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La Zone de libre-échange continentale africaine s’invite au cœur des débats

La Zone de libre-échange continentale africaine a été un sujet récurrent lors des débats organisés depuis mercredi à Tanger dans le cadre du Forum MEDays. Reconnaissant l’intérêt d’un marché africain commun, les participants ont aussi décortiqué les difficultés auxquelles pourrait face cet espace économique ainsi que les désavantages que pourraient subir les pays membres.

La Zone de libre-échange continentale africaine s’invite au cœur des débats

La cérémonie de clôture du Forum MEDays prévue ce samedi 16 novembre sera marquée par l’adoption de la «déclaration de Tanger». Un Document rédigé sous forme de recommandations dont l’objectif sera de répondre aux nombreux défis soulevés et qui sont d’ordre politique, économique et sécuritaire en relation avec les idées évoquées lors des quatre jours de débats qu’a duré le Forum. Ainsi, il est attendu qu’une grande partie de cette déclaration porte sur l’unité de l’Afrique, notamment à travers la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA).

En effet, c’est un sujet qui a été beaucoup discuté lors des échanges et ateliers qui étaient au menu des MEDays 2019. D’ailleurs, lors d’une de ces séances, les participants ont mis en avant les atouts ainsi que les obstacles et les défis auxquels le continent doit faire face en relation avec cette nouvelle initiative. «Zone de Libre-échange continentale : un marché africain ou des marchés africains ?» est l’une des questions qui ont été soulevées dans ce sens et qui ont permis à d’éminents spécialistes et décideurs d’émettre leurs points de vue à ce propos.

L’ancien secrétaire général et la Commission économique pour l’Afrique-ONU, Carlos Lopes, a considéré ainsi que la ZLECA sera un élément d’accélération de l’industrialisation en Afrique. Cependant, il a considéré que malheureusement le système économique international, tel qu’il fonctionne actuellement, ne favorisait pas l’Afrique. «Mais le plus important est que les Africains entrent dans ce jeu économique international, même s’il est désavantageux. Car ils peuvent l’utiliser en leur faveur», a-t-il analysé.

Le directeur général adjoint de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Yoanov Frederick Agah, a attiré l’attention sur un certain nombre d’anomalies auxquelles doit faire face la ZLECA. Ainsi, il a posé la question de savoir comment ce nouvel espace économique pourra être bénéfique à tous les pays africains et comment chaque pays pourra s’intégrer dans cet accord. «Il faut travailler en se basant sur les zones d’échange économique déjà existantes pour tabler sur les synergies. Mais quand on observe le grand nombre de communautés économiques et le grand nombre de régimes économiques, on se demande comment on pourrait en faire un cadre pour les PME et autres opérateurs. Chaque pays devrait faire évoluer sa stratégie pour pouvoir en bénéficier», estime-t-il.

De son côté, le principal conseiller stratégique du président de la Commission de l’Union africaine, Mohamed El Hacen Lebatt, en réaction à cette problématique de l’existence de différentes communautés économiques en Afrique, a défendu l’idée d’avoir un seul interlocuteur, l’Union africaine. Il appelle ainsi à cesser d’engager des négociations stratégiques avec les entités régionales.

Pierre Jacquemot, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques, a rappelé l’existence en Afrique de quelque 300 institutions et communautés économiques, dont huit sont les plus importantes. Selon lui, s’il devait être le secrétaire général de la ZLECA, il s’alignerait «sur les communautés qui marchent le mieux, comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et d’autres…» et appuierait «celles qui ne marchent pas, comme le Maghreb», a-t-il déclaré. Ainsi, il pense que ce nouvel espace économique va profiter à «cinq gagnants» et qu’il y aura beaucoup de perdants. C’est pourquoi il propose de créer des mécanismes de solidarité. Il a beaucoup insisté sur les corridors qui existent en Afrique, mais qui doivent être renforcés pour aider au développement des structures de désenclavement. L’exemple type qu’il a donné est le corridor créé autour du gazoduc Nigeria-Maroc. Une autre problématique qu’il a suscitée est celle de savoir comment faire face aux pertes des droits douaniers après l’entrée en vigueur de la ZLECA. Selon lui, les pays devront modifier leur fiscalité.

e son côté, l’ancien vice-président de la Banque africaine de développement (BAD), Aloysius Ordu, s’est demandé si dans le contexte actuel il va y avoir beaucoup de marchés africains ou un seul, la ZLECA. Sa réponse a été plutôt nuancée. En effet, il a admis que certainement cela offrait les avantages d’un grand marché. Or il considère aussi que les communautés économiques sont un fait. De même, il soutient que dans l’état actuel des choses, marqué par l’absence de connexions entre les différents pays africains, «on ne peut pas parler de marché unique. Donc on a raison de dire qu’il s’agira de marchés multiples». 

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