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Jeudi 16 Mai 2024
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Saâd Chraïbi : «Nous savons depuis toujours que le secteur culturel et artistique ne constitue pas une priorité pour l’État»

Le confinement sanitaire, lancé pour lutter contre la propagation du Covid-19, a changé le quotidien de beaucoup de gens, notamment ceux dont l’activité s’est complètement arrêtée, comme le secteur culturel et artistique. Le réalisateur et producteur Saâd Chraïbi, qui en fait partie, nous raconte le nouvel emploi du temps durant ses journée de confinement.

Saâd Chraïbi : «Nous savons depuis toujours que le secteur culturel et artistique ne constitue pas une priorité pour l’État»
Saâd Chraïbi.

Comment vivez-vous cette période de confinement sanitaire où toutes les activités se sont arrêtées ?
Comme la moitié des habitants de la planète, je constate et m’informe sur l’ampleur sans précédent de cette pandémie. Mais je reste serein en me disant que le monde de demain a des chances d’être meilleur.

Quels sont les changements opérés dans votre vie quotidienne ?
Curieusement, cette pandémie a opéré des changements positifs sur mon quotidien. Cela me donne l’occasion de remettre en question mon rythme de vie d’avant, qui était très actif, et d’entamer une période de réflexion en me posant des questions comme : Qu’est-ce que l’essentiel ? De quoi avons-nous le plus besoin pour mieux vivre ? Agir ou réfléchir ? Autant de questions que le rythme d’avant ne permettait pas de poser.

Arrivez-vous à travailler en ce moment ?
Oui, beaucoup. J’organise mes journées de façon plus ordonnée. Le matin très tôt j’écris, puis je marche. L’après-midi je lis et je regarde les informations sur plusieurs chaînes d’information dans le monde. Le soir je regarde un film. Tout cela me permet de mieux organiser mes journées et d’en faire un déroulé plus instructif, plus attractif et plus inspirant.

Est-ce que cette période vous a inspiré un quelconque scénario ?
Tout à fait. Je suis en pleine écriture d’un nouveau scénario… Et qui n’a rien à voir avec le sujet du virus ou du confinement.  Au contraire, cette période particulière m’a inspiré un sujet sur la joie de vivre. Sujet que j’avais envie de réaliser depuis longtemps. Maintenant, les conditions le justifient encore plus.

Beaucoup de gens qui travaillent dans le secteur du cinéma se sont retrouvés au chômage au lendemain de l’annonce du confinement ?
Contrairement aux personnes qui travaillent dans d’autres domaines et qui ont pu être prises en charge, même partiellement par les aides de l’État, celles des secteurs culturels, artistiques et cinématographiques se retrouvent plus démunies, à cause du manque d’organisation et de la fragilité du secteur. Nous savons depuis toujours que ce secteur ne constitue pas une priorité pour l’État. Il y a beaucoup de beaux discours, mais son soutien concret manque cruellement.

 Y a-t-il des initiatives pour aider les personnes travaillant dans le secteur à subvenir à leurs besoins ?
 Malheureusement, ces initiatives ne sont venues que d’actions individuelles ici et là. Et pas de façon structurée. Il appartient au ministère de tutelle, non seulement de trouver des solutions ponctuelles à ceux qui sont dans le besoin, mais surtout de réviser toute la politique sociale des artistes qui se trouvent dans des situations de précarité sur le long terme. Il faut mettre en place des mécanismes qui poussent ces artistes à abandonner le travail informel pour s’inscrire dans des structures qui leur permettent d’assurer leur avenir et par là préserver leur dignité.

Quel est votre message à tous les Marocains pour lutter contre la propagation du Covid-19 ?
Les Marocains, par leur comportement, sont en train de démontrer, globalement, un élan de maturité et de solidarité exemplaire. J’espère que ces valeurs vont perdurer après cette période et que nous tous Marocains pourrons arriver à les maintenir et les développer. J’espère aussi que cette leçon d’histoire nous apprendra qu’en lieu et place de privilégier l’individu, il faut remplacer nos ego et notre individualisme par une réflexion et des agissements qui priorisent la communauté et que ceux qui ont des moyens en abondance puissent penser et agir en faveur des démunis. 

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