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Le Maroc vient de franchir un pas important dans le renforcement de son statut de grande nation maritime. Tanger-Med, mégaprojet portuaire, logistique, industriel, commercial et touristique, opérationnel depuis juin 2007, s’agrandit et triple ses capacités de traitement. Le nouveau port Tanger Med II, qui a connu le lancement officiel des opérations portuaires, le 28 juin dernier, et qui comporte deux nouveaux terminaux à conteneurs d’une capacité additionnelle de 6 millions de conteneurs EVP (équivalent vingt pieds), fait ainsi passer la capacité globale du complexe portuaire à 9 millions de conteneurs par an, en plus de 7 millions de passagers, 700.000 camions et un million de véhicules.
Ce qui consolide l’ancrage du Royaume dans l’espace euro-méditerranéen et dans son environnement maghrébin et arabe, valorise sa vocation de pôle d’échanges entre l’Europe et l’Afrique, la Méditerranée et l’Atlantique, et renforce, en même temps, son rôle central en tant que partenaire actif dans les échanges internationaux et bien intégré à l’économie mondiale. Les travaux de Tanger Med II avaient démarré en mai 2010. À ce jour, 88 milliards de dirhams ont été investis, dont 53 milliards par les opérateurs privés. Et ce n’est pas fini.
Tanger Med est doté d’un nouveau programme d’investissements de 9 milliards de dirhams à l’horizon 2025, dont 3 pour l’extension du port passagers et roulier afin de traiter plus de camions de transport international routier, et 6 milliards de DH pour lancer de nouvelles zones de facilitation import-export, des parcs et des zones logistiques et des ports secs. Objectif, «renforcer la compétitivité logistique à la fois marocaine et continentale et contribuer à promouvoir le rôle du Maroc comme acteur majeur dans les corridors logistiques mondiaux», notent les responsables du projet.
Cela permettra au Maroc de passer à la vitesse supérieure. Tanger Med I a, en effet, réussi à connecter le Maroc à 77 pays et 186 ports, contribuant ainsi à installer le Royaume sur la scène maritime internationale et à le hisser de la 83e à la 17e place dans le classement de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
Tanger Med est devenu la première porte d’entrée des Marocains rédisant à l’étranger avec 2,8 millions de passagers en 2018. C’est aussi la plus importante plateforme de traitement des flux import-export au Maroc, avec 317 milliards de DH en 2018. Le port Tanger-Med a pu traiter en 2018, grâce à ses deux premiers terminaux, quelque 3,4 millions de conteneurs. «Ce qui représente une productivité exceptionnelle et le positionne déjà comme premier port en Afrique, devant Port-Saïd sur le canal de Suez et Durban en Afrique du Sud», a souligné le président de l’Agence spéciale Tanger-Méditerranée (TMSA), Fouad Brini. Et c’est aussi le premier port africain à être certifié «EcoPorts», label qui certifie le respect des normes environnementales.
Ce projet structurant comporte, par ailleurs, plusieurs zones d’activité qui ont vu l’installation de plus de 912 entreprises, dans les domaines industriel, logistique et les services, et ont permis la création de plus de 75.000 emplois directs. Cette infrastructure portuaire devra également favoriser la réalisation du projet de la Cité Mohammed VI Tanger Tech, «dont le développement se fera en parfaite synergie avec les projets portuaires et logistiques de Tanger Med», relèvent les responsables de TMSA.
Dates clés
• 2003 : lancement des travaux du port Tanger Med.
• 2007 : lancement du port Tanger Med I.
• 2009 : lancement de la grande plateforme industrielle Tanger Med.
• 2010 : ouverture du port passagers et rouliers.
• 2012 : ouverture de Renault Tanger Med, Tanger Automotive City et Tétouan Shore.
• 2014 : ouverture de Tanger Med Port Center, le port Tanger Med I atteint sa capacité maximale 3 millions de conteneurs EVP.
• 2016 : signature de la concession TC4 du port Tanger Med II avec APM Terminals.
• 2017 : 10e anniversaire de Tanger Med.
• 2019 : ouverture du port Tanger Med II.
Toute une stratégie portuaire
Le Maroc s’est doté d’une stratégie portuaire à l’horizon 2030. Objectif : multiplier par 3 à 4 fois la demande portuaire par rapport au trafic de 2010. Cette vision portuaire a structuré l’offre portuaire en 6 pôles. Un pôle étant défini comme un regroupement géoéconomique et stratégique des ports d’une région ou d’une zone autour d’un ou plusieurs ports majeurs. Il permet, selon les auteurs de cette stratégie, d’apporter une vision régionale de la stratégie portuaire et de valoriser les avantages comparatifs dont disposent chaque pôle, son économie, ses infrastructures, ses ports et ses villes.
Le concept de pôle portuaire permet, souligne-t-on, de décider d’une implantation régionale stratégique des ports majeurs ayant un rôle structurant en termes d’aménagement du territoire et dans la mise en œuvre des stratégies sectorielles. Les rôles des autres ports du même pôle sont organisés en conséquence, dans une optique de complémentarité ou de spécialisation.
Les six pôles sont :
• Pôle de l’Oriental, tourné vers l’Europe et la Méditerranée et notamment le Maghreb.
• Pôle du Nord-Ouest, porte du Détroit avec Tanger.
• Pôle de Kénitra-Casablanca qui regroupe notamment deux ports, Mohammedia et Casablanca, au sein d’une même conurbation.
• Pôle Abda-Doukkala, centre de l’industrie lourde, avec Jorf et Safi.
• Pôle Souss-Tensift, avec le complexe portuaire d’Agadir passagers et camions, les zones de régulation et la gare maritime.
• Pôle Ports du Sud regroupant 3 ports : Tan-Tan, Laâyoune et Dakhla.
