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«La stratégie numérique vise à faire du Maroc un hub régional confirmé»

«La stratégie numérique vise à faire du Maroc un hub régional confirmé»

Le Matin : Le Maroc, sous l’impulsion de S.M. le Roi, s’est engagé dans une stratégie de transformation digitale ambitieuse. Quels sont les points forts de cette Vision Royale ?
Saloua Karkri Belkeziz
: Les défis du Maroc sont complexes et globaux : éradiquer la pauvreté et améliorer le bien-être de tous les Marocains, augmenter la croissance et placer notre économie sur le chemin des pays à revenu intermédiaire élevé, réduire les inégalités, imprimer une cadence à la création d’emplois pour faire face au chômage des jeunes, enseignement et formation, santé, environnement, dans un contexte mondial concurrentiel difficile et une politique internationale marqués par le printemps arabe. Le Maroc, conformément à la vision de Sa Majesté le Roi, s’est attelé à renforcer les économies de réseaux : réseau d’autoroutes, première ligne de TGV, Port Tanger Med, aéroports, généralisation de l’électrification, télécommunication, énergies renouvelables… Mais la Vision Royale va dans le sens de superposer à la construction de ce tissu conjonctif un parenchyme, un tissu fonctionnel, en mettant aux premières loges le capital immatériel, avec la formation, l’économie du savoir, l’innovation… et les nouvelles technologies sont le principal support de ce tissu fonctionnel, qui doit se manifester par la maturité de notre Administration, recentrant ses prérogatives, le dynamisme et la compétitivité de nos entreprises, et la compétence et l’ouverture de nos citoyens, principaux bénéficiaires. La Stratégie numérique s’est inscrite dans ce cadre. Elle s’est manifestée dès le début du règne de S.M. le Roi par la libéralisation du marché des télécommunications et l’arrivée en 2000 d’un deuxième opérateur. Cette libéralisation a eu pour effet quasi immédiat la baisse des prix, parallèlement à une explosion des abonnements. Dès 2005, le Maroc a lancé sa Stratégie offshoring qui l’a propulsé sur la carte Outsourcing Europe avec les 4 écosystèmes : ITO, BPO, CRM et ESO. Les plus importantes ESN (entreprises de service numérique) internationales ont investi ce secteur avec près d’un milliard de DH : Cap Gemini, ATOS, GFI, CGI, SOFRECOM, etc., permettant ainsi la création de plus de 65.000 emplois directs. La Stratégie 2009-2013 avait déjà pour objectifs d’ériger le Maroc en hub régional des technologies de l’information, la transformation de l’Administration à travers un programme e-gov visant à donner à celle-ci une orientation usagers, l’amélioration de la productivité des entreprises en stimulant l’équipement des PME-PMI et l’usage des nouvelles technologies. La stratégie, d’un budget de 5,2 milliards de DH, a enregistré beaucoup de résultats positifs et amélioré les classements du Maroc, en particulier dans l’e-gov. 
La Stratégie numérique vise également à faire du Maroc un hub numérique confirmé et cet axe comprend la croissance de l’offshoring de 5 à 10% par an et l’affirmation du Maroc comme premier hub francophone. Une agence du digital en charge de l’implémentation de la stratégie a vu le jour et elle a en cours quatorze chantiers importants pour matérialiser les axes cités précédemment.

Quels sont les leviers à activer pour faire du Maroc un hub africain leader en la matière ?
Sur le plan du tissu conjonctif, pour reprendre ma rhétorique de la question précédente, le Maroc, sous la conduite de Sa Majesté, a fait un travail remarquable. Le Port Tanger Med est un hub maritime vers tous les ports africains, RAM a fait de Casablanca Nouaceur un hub aérien vers quasiment toutes les capitales de l’Afrique.
Les banques marocaines ont investi les pays d’Afrique francophone. Les télécommunications sont fortement implantées. Le Maroc s’impose également comme un hub de formation universitaire pour l’Afrique. Et sûrement d’autres Universités et Grandes Écoles vont suivre, en plus de la première communauté d’étudiants étrangers chiffrée à 32.000. Sa Majesté le Roi s’est en plus investi personnellement en renforçant l’amitié Maroc-Afrique, qui s’est en particulier matérialisée par le retour du Maroc au sein de l’Union africaine.  Notre stratégie Maroc Digital 2020 a également inscrit le positionnement du Maroc comme hub digital de l’Afrique et entrepris la construction de son écosystème startup, avec des organismes d’accompagnement (incubateurs, accélérateurs, et espaces de coworking). Prenons l’exemple du Technoparc, premier incubateur qui s’est engagé à la création d’une réplique à Abidjan. Concernant les entreprises, c’est localement qu’il faut former le tissu d’entreprises innovantes exportatrices et, sans reprendre la problématique habituelle que soulèvent nos associations, pour permettre à nos entreprises et nos industries ou nos startups d’exister, de se développer et d’être compétitive dans un espace concurrentiel sain, j’aimerais souligner quelques leviers : 
• Un système fiscal équitable et une gouvernance fiscale qui mobilise le potentiel économique et qui stimule la croissance.
• Un système bancaire et financier qui permet aux entrepreneurs de choisir leur mode de financement et leur niveau d’endettement à un coût tant implicite qu’explicite convenable.
• Un financement spécifique pour les startups. Saluons la création de Innov Invest, géré par la Caisse centrale de garantie et financé par un prêt de la Banque mondiale, qui vise à accompagner 300 porteurs de projets, ainsi que d’autres modes de financement alternatifs à renforcer : Business Angels, crowdfunding ou bootstrapping. Concernant le capital humain, il est évidemment la ressource clé qui permet aux entreprises d’abord d’innover et d’exporter la matrice de production vers les pays amis d’Afrique. Il faut bien sûr le former et le mobiliser. Mais pour les entreprises des nouvelles technologies, la problématique est plus importante, les ressources étant sollicitées par les pays développés.

Les compétences du digital et de l’intelligence artificielle sont la cible de la feuille de route relative au développement de la formation professionnelle, présentée à S.M. le Roi. Comment cette stratégie permettra-t-elle au Maroc de relever le défi numérique ?
Il faut saluer l’effort programmé de formation des compétences digitales et saluer également sa couverture de l’ensemble des régions. Je voudrais quand même revenir sur la spécificité de ce que vivent les économies mondiales, de ce qu’on appelle la disruption. Les choses vont tellement vite que les prévisions que à long terme se révèlent souvent peu fiables et ont besoin d’être rectifiées. Nouveaux métiers, nouvelles procédures, nouveaux marchés… Les formations peuvent être dispensées à des jeunes dont on ne connaît pas le métier. D’autre part, l’évolution technologique contribue à la destruction de beaucoup d’emplois et pas seulement des manuels. C’est pour cela que nous préconisons des formations qui permettent des réadaptations faciles et que nous avons entrepris à l’Apebi (Fédération des technologies de l’information, de télécommunication et de l’offshoring), en collaboration avec l’Anapec (Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences), un programme de reconversion des diplômes scientifiques en ceux de techniciens du digital.. z

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