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La stratégie payante de l'OCP en Afrique

Soutien des petits fermiers et des États africains, formation, aide au financement et à la commercialisation et accompagnement depuis 10 ans d’une plateforme d’échanges sur les engrais en Afrique. L’approche adoptée par l'OCP sur le continent africain a aujourd’hui porté ses fruits.

La stratégie payante de l'OCP en Afrique
Il y a 10 ans, le groupe OCP avait réussi à convaincre les initiateurs de l’Argus Fertilizer à concevoir un rendez-vous annuel dédié au continent : l’Argus Africa Fertilizer.Ph. M. Hafidi

Satisfecit chez le groupe OCP. La 10e édition de l’Argus Africa Fertilizer, tenue du 27 février au 1er mars à Marrakech, a tenu ses promesses. Plus de 400 participants ont débattu de la nécessité d’entamer une véritable métamorphose de l’agriculture africaine. Un secteur qui fait vivre plus de 70% de la population active du continent, mais dont le potentiel demeure sous-exploité. «Aujourd’hui, l’Afrique fait face à un défi majeur : la sécurité alimentaire. Plus de 40% de la population africaine est constituée de jeunes de moins de 18 ans, une population qui va crescendo et dont les besoins alimentaires ne cessent d’augmenter. L’enjeu pour l’Afrique est de ne plus importer de produits alimentaires, d’atteindre une autosuffisance. Je pense qu’avec le potentiel existant, nous pouvons même devenir exportateurs de produits alimentaires», a souligné Karim Lotfi Senhadji, PDG d’OCP Africa.  Un objectif qui reste toutefois tributaire du niveau de développement de l’agriculture et d'une utilisation convenable des engrais. Le bémol, c’est qu’aujourd’hui le continent fait pâle figure en termes de consommation d’engrais. «La moyenne continentale de consommation d’engrais est de seulement 16 kilos par hectare, ceci alors que la moyenne mondiale atteint 160 kilos», se désole Jihane Ajijti, en charge du business développement et communication chez OCP Africa. Ajijti rappelle toutefois que certains pays comme le Mali ou la Zambie sont mieux lotis et ont même dépassé la barre des 50 kg par hectare. Un objectif qui, rappelons-le, fait partie des recommandations de la réunion d’Abuja sur les engrais tenue en 2016. «Depuis 2006, on a doublé le taux de consommation des engrais qui était de 8 kg par hectare, mais nous sommes encore très loin des objectifs tracés», déclare Ajijti dans un entretien accordé au «Matin-Éco». «Aujourd’hui, nous avons une problématique de sécurité alimentaire qui est grandissante sur le continent. Nous importons plus de 30 milliards de dollars en produits alimentaires. C’est énorme. Selon les projections, nous devons dépasser les 100 milliards, sans progressions majeures dans le secteur agricole. Avec cette manne, on peut construire plus de 50 ports en Afrique», estime Ajijti. 

Douze bureaux pour OCP Africa
Quel rôle joue donc le groupe OCP pour changer la donne et contribuer à une véritable transition pour une agriculture durable et compétitive ?  Il y a 10 ans, le groupe a réussi à convaincre les initiateurs de l’Argus Fertilizer à concevoir un rendez-vous annuel dédié au continent. À l’époque, l’Afrique ne figurait pas dans les radars de l’Argus, le continent accusant un retard en termes de développement agricole. En accompagnant cet événement, qui en est aujourd’hui à sa 10e édition, l’OCP a réussi à mettre sur pied un espace d’échange et de réflexion sur les enjeux de l’agriculture en Afrique. La plateforme mobilise ainsi tous les intervenants de la chaine des fertilisants, ainsi que les instituts de recherche, les institutions financières et les représentants des gouvernements africains. Au-delà de cette plateforme, le groupe a créé une filiale dédiée à l’Afrique : OCP Africa. «Créée il y a 3 ans, OCP Africa a connu une évolution fulgurante. Nous avons ouvert 12 bureaux dans plusieurs pays d’Afrique de l’Est et de l’Ouest et nous comptons 160 collaborateurs de 17 nationalités. 
La raison d’être d’OCP Africa est de penser et mettre en place des projets de développement agricole. Il faut savoir qu’aujourd’hui, l’agriculture représente une source de subsistance pour les petits fermiers. Notre objectif est de les accompagner pour qu’ils accèdent à la sphère commerciale grâce à une agriculture compétitive et productive», déclare la responsable d’OCP Africa. 

Plus de 7 millions de dollars de crédits grâce Agribooster
Pour cela, la filiale du géant mondial des phosphates a mis en place plusieurs programmes comme l’OCP School Lab et l’Agribooster. Il s’agit pour le premier programme d’une caravane mobile qui va jusqu’aux petits fermiers. «Nous leur offrons gratuitement des analyses de sols et nous les formons aux bonnes pratiques agricoles», souligne Ajijti. La caravane a sillonné 7 pays, notamment le Kenya, le Nigeria, le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Sénégal et a touché 210.000 fermiers. L’Agribooster, quant à elle, est une solution de bout en bout de la chaîne de valeur. Elle propose au fermier non seulement des intrants, mais embarque aussi dans ce programme ses partenaires stratégiques, spécialisés dans les semences et produits phytosanitaires par exemple.

L’objectif est de proposer un package complet au fermier, tout en le formant, en parallèle, et sur toute l’année, de la préparation de la saison jusqu’à la récolte. Ensuite, OCP Africa met en relation l’agriculteur avec le marché pour pouvoir sécuriser ses ventes. «Et c’est grâce à ce marché et à ces projets que nous allons voir les institutions financières accepter d’accompagner financièrement l’agriculteur pour développer son activité», souligne Ajijti. Résultat : grâce au programme Agribooster, plus de 7 millions de dollars de crédits ont été accordés à des petits fermiers. Des crédits consentis principalement par des institutions de micro-finance partenaires de l’OCP. Aujourd’hui, le groupe peut se targuer de toucher, en l’espace de 3 ans et grâce aux deux programmes, plus de 250.000 fermiers.  Sur un autre registre, le groupe OCP a dupliqué la «Carte de fertilisation», initiée au Maroc et qui a couvert 8 millions d’hectares, à d’autres pays africains. «La Fondation OCP accompagne des gouvernements et des ministères africains en les formant et en leur mettant à disposition des caravanes et des laboratoires pour qu’ils puissent faire le même travail de caractérisation et catégorisation de sols que nous avons effectué au Maroc. Ces cartes de fertilisation ont été initiées au Togo, en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Nigeria notamment. En tout, une dizaine de pays a bénéficié de notre soutien pour mettre en place une carte de fertilisation de leurs sols», détaille Ajijti. Résultats des courses : Les revenus africains du groupe (le Maroc exclu) ont été multipliés par 8 depuis 2013 et près de 25% des ventes de l'OCP (dont 20% constitués d’engrais), sont réalisés sur le continent, nous confie Ajijti.  Qu’en est-il de la concurrence d’acteurs notamment norvégiens, saoudiens ou russes ? «L’action qu'entreprend l’OCP sur le continent n'a pas d'égal. Tout le travail d’accompagnement que nous effectuons nous permet de sceller des partenariats solides qui se traduisent en ventes. De plus, notre proximité des marchés africains nous confère un avantage compétitif en termes de transport, d’affrètement, de logistique, ce qui se répercute sur nos prix de vente, réputés parmi les plus compétitifs du continent», soutient Jihane Ajijti. n

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