Les pompiers brésiliens ont suspendu samedi pour la nuit la recherche de survivants à la coulée de boue provoquée par la rupture d'un barrage du géant minier Vale, catastrophe qui a fait 34 morts et près de 300 disparus. L'un des barrages du site de Mina Feijão, à Brumadinho (État de Minas Gerais, sud-est), près de Belo Horizonte, avait cédé vendredi matin, pour une raison qui reste à déterminer. Les espoirs de retrouver les disparus étaient minces. Et la pluie a rendu les recherches encore plus difficiles au lendemain de la catastrophe.
Des personnes parcouraient les abords du périmètre de sécurité avec des photos de proches disparus. D'autres se proposaient aux sauveteurs pour chercher les habitations enfouies, se déplaçant entre les décombres mélangés avec la boue, ont constaté des journalistes de l'AFP. À la recherche de son mari, Suely de Oliveira Costa était retenue par des agents de sécurité, qui l'empêchaient d'accéder au site et lui demandaient de «se calmer». «Comment voulez-vous que je sois calme s'il est déjà mort ?» s'écriait-elle. L'armée a annoncé dans un communiqué qu'environ 1.000 militaires avaient été mobilisés sur décision du Président brésilien Jair Bolsonaro et étaient prêts à être déployés dans la zone. Le Chef de l'État, qui a survolé la zone à bord d'un hélicoptère militaire dans la matinée, a confié par la suite sur Twitter qu'il était «difficile d'être confronté à tout ce drame et de ne pas s'émouvoir». «Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour nous occuper des victimes, limiter les dégâts, enquêter et réclamer justice pour éviter de nouvelles tragédies», a affirmé le Président. M. Bolsonaro a révélé que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui était venu assister à son investiture à Brasilia le 1er janvier, l'avait appelé samedi pour lui proposer de l'aide dans la recherche des disparus. «Nous acceptons et remercions pour cette technologie israélienne une nouvelle fois au service de l'humanité», a-t-il dit.
Un porte-parole des pompiers a expliqué que cette technologie consiste en des appareils munis de sonars capables de localiser des corps à grande profondeur, qui seront utilisés à partir de lundi. Le bilan dépasse déjà celui d'une autre rupture de barrage en 2015, à 125 km de là, à Mariana, également dans l'État du Minas Gerais. Il y avait eu 19 morts et d'énormes dégâts environnementaux. À l'époque, des centaines de kilomètres carrés avaient été submergés par un tsunami de boue, qui avait traversé deux États brésiliens et s'était répandu sur 650 kilomètres jusqu'à l'océan Atlantique à travers le lit du fleuve Rio Doce, l'un des plus importants du Brésil. Le site internet d'informations G1 a affirmé que la justice du Minas Gerais avait ordonné de bloquer des comptes bancaires de l'entreprise totalisant un milliard de réaux (233 millions d'euros) en prévision de l'indemnisation des victimes. L'agence gouvernementale Ibama, qui dépend du ministère de l'Environnement, a par ailleurs infligé à Vale une amende de 250 millions de réaux (58 millions d'euros). «Trois ans après le grave crime contre l'environnement perpétré à Mariana, avec une enquête toujours pas terminée, l'histoire se répète de manière tragique à Brumadinho. Il est inadmissible que les pouvoirs publics et les compagnies minières n'aient tiré aucune leçon», a déploré l'ancienne ministre de l'Environnement (PT, opposition) Marina Silva.