Le fondateur et président du Festival de Malmö, le réalisateur Mohamed Qablawi, s’est dit très content d’ouvrir le festival avec la projection du film «Adam», en précisant que «pendant cette année où le monde entier souffre d’une pandémie qui menace toute l’industrie culturelle et artistique, nous sommes fiers que le Festival de Malmö soit lancé par un film qui reflète l’évolution que connaît le cinéma arabe, en particulier celui fait par des femmes. Car le pourcentage de films réalisés par des femmes est plus élevé dans le monde arabe que dans la plupart des autres régions du monde. La réalisatrice Maryam Touzani a gagné l’admiration de tout le monde partout où son film a été montré, et nous sommes convaincus que ce sera aussi le cas pour les cinéphiles de Malmö».
En effet, depuis sa première sortie au Brésil, puis à Cannes dans la compétition «Un certain regard», ainsi que dans d’autres grands festivals, comme le Festival international du film à Marrakech où il a été projeté dans le cadre des Séances spéciales, le film «Adam» de Maryam Touzani n’a cessé d’impressionner le public. Il a même remporté plusieurs prix, dont des prix de photographie et de montage aux Journées cinématographiques de Carthage, puis l’Étoile de bronze au Festival El Gouna, ainsi que le prix du jury local au Palm Springs Festival.
L’intérêt porté à ce film revient en premier lieu à sa thématique qui aborde la problématique de la jeune mère célibataire. Un sujet assez épineux de la société qu’est la mère célibataire, comme l’affirme la réalisatrice, dans le but de parler de choses qui la touchent, des histoires qui l’ont bouleversée et qu’elle décide de raconter à travers le cinéma. Avec «Adam», Maryam a trouvé, dit-elle, ce bel équilibre entre l’écriture d’un scénario, l’histoire imaginée et le fait de la mettre en images. «Je suis fière que mon film soit choisi pour l’ouverture du Festival de Malmö, sachant que ce festival est réputé pour sa sélection riche et délicate de films. Il a prouvé sa valeur en tant que fenêtre majeure ouverte sur le monde arabe, en donnant de l’espace aux différentes voix et en supprimant les frontières qui nous séparent», indique Maryam Touzani, dont le film a, depuis sa sortie, lancé des discussions et des débats autour des deux actrices principales, Nisrin Erradi et Lubna Azabal, qui ont beaucoup de talent. Deux rôles qui, selon Maryam, ont pris du temps dans la préparation du film.
«On a pris tout notre temps pour travailler avec elles sur la vérité de leurs personnages réciproques sur le terrain. Nisrine, en côtoyant les jeunes mères célibataires pour comprendre qui elles sont réellement. Pour Azybal, on a passé beaucoup de temps à la Médina de Casa pour qu’elle puisse s’inspirer de ces femmes qui font lamssemen et rziza. Et ce pour que le personnage ne soit pas uniquement un jeu, mais qu’il ait des aspects de vérité. Il y a eu énormément de rencontres, de conversations entre nous pour comprendre le personnage tel qu’il est dans la vie. J’avais envie de donner une place et une voix à ces deux personnages et peut-être contribuer à changer le regard de l’autre à l’égard de ces femmes». Car pour Touzani, le cinéma peut faire ressentir certaines choses d’une autre manière. Sachant que beaucoup de choses passent par le changement de perception, et le changement de perception passe d’abords par l’émotion, précise-t-elle.
Synopsis
Abla s’isole du monde extérieur pour pleurer la perte de son mari récemment disparu, tout en continuant à subvenir aux besoins de sa fille Warda, grâce à la vente de pâtisseries confectionnées chez elle, dans la médina de Casablanca. Lorsqu’elle croise Samia, aux derniers mois de grossesse et somnolant dans l’embrasure d’une porte, elle prend pitié de la jeune femme et décide de l’amener chez elle. Craignant d’être stigmatisée dans son village, Samia a pris la fuite lorsque l’homme qui lui avait promis le mariage l’a abandonnée. Peu à peu, les deux femmes apprennent à vivre ensemble et à se faire confiance, réussissant à se libérer progressivement de leurs douleurs et de leurs dénis.
Fiche technique
Réalisation : Maryam Touzani
Production : Nabil Ayouch (Maroc-France-Belgique-Qatar)
Scénario : Maryam Touzani et Nabil Ayouch
Image : Virginie Surdej
Montage : Julie Naas
Direction artistique : Pilar Peredo