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Stress hydrique : À la limite du seuil critique

La diminution constante des ressources hydriques disponibles laisse présager une situation de stress hydrique extrême au Maroc. D’ici 2050, une forte concurrence sur les ressources hydriques aura lieu entre l’agriculture, d’une part, et le développement urbain et économique, d’autre part. Explications.

Stress hydrique : À la limite du seuil critique

La question de l’eau au Maroc est plus que jamais stratégique. Le pays connaît depuis le début du nouveau millénaire une croissance économique sans précédent. Elle est portée essentiellement par le développement de l’industrie et de l’agriculture, deux secteurs très consommateurs d’eau. Derrière cette embellie économique se cache une réalité inquiétante : une pluviométrie irrégulière, une répartition des ressources hydriques inégale sur le territoire, une surexploitation des nappes phréatiques et une volatilité des réserves d’eau de barrages. Le tout conjugué à une forte urbanisation et une croissance démographique dynamique.
Dans ce contexte, on évoque de plus en plus la menace du stress hydrique. Le dernier rapport de la Banque mondiale le confirme. Rendu public en 2017, ce dernier affirme que «le Maroc devrait faire face à une pénurie d’eau extrême d’ici 2050». L’institution mondiale rappelle à cet effet que les précipitations et le ruissellement sont en chute libre depuis les années 1980 (respectivement de -15 à -20% et de -30 à -40%). Autres chiffres préoccupants : la disponibilité de l’eau dans le Royaume est passée de 3.500 m³ par personne en 1960, à 730 m³ en 2005 et… 645 m³ en 2015, soit largement en dessous du seuil de pauvreté de l’eau établi à 1.000 m³ par personne et par an.

La surexploitation persiste
Le stress hydrique est bien là, d’autant qu’avec une projection d’une population de près de 44 millions d’habitants à l’horizon 2050, le ratio s’établira à 510 m³ s’il n’y a pas d’ici là une modification supplémentaire de la disponibilité des ressources hydriques. Un niveau qui est «très proche du seuil de rareté extrême de l’eau de 500 m³ par habitant», alerte la Banque mondiale. Ces prévisions pessimistes sont confortées par les projections des «modèles de circulation générale qui prévoient un avenir plus sec et plus chaud pour la région», dont l’impact le plus significatif serait «une réduction importante de la disponibilité de l’eau de surface (jusqu’à -50%) et de la recharge des eaux souterraines», indique-t-on auprès de la Banque mondiale.
Les projections de l’institution internationale se fondent sur une analyse du développement économique et social du pays, qui laissent poindre un scénario plus que probable : une intensification des activités agricoles (l’agriculture irriguée s’accapare 80% des rares ressources en eau du Maroc), dont la demande en eau sera concurrencée par l’augmentation de l’approvisionnement en eau domestique et industrielle. En effet, si la population urbaine est de 60% au Maroc en 2015, elle sera de 74% en 2050. Cette urbanisation exacerbée, conjuguée à la croissance démographique et au développement des différents secteurs économiques, devrait créer une forte concurrence sur les eaux disponibles. Cela n’est pas sans impacter l’agriculture marocaine. «La capacité des agriculteurs à faire face aux pénuries d’eau croissantes, et les impacts de ces pénuries sur les rendements agricoles et les économies rurales seront ainsi critiques», conclut la Banque mondiale. 
En attendant, le Maroc semble prendre au sérieux la menace de stress hydrique. Pour preuve, le Chef du gouvernement, Saâd Eddine El Othmani, annonçait, en mars 2018, la mise en place d’un plan national de l’eau qui devrait être prolongé jusqu’à 2050. Au cœur du dispositif, l’élaboration d’une loi axée sur la durabilité de l’eau pour assurer la préservation, la gestion durable et l’exploitation raisonnée des ressources hydriques. Des actions vigoureuses ont d’ores et déjà été déployées pour faire face à la menace du stress hydrique...

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