Abderrahmane El Youssoufi, figure de proue de la transition démocratique au Maroc, est décédé

L’ancien Premier ministre, Abderrahmane El Youssoufi, nous a quittés dans la nuit de jeudi à vendredi à Casablanca, à l’âge de 96 ans. Figure de proue de la transition démocratique au Maroc et un des architectes de l’alternance, le défunt fut membre du secrétariat général de l’Union nationale des forces populaires, qui va devenir en 1975 l’Union socialiste des forces populaires (USFP), et rédacteur en chef de son organe «Attahrir» entre 1959 et 1965. En 1965, année de la disparition de son camarade et compagnon de route, Mehdi Ben Barka, Abderrahmane Youssoufi s’exile en France. Dix ans après, soit en 1975, il sera condamné par contumace à la peine capitale par un tribunal marocain. L’USFP le nomme alors comme délégué permanent en France. Ce n’est qu’en 1980 que l’homme rentre au pays après la grâce qui lui a été accordée. Aux côtés de feu Abderrahim Bouabid, secrétaire général du parti, il s’affirme en tant que l’un des leaders incontestés du mouvement socialiste au Maroc. Il prendra d’ailleurs la relève à la tête de l’USFP suite au décès de Abderrahim Bouabid en 1992. Homme de principes, il affichera clairement son refus des résultats des législatives de 1993. En signe de protestation, il quitte de nouveau le Maroc pour s’installer en France. Sous la pression de ses camarades du parti, il rentre au Maroc en 1995 pour reprendre les commandes due l’USFP.

Le 4 février 1998, Feu S.M. le Roi Hassan II le charge de former le gouvernement d’alternance qu’il présentera au Souverain le 14 mars de la même année. S.M. le Roi Mohammed VI lui accorde sa confiance en le maintenant à la tête du gouvernement après le décès de S.M. le Roi Hassan II. Le Souverain lui rendra d’ailleurs un hommage remarquable avant qu’il ne soit reconduit dans ses fonctions de Premier ministre dans le gouvernement formé le 6 septembre 2000.

En 2016, Sa Majesté le Roi Mohammed VI avait inauguré à Tanger une avenue portant le nom du défunt, en hommage à son patriotisme et aux valeurs d’intégrité et d’altruisme qu’il a toujours incarnées. Un hommage qui allait se renouveler en 2019. Le Souverain, Chef suprême et Chef d’État-major général des FAR, présidant à Tétouan la cérémonie de prestation de serment de 1.839 officiers lauréats des différents instituts et écoles militaires et paramilitaires et officiers issus des rangs, dont 283 officiers femmes, avait baptisé cette promotion du nom de défunt, en hommage à ses principes immuables de patriotisme, d’attachement aux symboles sacrés de la Nation et à l’intégrité territoriale du Royaume. Natif de Tanger le 8 mars 1924, feu Abderrahmane El Youssoufi avait fêté ses 95 ans l’année dernière. Accompagné de son épouse Hélène, un vibrant hommage lui avait été rendu par des personnalités politiques et du monde des affaires.