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Antonio Guterres met en garde contre une crise alimentaire mondiale aggravée par le Covid-19

Antonio Guterres met en garde contre une crise alimentaire mondiale aggravée par le Covid-19

Le Secrétaire général des Nations unies a appelé mardi à agir immédiatement pour éviter une crise alimentaire mondiale aggravée par la crise du Covid-19. Antonio Guterres affirme ainsi que la pandémie constitue une menace pour la sécurité alimentaire et la nutrition, en particulier pour les communautés les plus vulnérables du monde. Car les mesures d’atténuation et la récession mondiale qui s’annonce risquent de perturber le fonctionnement des systèmes alimentaires, ce qui pourrait avoir des conséquences désastreuses.
«Sans action immédiate, nous risquons de nous retrouver dans une situation d’urgence alimentaire mondiale», s’alarme le Chef de l’ONU, déplorant le fait que de trop nombreuses personnes soient déjà confrontées à une crise alimentaire.  «Avant même la pandémie, des centaines de millions de personnes étaient aux prises avec la faim et la malnutrition. Nous sommes également confrontés à une crise climatique et à d’autres problèmes graves liés à notre système alimentaire : le Covid-19 a frappé à un moment où nos systèmes alimentaires étaient déjà éprouvés par les conflits, les catastrophes naturelles et le changement climatique, ainsi que d’autres menaces sans précédent liées à des parasites».
Pour M. Guterres, il est important de se mobiliser rapidement et sans attendre pour sauver des vies et des moyens de subsistance, en intervenant en priorité là où le risque est le plus aigu. «Mais nous devons aussi investir dans l’avenir en remédiant aux insuffisances de nos systèmes alimentaires, insuffisances que la pandémie a cruellement mises au jour. Le monde a besoin de systèmes alimentaires plus durables, plus résistants et plus inclusifs». Pour le SG de l’ONU, la pandémie a mis en évidence notre fragilité, mais aussi l’interdépendance de notre monde. Elle souligne la nécessité de travailler ensemble pour relever les défis mondiaux. «Nous devons nous rassembler dès maintenant pour éviter les pires effets de la pandémie du Covid-19 sur la sécurité alimentaire et la nutrition – et nous pouvons le faire de manière à favoriser la transition verte que nous devons réaliser».
• Pour faire face à ces menaces,   M. Guterres recommande en premier lieu, une mobilisation générale pour sauver des vies et des moyens de subsistance, en intervenant en priorité là où le risque est le plus aigu. Pour cela, les pays devraient, selon lui, désigner les services d’alimentation et de nutrition comme essentiels, tout en mettant en place des protections appropriées pour les travailleurs du secteur alimentaire. Ils doivent aussi veiller à préserver l’aide humanitaire essentielle dont bénéficient les groupes vulnérables en matière d’alimentation, de moyens de subsistance et de nutrition. Il s’agit aussi de maintenir ouverts les couloirs commerciaux et assurer la continuité des chaînes d’approvisionnement agricole.
• En deuxième lieu, le SG de l’ONU insiste sur la nécessité de renforcer les systèmes de protection sociale afin de garantir qu’ils améliorent l’accès à la nourriture et la nutrition des populations. À cet égard, les pays doivent garantir l’accès à des aliments sains et nutritifs, en particulier pour les jeunes enfants, les femmes enceintes et allaitantes, les personnes âgées et les autres groupes à risque. De même, ils doivent, estime-t-il, adapter et étendre les régimes de protection sociale pour qu’ils bénéficient aux groupes à risque sur le plan nutritionnel. M. Guterres insiste surtout sur l’urgence de soutenir les quelque 352 millions d’enfants qui n’ont plus accès aux repas scolaires.
• En troisième lieu, le Chef de l’ONU rappelle l’importance d’investir dans l’avenir et transformer les systèmes alimentaires pour construire un monde plus inclusif et plus durable. Car, pour lui, ces systèmes ne sont pas à la hauteur des attentes, ni de celles de la planète, et  comptent toujours parmi les responsables du changement climatique et de la crise environnementale que subit notre planète.
«Si nos systèmes alimentaires produisent suffisamment de nourriture pour tout le monde, il reste que, chaque année, des centaines de millions de personnes n’ont pas assez à manger. Cette situation, qui était vraie avant la pandémie, restera probablement une réalité quotidienne après le passage de la crise sanitaire actuelle», ajoute-t-il. Cependant, ces systèmes alimentaires recèlent, selon M. Guterres, en eux-mêmes des possibilités de rééquilibrer la relation avec l’environnement naturel et de faire en sorte que tout le monde ait accès à une alimentation saine et nutritive.
«L’accélération de l’investissement dans la transformation des systèmes alimentaires devrait être un pilier de la riposte au Covid-19, avec pour objectif immédiat de maintenir et d’améliorer les moyens de subsistance, tout en préparant un système alimentaire plus inclusif, écologiquement durable et résilient. Les Objectifs de développement durable peuvent servir de feuille de route pour que le monde issu de la reconstruction après la crise soit meilleur. 
À cet égard, il sera indispensable d’agir par le biais des systèmes alimentaires. Le Secrétaire général convoquera en 2021 un sommet consacré aux systèmes alimentaires afin, précisément, de mobiliser la communauté internationale autour d’une action accélérée et collective en faveur des populations et de la planète», conclut-il.

Faits et chiffres

• On s’attend à ce que la pandémie ampute la production économique mondiale de 8.500 milliards de dollars ces deux prochaines années.
• Selon les estimations, quelque 49 millions de personnes pourraient être poussées dans l’extrême pauvreté en 2020, la moitié environ de l’augmentation intervenant dans les pays d’Afrique subsaharienne.
• La nourriture est essentielle à la survie et sa fourniture emploie plus d’un milliard de personnes. Les mesures d’atténuation et de contrôle du Covid-19, de même que la récession économique qui s’annonce, mettent en danger les emplois et les moyens de subsistance de dizaines de millions de personnes, en particulier dans la production primaire, la transformation, les services et la distribution des aliments.
• À chaque point de pourcentage de recul du produit intérieur brut (PIB) mondial correspondent 700.000 enfants supplémentaires souffrant d’un retard de croissance.
• Jusqu’à 80% des personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë sont des agriculteurs, des éleveurs, des pêcheurs et des forestiers. La plupart travaillent dans de petites unités familiales et dans les zones rurales.
• Les femmes représentent en moyenne 43% de la main-d’œuvre agricole dans les pays en développement et, selon les estimations, deux tiers des 600 millions d’éleveurs pauvres dans le monde.
• Parmi les femmes des pays les moins avancés qui se déclarent être économiquement actives, 79% disent tirer de l’agriculture leur principale source de revenus (48% des femmes actives dans le monde).

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