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Universitaires et acteurs économiques débattent à Casablanca du bilan des accords de libre-échange

«Accords de libre-échange : opportunité ou menace pour l’industrie marocaine». C’est autour de cette thématique que la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Aïn Chock a réuni, mardi dernier à Casablanca, de nombreux opérateurs, décideurs et acteurs économiques concernés par l’import-export.

Universitaires et acteurs économiques  débattent à Casablanca du bilan des accords de libre-échange

À l’initiative de la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Aïn Chock, des patrons de différentes fédérations sectorielles (textile, sidérurgie, agroalimentaire…) ont animé, mardi dernier à Casablanca, une rencontre autour des accords de libre-échange. Ils étaient face notamment aux représentants du département du commerce extérieur, l’administration des douanes et de l’OFPPT. Les mots qui sont le plus revenus lors de ce débat-ftour sont en lien avec la concurrence déloyale, le dumping, la défense commerciale, la compétitivité et les barrières douanières.
Plantant le décor, le doyen de Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Aïn Chock a souligné, de prime abord, le contexte dans lequel se tient cette rencontre. «Le thème a une portée structurelle et une grande profondeur. En effet, nous assistons, depuis le discours de Sa Majesté du 13 octobre 2017, à un grand débat sur les contours d’un nouveau modèle économique à construire. (…) La question de l’étude de l’impact de l’ouverture de manière générale et celle des accords de libre-échange (ALE) d’une manière particulière suscite une attention particulière, vu la place stratégique qu’elle devrait occuper dans le modèle économique en construction dans notre pays», a-t-il déclaré. Il a également rappelé les arguments qui sont favorables aux ALE et ceux qui critiquent les effets de ces accords, notamment sur l’industrie marocaine et la création de l’emploi. Il a ainsi affirmé que selon les défenseurs des ALE, ces accords participent à la mise en œuvre de réformes visant l’amélioration du climat des affaires, poussent les acteurs économiques à se conformer aux standards internationaux de compétitivité et permettraient surtout d’accélérer la dynamisation des investissements directs étrangers (IDE).
Par contre, a-t-il avancé, pour les détracteurs des ALE, ces accords vont à l’encontre de l’un des principes ayant permis aux pays développés de bâtir leur industrie. Il a également cité les arguments mettant en avant les déficits commerciaux, la perte de postes d’emploi… Il a ainsi appelé à une évaluation de l’impact des ALE et à faire preuve d’imagination pour concevoir une vision intégrée en matière de commerce extérieur. «En attendant, le gouvernement devrait s’engager à mettre en place de nouveaux mécanismes pour assurer le suivi et l’évaluation des ALE déjà signés, identifier les barrières non tarifaires qui bloquent les exportations nationales. Il est également question de soutenir les entreprises potentiellement exportatrices via des programmes d’appui à la carte», a-t-il proposé.
Ce diagnostic a été amplement partagé par les participants, notamment par la directrice générale du commerce au ministère de l’Industrie, Zahra Maafiri. «Ces idées cadrent avec la conception que l’on a au sein de notre ministère», a-t-elle rétorqué. Elle a ainsi annoncé que les réponses à cet état de fait vont être intégrées dans la stratégie 2025 qui va être adoptée par le ministre. Par ailleurs, elle a ajouté à ces difficultés déjà exposées, en relation avec les ALE, celles en lien avec le contexte mondial en citant les positions du Président américain Donald Trump, mais aussi ce qui se passe avec le Brexit et la Route chinoise de la soie.
Lors des échanges elle a annoncé que les pouvoirs publics ont saisi l’administration américaine pour réduire la taxe de 25% imposée à des industriels exportateurs marocains sous prétexte que la sécurité américaine risque d’être menacée. Elle a indiqué que le Maroc a expliqué aux États-Unis que les exportations marocaines portent sur de petites quantités qui ne peuvent toucher en aucun cas la sécurité du pays. Cependant, la démarche est toujours en cours.
Dans le même cadre, la directrice générale du commerce s’est plainte du nombre réduit des membres de l’équipe qui travaille sur de tels dossiers, en appelant à la renforcer, mais aussi à multiplier les formations sur ces questions. Pour elle, de telles formations doivent profiter également au secteur privé, aux avocats et aux magistrats, et intégrer les hautes sphères du lobbying sur le plan international de manière à créer un collectif de défense en la matière.
Le représentant de l’administration des douanes, Chafik Essalouh (directeur des études et de la coopération internationale), a quant à lui évoqué l’impact fiscal des ALE, notant que ces accords sont estimés, en 2018, à 167 milliards de dirhams, soit 35% des importations globales du Royaume qui sont de l’ordre de 480 milliards de DH. «Rapportés aux importations taxables seulement, ces accords représentent 49%», a-t-il précisé. Par ailleurs, il a relevé que les droits d’importation perçus, au titre de l’année 2018, se sont élevés à 9,5 milliards de DH, notant que si les 167 milliards de DH des ALE avaient été soumis au régime de droit commun, ils auraient rapporté pratiquement 19 milliards de DH de plus.
Les représentants des différents secteurs d’activité ont, par ailleurs, insisté sur l’importance de faire le point sur ces accords et de soutenir les secteurs en crise face au dynamisme des opérateurs, notamment venant de pays avec lesquels le Maroc a un ALE. Ainsi, le président de l’Association marocaine des industries de textile et de l’habillement (Amith), Karim Tazi, a affirmé que «le problème n’est pas dans la politique d’ouverture ni dans les ALE eux-mêmes, mais plutôt dans la capacité à gérer et à déceler s’il y a des tricheurs et des pratiques illicites. Nous avons étudié tous les business models existants et aucun n’est viable ni ne peut résister à la concurrence déloyale, au dumping et à la contrebande», a-t-il déclaré. Portant la voix du secteur de l’agroalimentaire, Mohammed Fikrat a souligné pour sa part qu’il faut insister sur l’industrie durable en appelant à prendre en compte deux S. Le premier est la solidarité entre les entreprises locales du secteur et aussi l’acheteur marocain. Le deuxième S consiste en la synergie, à travers une attitude bienveillante entre le secteur public et le secteur privé. 

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