Les changements climatiques et les effets de la sécheresse que connaît le Maroc ont eu une incidence néfaste sur les zones humides : plusieurs se sont asséchées et bien d’autres ont vu leur niveau d’eau baisser de façon alarmante. À ces conditions climatiques défavorables s’ajoutent les activités de l’Homme et l’utilisation irrationnelle de la ressource en eau de ces écosystèmes, encouragée par le fameux «Plan Maroc vert» qui ne tient pas compte de la donne environnementale en montagne et qui ne fait qu’accentuer ce phénomène de sécheresse et d’assèchement des zones humides, notamment dans la région du Moyen Atlas.
Pacte écologique
«La disparition de ces haltes migratoires augmente inéluctablement le risque de mortalité. Nous appelons à la nécessité de la préservation des zones humides marocaines et des lacs du Moyen Atlas comme levier de développement local et comme réservoir de biodiversité. Une gouvernance efficiente en faveur des ces écosystèmes, en fédérant les efforts de toutes les parties prenantes, est le gage de leur protection», a-t-elle conclu. Pour sa part, Abdellah Bouzid, ingénieur agronome retraité et connaisseur de la région du Moyen Atlas et de la province d’Ifrane, explique que ces dernières années, «nous assistons malheureusement à un assèchement considérable de nos ressources en eau (dayat et cours d’eau). Une situation qui est devenue insupportable et qui conduira inévitablement à une perte irréversible et définitive de notre écosystème forestier du Moyen Atlas».Selon lui, on ne peut imputer cette situation désastreuse aux seuls effets du changement climatique, mais plutôt et aussi à une action de l’Homme : son exploitation irrationnelle de l’eau dans cette région où les terrains, jadis destinés aux cultures, étaient dans les plaines de l’Azaghar, tandis que les terrains de parcours d’élevage étaient en montagne dans l’Agdal, avec ses prairies en altitude et ses alpages qui recueillent l’eau de la fonte des neiges, constituant ainsi les meilleurs pâturages d’été quand la sécheresse a brulé les parcours de la plaine. Selon notre interlocuteur, de nos jours, on assiste à une invasion colossale par une surexploitation agricole abusive qui a conduit, d’une façon certaine, à l’assèchement des Dayat tel que Dayet Âoua, Tifounassine et N’Douite dans la région de Timahdite, et la diminution des niveaux des eaux dans d’autres, notamment Aguelmam Sidi Ali et Afenourir, ainsi que la diminution des débits de certains oueds dont quelques-uns sont à sec, tels l’oued Tizguite à Ifrane et les oueds Senoual et Fellat.Pour conclure, Abdellah Bouzid appelle à l’élaboration d’un Pacte écologique dans la région du Moyen Atlas, considéré comme vital pour l’utilisation des ressources en eau dans la région et dans le pays tout entier.De son côté, le guide des espaces naturels et propriétaire d’une ferme d’hôte dans la province d’Ifrane, Abdellah Lahrizi, estime qu’il n’y a pas seulement que la pandémie du coronavirus qui a eu des répercussions négatives sur le secteur du tourisme, mais que cette année 2020 est une année vraiment exceptionnelle sur tous les plans, surtout quand on sait que la province d’Ifrane connaît depuis quelques mois une sécheresse qui a eu des répercussions sur l’agriculture et aussi sur le tourisme. «Cette année, il y a eu un impact très négatif sur les secteurs du tourisme et de l’agriculture, à cause de l’assèchement de plans d’eau, de lacs et de sources, conduisant à des querelles entre les tributs sur l’eau d’irrigation, en plus des annulations de réservations d’hébergement et d’accompagnement touristiques en cascade, surtout quand on sait que le touriste national est adepte des sites autour des lacs, des plans d’eau et le long des cours d’eau qui font grand défaut cette année», a-t-il conclu.Mohammed Drihem
