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«la visite du Pape François au Maroc, après celle de Jean-Paul II en 1985, revêt une grande importance qui aura des retombées considérables pour le dialogue entre Chrétiens et Musulmans»

«la visite du Pape François au Maroc, après celle de Jean-Paul II en 1985, revêt une grande importance qui aura des retombées considérables pour le dialogue entre Chrétiens et Musulmans»
Ph Saouri

Le Matin : «Jésus, une grande figure biblique du Coran». Pourquoi le choix d’une telle thématique ?
Rachid Lazrak
: Jésus fait partie des personnages bibliques qui sont cités dans le Coran au même titre qu’Abraham, Moïse, Zacharie (Zakaria) ou Jean (Yahia). C’est une grande figure dans la mesure où le Coran en fait un être exceptionnel : il y est cité 35 fois, 27 fois par son nom (Issa) et 8 fois comme le Messie (Al Massih). Quant à sa mère Marie, elle est plus souvent citée dans le Coran que dans l’ensemble du Nouveau Testament, soit 34 fois, contre seulement 19 fois dans les Évangiles et les Actes des Apôtres. Dans le Coran, Jésus est qualifié de «Souffle de Dieu», d’«Esprit de Dieu», de Sa «Parole» (Sa Kalima). Dieu lui a donné les Preuves (Al Baïnats) et lui a conféré un énorme privilège, en le qualifiant de «Wajih» en ce monde et dans l’au-delà, ce qui implique la valeur de Sainteté et le pouvoir de l’intercession. Le Coran le cite au nombre des «plus proches» et des «intimes de Dieu».

Juriste de formation, qu’est-ce qui a motivé votre grand intérêt pour la question religieuse et notamment pour le dialogue interreligieux ?
C’est vrai, je suis juriste de formation, mais j’ai une grande passion pour l’histoire des religions. Lecteur assidu du Coran, j’ai toujours été impressionné par la place de choix qui y est réservée à Jésus, ainsi qu’à sa mère, dans le livre sacré de l’Islam. Ce sentiment m’a poussé à consulter les Évangiles et à faire des comparaisons avec le Coran, ainsi qu’avec d’autres écrits concernant Jésus. Cette démarche m’a permis de tirer un certain nombre de conclusions qui allaient constituer le pourquoi et le comment de ce livre.
Le pourquoi, c’est avant tout la constatation de la méconnaissance d’une grande partie des penseurs du monde occidental du Coran et de la place qui y est réservée à Jésus et à sa mère dans ce livre. De même, j’ai constaté que de nombreux musulmans ne connaissaient pas le statut et l’histoire exceptionnels de Jésus, tels que rapportés par les Évangiles et confirmés par le Coran. Cette situation a créé et continue à créer de nombreuses incompréhensions et de grands malentendus entre le monde occidental et le monde musulman. En écrivant ce livre, j’émets le vœu de refonder les liens entre les deux communautés, chrétienne et musulmane, à travers la figure universelle de Jésus.
Vous dites dans votre livre que la personne de Jésus «fascine et intrigue». Que pouvez-vous nous dire de plus sur ce sujet ?
Depuis mon jeune âge, j’ai été fasciné et intrigué par la personne de Jésus. Rien le concernant ne semble relever de l’ordinaire : les conditions de sa naissance, de sa vie et de sa mort. Son identité reste un mystère pour de nombreux historiens qui veulent se cantonner aux faits historiques, écartant toute référence théologique. Pour la plupart d’entre eux, Jésus reste une énigme, un ensemble de questions et peu de réponses. Or ce qui est extraordinaire, c’est que le Coran contribue de toute évidence à résoudre certains aspects de cette énigme.

La parution de votre ouvrage coïncide avec la visite du Pape François au Maroc. Quel regard portez-vous sur cette visite et quelles seront, à votre avis, ses retombées sur la coexistence et le vivre ensemble aussi bien au Maroc qu’ailleurs ?
Pour moi, la visite du Pape François au Maroc, après celle de Jean-Paul II en 1985, revêt une grande importance qui aura des retombées considérables pour le dialogue entre chrétiens et musulmans. Il s’agit de la rencontre de deux Chefs, le Commandeur des croyants (Amir Al Mouminine) et le Chef de l’Église catholique, qui ont les mêmes objectifs et les mêmes préoccupations : lutter contre les extrémismes de tous bords, instaurer le dialogue interreligieux fondé sur le respect de l’autre et militer pour alléger les souffrances des plus démunis, notamment ceux qui ont été obligés de quitter leur pays pour chercher une vie meilleure. n

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