadi, Fennani et Zaher. Le premier match que j’ai joué était face au KAC et j’ai été convoqué juste après en sélection nationale. L’ancien ministre de la Jeunesse et des sports, Semlali, avait alors répété que je n’allais pas rester longtemps au Maroc, vu le niveau que j’avais montré. Malheureusement, la blessure de 1983 m’a impacté, mais j’ai quand même signé plusieurs titres avec le Raja, dont celui de la Ligue des champions en 1989 avec Rabeh Saâdane.

Après le match face au Raja, vous avez pleuré en point de presse. Quelle en était la raison ?
C’était comme si vous jouiez contre votre père dans un jeu de cartes et que vous vous retrouviez battu. C’était vraiment un geste spontané. À cet instant, j’ai repensé aux défaites face au Wydad, à Tanger et à Tétouan et les 12 points qu’on a perdus. Imaginez un peu, si nous avions gagné ces rencontres, on aurait totalisé à présent 32 points. On aurait alors égalé l’exploit de Leicester City en Premier League ! Je comptais offrir cette victoire à mes enfants et à mon épouse, qui sont d’ailleurs des rajaouis fanatiques. Vous savez, des victoires contre le WAC et le Raja vous font atteindre des statuts supérieurs en tant qu’entraîneur, et c’est ce qui a peut-être engendré cet excès d’émotions… Par ailleurs, j’estime que je n’ai pas joui de tous mes droits légitimes au Raja, car tous les coachs ont gravi les échelons jusqu’à l’équipe senior, sauf moi. J’ai quitté le club en 2009 alors que j’étais dans l’équipe espoirs, bien que Abdessalam Hanat ait tenté de me retenir.

Votre président, Noureddine Baydi, est un personnage emblématique. Quelle est la nature de la relation qui vous lie à ce dirigeant marocain ?
C’est une relation empreinte de respect mutuel ! C’est un mordu de la ville de Berrechid. En 2009, on avait entretenu de vives discussions, mais toujours dans le cadre du football. En 2014, même canevas, d'autant plus que l’équipe était en situation difficile. En 2017, on a pris le temps de bien discuter les termes de la collaboration et on a bien ciblé nos recrutements. On pouvait rester jusqu’à 3 h du matin à étudier les profils. En 2018, après la montée, il m’a encore fait confiance et j’espère que notre relation gardera les mêmes fondements. M. Baydi a déjà joué au football, il a également des licences d’entraînement comme la licence B et il a déjà chapeauté des délégations de la FRMF. Il est donc parfaitement habilité à intervenir dans les dossiers concernant l’équipe.

Votre président avait vivement critiqué l’arbitrage après la rencontre face au WAC. Partagez-vous son opinion ?
L’arbitre Taoufiq Gourar a déjà un précédent avec le CAYB. L’année dernière, on a été maltraité par cet arbitre à Laâyoune. C’était la première fois qu’on s’inclinait par 3-0. Face au Wydad, il a également commis plusieurs erreurs. C’est un jeune arbitre en début de carrière et je ne suis pas habilité à critiquer ouvertement ses prestations, contrairement à M. Baydi qui est un membre fédéral et un dirigeant reconnu. Il avait d’ailleurs raison, puisque Gourar a disparu de la scène depuis le match CAYB-WAC et n’a refait surface que lors de la rencontre RCA-RCOZ. Il avait aussi proféré des mots qui ne sont pas dignes d’un arbitre à l’encontre de mes joueurs. J’espère qu’il apprendra de ses erreurs. Entretien réalisé par Abderrahman Ichi et Youssef Moutmaïne

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