Le Matin : Quel bilan faites-vous de la neuvième édition de La Cigogne Volubile (LCV) ?
Considérez-vous que cette manifestation a atteint ses objectifs ?
Les artistes conteurs, auteurs, illustrateurs invités de grand renom Mohamed Adi (Algérie), Naziha Bouras-Chamot (Maroc), Nehza Chevet (Maroc), Souleymane Bodj (Sénégal), Dominique Mwankumi (République démocratique du Congo), Bintou Sombié (Burkina Faso) ou ZaU ont été des ambassadeurs de la lecture et de partage des cultures, de valeurs universelles. Ils ont rencontré ce public et sont intervenus dans des établissements, auprès des groupes scolaires. Ils sont en échange sensibles à ces publics. Au-delà des chiffres, il faut voir et observer l’émerveillement des enfants et leur épanouissement lorsqu’on leur raconte une histoire, ou quand ils sont dessinés par un des invités, tout un monde s’ouvre à eux dans leurs rêves, imaginaire, capacité à écouter, à comprendre et à apprendre avec plus de facilité et d’enthousiasme. Le développement créatif, social et humain de l’enfant et de l’enfance est au cœur du projet. Ces faits font partie des objectifs à atteindre et ne peuvent être quantifiés. Ils sont tout aussi importants que les éléments quantitatifs que l’on peut toujours faire progresser. Lorsque des donateurs privés prennent part au dispositif chèque-livres afin d’acheter des livres pour les enfants défavorisés que l’on touche au travers des orphelinats, les associations de soutien au handicap ou d’enfance en difficulté, ou encore des écoles plus défavorisées, nous atteignons aussi un objectif au-delà du quantitatif, tout aussi important dans cette démarche solidaire.Quel regard portez-vous sur la relation des Marocains avec les livres jeunesse ?
Toute l’année, nous constatons un engouement positif et croissant en faveur du livre jeunesse par le nombre de prêts de livres. La médiathèque de Meknès évolue vers un lieu où certes on prête des livres, mais vers un lieu où le livre vit. On le rend vivant par les animations régulières, les ciné-goûters pour les tout-petits, les samedis des petits, les lectures en famille afin d’augmenter le plaisir de lire et ne pas être dans la contrainte de l’apprentissage de la lecture. Nous transmettons le bonheur de lire et les enseignants, premiers médiateurs, nous accompagnent et participent de près à cette évolution. Contrairement à ce que l’on croit, le numérique est bien un vecteur différent qui permet d’enrichir l’accès à la lecture par un autre moyen. On a toujours l’impression que les nouvelles technologies tuent les anciens usages. Ça n’est pas toujours le cas, et il faut rendre complémentaires ces fonctionnements sans les opposer. Environ 500 livres ont été vendus à la Librairie éphémère pendant le Salon des livres jeunesse, ce qui prouve l’attachement des publics à l’objet livre.Cette manifestation a été d’abord menée par l’IF de Meknès. Comment voyez-vous son évolution ? N’envisagez-vous pas d’augmenter la durée de l’événement LCV et le porter vers les quartiers périphériques ?
Cette édition est devenue au fil du temps un événement central de la saison culturelle France-Maroc, déployée dans les 12 Instituts français du Royaume. Lorsque l’on est convaincu d’un projet, on souhaite bien sûr l’étendre au plus grand nombre. Une action sociale à travers des dispositifs solidaires est mise en place et touche des publics défavorisés, je le rappelais plus haut. Il y a sûrement à prolonger ces actions toute l’année dans les quartiers, développer l’audio livre pour les malentendants, favoriser l’itinérance sous forme de bibliobus en direction du monde rural, développer les supports pédagogiques comme le cahier d’activité soutenu par Dari (+de 20.000 exemplaires distribués) ? Autant de pistes de réflexion portées par l’Institut français du Maroc. Le temps de la Cigogne volubile est un événement qui met un coup de projecteur sur le livre jeunesse, mais les actions sont déployées toute l’année.Propos recueillis par Nadia Ouiddar
