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Al Mawlid Annabaoui, la spiritualité avant tout !

À l’instar de plusieurs pays musulmans, le Maroc commémore ce jeudi 29 octobre la fête du Mawlid qui marque la naissance du Prophète. Même si cette célébration préserve tout son sens dans le cœur des musulmans, elle ne sera certainement pas identique aux précédentes en termes de traditions et habitudes. En effet, en pleine pandémie et alors que la situation épidémiologique inquiète de plus en plus, pas question d’organiser des visites familiales, des festivités publiques, ni même le célèbre mawkib choumouâ de Salé… Autant de pratiques à oublier cette année, mais la spiritualité de l’événement est, elle, intemporelle.

Al Mawlid Annabaoui, la spiritualité avant tout !
Ph. Shutterstock

Al Mawlid Annabaoui. Une célébration riche en symboles et pleine de sens. Une fête pour célébrer la naissance du Prophète qui est venu au monde la nuit du 11e au 12e jour du mois Rabiî I, le troisième mois du calendrier de l’hégire. C’est aussi une occasion pour revisiter ses enseignements, une bougie qui éclaire le chemin de chaque génération. Cet événement ne date pas d’aujourd’hui. Il remonte, selon les historiens, au 7e siècle. 
D’après le savant Ibn Battouta, la célébration du Mawlid était déjà perceptible à La Mecque au 8e siècle. Dans son ouvrage «Rihlat», il indique qu’«après la prière, chaque vendredi, de même que le jour de la naissance du Prophète, la porte de la Kaâba est ouverte par le chef des Banou Chayba, les gardiens de la Kaâba, et que le jour du Mawlid, le qadi ou juge suprême Chafii de La Mecque, Najmouddin Mouammad Ibn al-Imam Mouhyiddin at-Tabari, distribue de la nourriture aux chourafa’ (descendants du Prophète) ainsi qu’à tous les gens de La Mecque.»
Toutefois, de nombreux historiens accordent la paternité de l’événement à la dynastie des Fatimides, ceux qui se revendiquent descendants de Fatima, la fille du Prophète. Elle aurait institué le Mawlid à l’an 362 de l’hégire, lors de leur présence en Afrique du Nord, de 909 à 972. Les Fatimides allaient être imités sept siècles plus tard en Irak (1207), par le soufi kurde Omar Ibn Mohammed. 
Cette grande fête a été officiellement introduite au Maroc en 1292, par l’entremise du sultan mérinide Abu Yaqubn An-Nasr. Dans le Royaume, la célébration du Mawlid revêt un cachet multidimensionnel. Elle est surtout marquée par l’organisation de manifestations religieuses telles que la lecture du Saint Coran dans les mosquées, la récitation des chapitres de la «Bourda» un poème panégyrique de Mohammed ibn Saïd al-Bousiri sur le prophète, et les séances de prières dans les zaouïas, comme celles de Fès, Meknès et Oujda. 
Mais, crise sanitaire oblige, Aïd Al Mawlid de cette année sera plus spirituel et une occasion aussi pour prier Dieu de sauver l’humanité de ce virus qui perturbe la vie sur terre. 


À chaque ville, son repas 

Le Mawlid, une opportunité pour «alimenter son âme», une occasion également pour goûter aux saveurs culinaires. Au Maroc, la fête rime avec la cuisson de mets bien particuliers. À chaque ville, son repas. À Tanger par exemple, c’est la «caliente», qui signifie «chaud» en espagnol, qui est à l’honneur au petit déjeuner. C’est un plat préparé à base de farine, de pois chiches, d’huile, d’eau et de sel. Au déjeuner, on retrouve notamment le poulet au citron. D’autres odeurs se dégagent dans les chaumières de Fès. Dans la ville spirituelle, c’est la célèbre «Laâssida» qui orne la table du petit déjeuner. C’est une soupe à base de semoule mélangée avec du miel. Au déjeuner, c’est le poulet garni de citrouille caramélisée qui est au menu. À Casablanca et Rabat, l’art culinaire épouse d’autres facettes. Au f’tour, on retrouve du «msemen» des crêpes à la marocaine, du «baghrir», et le «krachel», un pain spécial Mawlid. Les plats de couscous et de Tajine de viande aux prunes et amandes composent le repas du déjeuner. À Salé, le cachet populaire transparait à travers le «Moussem des cierges». Cette manifestation organisée depuis le 16e siècle est notamment marquée par le défilé de Slaouis transportant des cierges fabriqués chaque année par une seule et même famille. Des Marocains d’autres villes et des touristes étrangers effectuent le déplacement pour observer cette ambiance.


De l’amour pour le Prophète : Sidna Mohammed, éblouissante lumière

Les musulmans commémorent l’un des jours les plus éblouissants de l’humanité : celui de la naissance du Prophète Sidna Mohammed, lumière des mondes.
Aïd Al Mawlid, éclosion du jour le plus éblouissant, du Fajr au Chourouk, l’aurore la plus resplendissante, la plus pure, qui répand son éclat sur le monde et dans les cœurs des aimants comme un flot de cristaux d’un astre de diamant né de la fusion de la lune et du soleil, dont la substance est lumière sur lumière, nour ‘ala nour. La naissance de Sidna Mohammad, Prière et Paix divines sur lui, l’ultime prophète porteur du message divin complet, le flambeau de la Vérité, de l’unicité, de la connaissance, de l’humanisme et de la justice, le sauveur des hommes des ténèbres et leur guide vers la lumière.
Il fut envoyé par Allah pour tous les mondes, pour l’Humanité : «Et Nous ne t’avons envoyé que comme miséricorde pour les mondes» (sourate Al Anbiya n°21 verset 107). 
Toute sa vie terrestre durant, de sa naissance à son retour auprès du Très Haut, Sidna Mohammad a irradié, de sa personne, de tous ses passages cette lumière céleste. Tous les sols qu’il a foulés, tous les lieux qui ont abrité ou accueillis sa sainte présence continuent, après des siècles et pour l’éternité, de briller de cette lumière. La prière sur le Prophète, sur sa famille et ses compagnons, est une source somptueuse de lumière. Cette même lumière qui éclaire les croyants sur la voie de Dieu. Car c’est la prière sur le Prophète qui rapproche véritablement de Dieu : «Certes, Allah et Ses Anges prient sur le Prophète ; ô vous qui croyez priez sur lui et adressez [lui] vos salutations.» (Al Ahzab - Verset 56)
N’est-ce pas grâce au Messager d’Allah que le croyant a eu accès au noble message divin, l’Islam ? N’est-ce pas Sidna Mohammad qui a illustré le modèle vivant et idéal auquel tout musulman doit chercher à tendre ? N’est-ce pas lui, encore, qui nous a enseigné la pratique islamique dans tous ses détails, lui qui nous a aiguillés dans l’analyse, sous l’angle de l’Islam, de diverses situations pouvant se présenter dans la communauté ? N’est-ce pas lui qui a incité à la recherche du savoir, à l’ijtihad, ou à déployer la Raison et la logique par la lumière de la foi ? Lui qui nous a appris à parfaire nos âmes, qui nous a recommandé la tolérance, l’amour entre les êtres humains, l’amour pour le Prophète, l’amour pour Dieu ? L’amour de Dieu pour lui n’a pas d’égal, comme n’a pas d’équivalent l’amour du Prophète pour son Créateur. C’est pourquoi les prières sur Sidna Mohammad doivent être infinies. Elles découlent naturellement du grand amour voué au Prophète.


Ils témoignent

Hicham, père de famille​

«Ce n’est un secret pour personne : Aïd Al Mawlid Annabaoui revêt un caractère particulier au Maroc. Une fête qui réunit, à l’instar des autres fêtes religieuses, tous les membres de la famille grands et petits autour d’un festin généralement composé de plats et gâteaux traditionnels –R’ghaif, Baghrir, Harcha… – préparés généralement par nos mères. Tout le monde se sentait heureux d’avoir retrouvé une ambiance familiale chaleureuse dans un environnement festif. La situation sanitaire actuelle au Maroc et dans le monde entier en raison de la pandémie du nouveau coronavirus a tout remis en question en bouleversant nos coutumes. D’habitude, je passe cette fête avec mes parents installés à Rabat, mais la situation m’oblige à rester chez moi et le célébrer tranquillement en petite famille. C’est très dur d’être loin d’eux. L’alternative pour moi est de communiquer avec eux via WhatsApp. C’est différent. Mais je me console en me disant que leur santé prime. Et c’est l’essentiel.» 


«Je n’ai jamais vécu une année aussi stressante que celle-là. D’habitude à l’approche de l’Aïd Al Mawlid, j’accompagne mes deux enfants pour leur acheter des vêtements neufs. Ce qui n’est pas le cas cette année 2020 en raison de la pandémie qui m’a privée de mon travail. J’ai beau économiser pour faire plaisir à mes mômes, mais le portemonnaie finit par se vider. Nos ressources doivent être affectées à d’autres priorités beaucoup plus importantes. Pour ne rien vous cacher, on est en plein crise, cette année, cet événement ne va pas passer inaperçu avec la préparation de quelques plats traditionnels pour ne pas se priver de tous. J’implore Dieu le Tout-Puissant de nous accorder force et santé pour dépasser cette crise.»


«Pendant cette journée exceptionnelle, nous organisons – je parle de ma grande famille – un programme et chacun s’occupe d’une tâche et d’un mets traditionnel à préparer. L’occasion de nous réunir sous un même toit dans la joie ! Je regrette vivement ce moment, mais la situation sanitaire nous oblige à nous conformer aux mesures préventives prises pour faire face à la situation exceptionnelle. Notre devoir à tous est de minimiser les rassemblements. J’espère que demain sera meilleur et que les prochaines fêtes nous nous trouverons en bonne santé pour renouer avec nos habitudes et coutumes auxquelles nous tenons beaucoup.»

 

Najat Mouhssine & Souad Badri

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