Ahlam Lemseffer «Restons chez nous pour ne pas servir de moyen de transport à ce virus»

Alors que beaucoup de gens se sentent prisonniers dans leurs foyers, Ahlam considère ce confinement comme une période exceptionnelle et une opportunité pour se remettre en question.  «C’est un don du ciel pour faire une pause, mettre les réacteurs au point mort et regarder autour de soi et à l’intérieur de soi. Tout l’univers avait besoin de ces moments de répit et de remise en question». En effet, le stress du quotidien a transformé les gens en machines qui ne pensent plus aux choses très simples, mais qui importantes pour la joie de vivre. «Nous avions oublié l’essentiel et nous sommes restés attachés à la course effrénée au profit, parfois même les futilités de la vie», indique Ahlam, sans oublier de mentionner le danger de ce désastre de la pandémie que nous devons gérer, avec conscience, pour en limiter les effets dévastateurs, surtout le climat de psychose générale qui s’est installé partout. Pour cela, Ahlam Lemseffer insiste sur le fait de respecter les instructions du ministère de la Santé et des autorités afin de minimiser les dégâts. «Nous ne répéterons jamais assez que la meilleure façon d’arrêter la propagation de ce virus est de rester chez soi, de ne pas lui servir de moyen de transport. Il est plus sage de patienter pour évacuer ce mal le plus rapidement possible et retrouver dans la sécurité, nos proches, familles et amis. Il y a une multitude de choses à faire avec tout le temps dont nous disposons en cette période : on apprend à être créatif, à prendre le temps de faire ce qui est proche de nos valeurs et de nos priorités». Car ces consignes sont, en effet, les seules armes que nous possédons pour le moment. «Pour ma part, depuis le début,  je suis confinée dans mon atelier. Je travaille avec beaucoup de concentration, mais inconsciemment, les conditions actuelles influencent le rendu de mes œuvres. Comme c’est souvent le cas avec les situations extérieures qui déteignent sur mon travail. Ce climat que nous vivons se reflète dans certaines de mes toiles pendant cette période de confinement, sans pour autant marquer une rupture. Je reste toujours  dans la continuité de mon travail», précise Ahlam, dont cette trêve à la maison a donné lieu pour elle à des moments de réflexion et de méditation qui lui ont permis de tirer plusieurs leçons de cette situation, notamment, selon elle, «la reconnaissance des vraies valeurs que nous avons perdues, les priorités à respecter en accord avec nos convictions profondes, le bonheur simple qui est devant nous et qu’on n’aperçoit pas, la solidarité qui avait, malheureusement, disparu et que nous retrouvons petit à petit, actuellement. Tout cela pour avoir une paix intérieure, avec nous-mêmes et avec les autres».